CONDOLEANCES : M. Ali FERCHICHI    MEMOIRE : Mohamed BEN KHEDIJA    Italie : Des députés italiens brandissent le drapeau palestinien au sein de l'hémicycle    EST : Derby, le prochain challenge !    Comment choisir le bon écran solaire pour une protection optimale ?    La Tunisie célèbre la journée mondiale sans tabac    Préparatifs estivaux : La Tunisie prête à accueillir ses ressortissants étrangers    Vient de paraître – «Nour» aux éditions Arabesques : La vérité de Selma...    Météo : Des nuages passagers sur la plupart des régions    STEG : Paiement des factures par carte bancaire    Mobilisation estudiantine: L'Université Copenhague va cesser d'investir dans les entreprises de Cisjordanie    STEG: Bientôt, le paiement des factures par carte bancaire    Sotuver : Plus de 170 millions de dinars de chiffre d'affaires en 2023    Limogeage de la secrétaire générale du ministère du Transport    Une grande crise électrique à prévoir en Egypte ?    France – Assemblée Nationale: Un député brandit un drapeau palestinien exclu 15 jours    La blogueuse de Kasserine condamnée à deux mois de prison    Samsung Electronics face à sa première grève historique : Les travailleurs dénoncent la négligence    Démission d'une haute responsable américaine en désaccord avec la politique envers Gaza    Tunisie – Incendie de la fourrière de Bizerte : Arrestation d'un suspect    Tunisie – Mise fin aux fonctions de la secrétaire générale du ministère des transports    Roland Garros : Ons Jabeur affrontera la Colombienne Camila Osorio    Les températures dépassent les 52 degrés au Pakistan    Le Real Madrid sera le dernier club entraîné par Carlo Ancelotti    Changement d'horaire du derby de la capitale    Hyundai Tunisie reçoit le Label "Best PR" lors de la convention régionale de Hyundai MotorCompany à Jakarta    Une coopération tuniso-suisse en matière de protection du climat lancée    Renforcement des liens diplomatiques et économiques : Quatre dirigeants arabes au Forum sino-arabe    Goethe-Institut Tunis lance la 3e édition de Ciné Jnina, des projections en plein air du 2 juin au 14 juillet    Cristiano Ronaldo : Record de 35 buts en une saison    Qui est Tarek Ben Salem, nouveau secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe    Mövenpick Hôtel du Lac Tunis : vernissage de l'exposition "Les Trésors Abyssaux" et nomination du nouveau directeur Eric Vittenet    « Récits d'Argile » à la chapelle Sainte-Monique -IHEC : 1.001 briques, la ville dans tous ses états    Dhikra Mohamed, ressuscitée en hologramme, le 6 juin au Théâtre de la ville de Tunis : Un spectacle qui promet de marquer les esprits    Secousse tellurique enregistrée au large du golfe de Hammamet    Journée de l'Afrique: Hommage à d'illustres figures    Chèque sans provision : la présidence révèle les détails du projet de loi    Artes propose la distribution d'un dividende de 0,4 dinar par action    Report de l'audience sur l'affaire d'apologie du terrorisme impliquant Rached Ghannouchi    Kaïs Saïed reçoit Khaled Nouri et Sofien Ben Sadok    Kaïs Saïed reçoit le journaliste palestinien Wael Dahdouh    Le gouvernement fixe de nouveaux avantages fiscaux pour le FCR    Mövenpick Hôtel du Lac Tunis : cocktail de nomination du nouveau General Manager Eric Vittenet    La situation de la FTF au coeur d'une rencontre entre Kamel Deguiche et une délégation de la Fifa    Ons Jabeur se qualifie au second Tour de Roland Garros 2024    Ce que la Palestine apporte au monde : Une exposition de l'institut du monde arabe à l'IFT Tunis    Ligue des champions – L'EST n'a pas réussi à piéger Al Ahly au Caire : Conformément aux moyens !...    Tunis accueille l'exposition "Ce que la Palestine apporte au monde"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les pasionarias de la Révolution tunisienne
Centième anniversaire de la Journée internationale de la femme
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 03 - 2011

Lorsqu'elle parle, la voix de Lina Ben Mhenni dégage toute la douceur du monde. Derrière cette fragilité apparente, se cache une jeune femme de caractère : 27 ans, athlète à ses heures, enseignante à l'université du 9-Avril. Téméraire et tenace, elle se rend à Sidi Bouzid, le mois de décembre dernier, juste après l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. Elle devient reporter. Son blog "Tunisian Girl", où elle dénonçait depuis 2007 la censure des médias et l'autoritarisme du régime de Ben Ali, connaît alors une notoriété internationale. Relatant à la fin de ses journées les évènements dont elle a été témoin sur les réseaux sociaux et sur son propre blog, elle continue à suivre à la trace les manifestations qui éclatent à Kasserine, Regueb, Thala... Intuitive, Lina est peut être l'une des premières à avoir compris que la peur a changé de camp…
Elles persistent et signent les cyberrésistantes
Bien qu'ayant choisi de rester ici à Tunis pendant les évènements des mois de décembre et de janvier, Emna Ben Jemaâ, spécialiste en marketing, à peine trente ans, fait également partie de cette nouvelle race de cyberrésistantes. De par sa grande popularité sur la Toile (espace d'échange et de communication pour plus de deux millions d'utilisateurs tunisiens) et son expérience de journaliste dans des revues étrangères, elle élabore un travail de recoupement de l'immense flux de textes, de photos et de vidéos qu'elle reçoit au quotidien. La bataille high-tech qu'elle mène dans le silence de ce monde virtuel accompagne et évolue en synergie avec les cris et la colère de la rue
"En indiquant précieusement mes sources, je ne relayais que les informations longuement vérifiées. Très vite je me suis rendue compte que de nombreux journalistes français me suivaient à travers Twitter et Facebook".
