La délégation de Hajeb El Ayoun (35.000 habitants) se trouve à 75 km de Kairouan. Créée en 1956, d'une superficie de 66.000 ha, elle comprend 9 imadats : Essarja, Gouiba, Rhima, Chaouachi, El Gantra, Hdaya, El Hajeb, centre El Ahouaz et Aouled Hajal. 65% de sa population vivent de l'agriculture et de l'élevage. Le secteur agricole est dominé par l'arboriculture (abricotiers, oliviers et amandiers) et par les cultures maraîchères (légumineuses, pommes de terre, piments et oignons). Par ailleurs, beaucoup de campagnards, surtout des localités de Mnassa et d'Essarja, vivent de la confection à domicile de nattes, de couffins, de sacs et de différents bibelots : «Seulement, nous rencontrons des problèmes au niveau de l'écoulement de notre production. Et on attend chaque année l'organisation de festivals et foires afin de pouvoir vendre nos articles et gagner un peu d'argent…», nous dit Hlima Oueslati, 40 ans, dont la famille a une tradition dans la cueillette et la confection de l'alfa. A côté de cela, une jolie petite station thermale, dont l'eau chaude contient du soufre, se trouve à 7 km d'El Hajeb et plus précisément à Hdaya «Hammam Sidi Maâmar». Cette station est surtout conseillée pour le traitement des maladies de la peau. Néanmoins, elle souffre d'un manque d'entretien et mériterait d'être aménagée. En outre, cette délégation fourmille de vergers, d'une pépinière forestière et de nombreuses sources qui dessinent d'innombrables ruisseaux avant de disparaître sous quelques châteaux d'eau. Chômage et manque d'eau Interrogés sur la situation de leur délégation, les jeunes que nous avons rencontrés, dont Samir Sbaï (19 ans), souhaiteraient la promotion des activités de loisirs et de culture, l'amélioration des conditions de vie (eau et électricité insuffisantes dans quelques localités éloignées), l'aménagement des pistes agricoles impraticables à la moindre pluie et la promotion des opportunités d'emploi pour réduire le taux de chômage qui touche aussi bien les diplômés du supérieur que ceux qui n'ont pas eu la chance de terminer leurs études. Plus de 15 km séparent Chaouachi d'El Hajeb-Centre. La piste bordée de cactus est plutôt difficile. De plus, il faisait froid et quelques lambeaux de nuages se profilaient dans un ciel étonnamment bleu. Partout des terres agricoles et forestières, des parcours protégés et plusieurs agglomérations dont les logements sont délabrés et rappellent un autre âge. Des familles des agglomérations de Aouled Tlil et Chaâbania souffrent de soif et souhaiteraient qu'on alimente leurs zones en eau potable d'autant plus que les canalisations sont situées à seulement 1 km, une distance qui ne devrait pas demander beaucoup d'argent ni beaucoup de travaux. Selma, 32 ans, nous parle de sa vie jusque-là engourdie : «La Révolution, c'est d'abord pour nous tous l'adduction de notre localité en eau potable. Entendez aussi construire des usines pour résorber le chômage et améliorer l'état des pistes ! Je sais, aujourd'hui, qu'une autre vie est possible où je ne serais plus cette femme chargée indéfiniment d'aller chercher l'eau et à qui toute distraction, toute culture sont interdites…» Son amie Mahbouba, 28 ans, renchérit : «Notre voix ne porterait pas assez sans radio, sans journaux, sans télévision. Ne pourrait-on pas donner la parole aux gens déshérités qui aiment la Tunisie, à ceux qui n'ont besoin ni de violence ni de chaos…»