L'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alecso) a organisé les 4 et 5 mars, à l'Institut du monde arabe à Paris, un colloque sur «Al Qods, une cité, une culture, un destin». Ce colloque est venu à point nommé répercuter l'inquiétude qui parcourt le monde arabe, mais aussi nombre d'instances internationales, à propos des menaces contre le patrimoine historique, architectural et urbanistique, sans compter l'insécurité qu'impliquent ces menaces qui planent sur la population et le processus de paix dans la zone. L'initiative de l'Alecso vient donc souligner l'urgence d'aborder, parallèlement à la dénonciation de la colonisation, les retombées de cette colonisation sur les vestiges de la civilisation arabe (islamique et chrétienne) à Al Qods. Dans le discours qu'il a prononcé à l'occasion, M. Mohamed El Aziz Ben Achour, directeur général, a réitéré l'indignation face à l'intégration par Israël de deux sites de Cisjordanie dans la liste du patrimoine israélien. «Fouilles sous l'Esplanade des mosquées, incorporation des sites à une liste israélienne sont l'expression d'une agression culturelle et à caractère identitaire» a dit M. Ben Achour. L'entorse au droit international étant établie à ce propos, l'Alecso, à travers son directeur général, développe une alerte de l'opinion pour prévenir contre un processus d'envergure politique mais qui constitue en plus une véritable menace à l'encontre d'une «Ville trois fois sainte», recelant un patrimoine des trois monothéismes. L'ascension du processus de judaïsation de Al Qods depuis 1967 fut sans doute l'une des raisons pour laquelle Al Qods a été proclamée par l'Alecso et suite à la décision des ministres arabes de la Culture, capitale de la culture arabe pour l'année 2009. Hier Al Qods, aujourd'hui deux sites de Cisjordanie, Al Khalil et Beït Lahm, sont non seulement rattachées à la liste israélienne, mais aussi dépossédées de l'intégrité de leur identité culturelle et historique. D'où le danger de ce projet qui procède, selon M. Ben Achour, par «l'instrumentalisation du sacré par le politique». Et le directeur général de l'Alecso de présumer que cette confiscation du patrimoine à un usage politique de la colonisation, «bloque toute issue vers une paix juste, c'est-à-dire respectueuse de l'identité arabe de la Palestine».