Que serait devenue la Révolution sans elles‑? Sans leur intelligence, leur activisme, leur sens inné de la liberté et leur maîtrise de toutes les techniques de contournement de la censure‑? Aurait-elle vraiment abouti‑?
Ces jeunes femmes n'ont pas hésité à rejoindre les insurgés de l'avenue Bourguiba, affrontant les bombes lacrymogène et les balles réelles de la police. Se mêlant ainsi à des femmes de tous âges et de toutes les catégories sociales, applaudissant au passage du groupe d'avocats à la tête duquel les femmes juristes, dans leur sobre robe noire, scandaient haut et fort l'hymne national, inventant des slogans d'une richesse symbolique insoupçonnée. Et puis les voilà qui prêtent main forte aux hommes des comités de défense des quartiers. Veillant avec eux, les soutenant moralement, leur insufflant ce désir fou de dignité et de citoyenneté. Elles sont souvent également à l'origine des caravanes de solidarité qui se dirigent vers Sidi Bouzid, Kasserine et aujourd'hui Ras Jédir. Tout d'un coup la Tunisie devient le plus beau des rêves. Et la défendre la plus sublime des missions.
Que serait devenu le pays sans elles‑? Sans leur générosité et leur altruisme ? Emancipées par un Code de statut personnel, le plus favorable aux femmes en terre d'Islam, elles ont gagné une reconnaissance de leurs droits et de leurs rôles qui a probablement favorisé cette prise de parole sur la place publique, ce sens de l'engagement, ces ardeurs militantes.
Très peu de femmes au gouvernement
Membre actif de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) et de l'Association tunisienne pour la recherche et le développement (Fturd), nous n'avons pas beaucoup entendu la voix de la sociologue Dorra Mahfoudh dans les débats qui agitent les médias tunisiens depuis plus d'un mois. Son implication en tant que chercheur spécialiste des mouvements sociaux légitime cette posture de recul par rapport au bouillonnement de l'action et de l'expression. Dorra Mahfoudh ne peut s'empêcher de dénoncer la misogynie ordinaire : "Malgré tout ce qu'elles ont accompli pendant la Révolution, les femmes tunisiennes restent écartées des plateaux de télévision et quasi-invisibles dans la sphère politique. Très peu d'entre elles ont investi les deux gouvernements de Ghannouchi. Les portefeuilles qui leurs ont été accordés sont marqués par la dimension sociale. Les stéréotypes ont la vie dure. Rappelons-nous les révolutions algérienne et iranienne, qui ont instrumentalisé les femmes avant de les renvoyer à leurs fourneaux. Que vaut une Révolution si elle ne change pas les préjugés, les inégalités et les attitudes‑?".
Sana Ben Achour, juriste et universitaire, pasionaria des droits de l'Homme en Tunisie, comme Sihem Ben Sedrine, Radhia Nasraoui ou encore Maya Jéribi, pendant les impitoyables années Ben Ali, l'une des chevilles ouvrières de la grande marche des femmes pour la citoyenneté, l'égalité et la dignité organisée une semaine après le grand soulèvement populaire du 14 janvier sur l'avenue Bourguiba confie que des postes de ministre ont été proposés en aparté à plusieurs femmes de l'Atfd et de l'Aturd. Toutes celles ayant décliné ces " offres " l'ont fait parce qu'elles ont placé leurs idéaux ailleurs. Non pas dans la prise de pouvoir mais plutôt dans un travail de terrain et de citoyenneté agissante.
Peut-on rêver d'hommes libres sans que leurs femmes le soient aussi ?
"Nous voulons aujourd'hui d'une part travailler sur le lien social, ouvrir nos espaces de débat aux femmes pour leur expliquer ce que veut dire laïcité, transition démocratique, Assemblée constituante. Et d'autre part nous remobiliser pour créer une coalition formée des différentes forces, qui animent la société civile, les organisations de femmes démocrates, la Ligue des droits de l'Homme, le Cnlt, le Syndicat des journalistes. Une coalition qui pourrait faire pression sur les décideurs politiques au gouvernement et ailleurs. Nous militerons pour demander la parité au niveau des listes et des fonctions électorales".
Ce désir d'équité, qui souffle sur la Tunisie nouvelle touchera t-il aussi le statut des femmes toujours soumises à un "plafond de verre", qui leur interdit les postes de responsabilité et les maintient, malgré leurs accès très poussé au savoir, dans un état et un temps de chômage beaucoup plus longs que ceux des hommes ? Peut-on rêver d'hommes libres et épanouis sans que leurs femmes le soient également ? Une démocratie réelle et structurelle peut-elle fleurir si les femmes sont maintenues dans une position de citoyennes de seconde zone ? Si une reconfiguration des rôles des hommes et des femmes dans la famille et la société ne fait pas l'objet de débats ?
Mais des débats sous-tendus plus par les valeurs de la négociation, de la solidarité et de l'échange, celles-là mêmes portées par la Révolution tunisienne que sur la force et la compétition…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.