Le conseil national de l'Ordre des médecins s'est mobilisé via une pétition et une manifestation pacifique de protestation devant l'ambassade de Suisse à Tunis, demandant la restitution de l'intégralité des fonds dérobés par le dictateur déchu et le clan Trabelsi. «Des sommes faramineuses doivent être restituées, de quoi renflouer les caisses de l'Etat et permettre à la Tunisie de dépasser ce cap difficile», a martelé le corps médical qui, rappelons-le, a déployé des efforts louables en matière d'assistance aux blessés lors des évènements de janvier. Le corps médical formé de médecins urgentistes, d'infirmières et d'aides-soignants se sont mobilisés, dès l'aube de la révolution, pour sauver les vies humaines de balles des snipers. Ils ont, par ailleurs, vigoureusement affirmé leur soutien à la révolution, en prenant part aux mouvements protestataires. Ils n'ont pas failli à une éthique qui exige de porter secours à une personne démunie mais leur position, dans les circonstances de la révolution, a pris une connotation politique, partant du fait que le corps médical constitue à l'instar des autres composantes de la société, une poignée de forces vives, revendicatrice de droit, citoyenne, et ce, malgré la structure apolitique qui chapeaute le secteur, en l'occurrence le conseil national de l'Ordre des médecins. Les intervenants à cette assemblée ont éclairé l'assistance sur la position du Conseil national de l'Ordre des médecins en 1994 qui n'avait pas apporté son soutien à l'élection présidentielle de Ben Ali. «Ben Ali n'a jamais reçu le président du conseil de l'Ordre des médecins», ont-ils indiqué en ajoutant que l'ordre et le syndicat doivent participer à la protection des acquis de la révolution. «La solidarité ainsi qu'une bonne stratégie de communication et d'information sont les clés de la réussite de nos actions». Un témoignage émouvant Il s'agit d'un médecin femme qui assurait les gardes ordinaires à l'hôpital de Hajeb Layoun. Généraliste, avec un statut précaire de contractuel, le Dr SN remplissait sa tâche, mais dans des conditions d'insécurité totale. Bravant la peur, les aléas et le chaos sécuritaire post-révolutionnaire. La nuit du 22 janvier, elle était de garde. Elle a été victime d'une tentative d'enlèvement, d'un braquage armé et a été brutalisée. Ce vécu, le temps d'une garde, a basculé son destin. Fragilisée, conduite en urgence pour une consultation psychiatrique, le médecin diagnostique un stress post- traumatique et une dépression majeure. Suite à la détérioration de son état de santé, la jeune contractuelle déposa un congé de maladie qui fut rejeté par la direction de l'hôpital sous prétexte qu'elle (la direction) devait assurer l'embauche d'un médecin en chômage à même de la suppléér durant son absence et qu'elle (la doctoresse) doit payer de son propre salaire. Pis, un rapport de résiliation de contrat de travail et un autre défavorable ont été émis par la direction de la commission de Kairouan. Le cas du Dr SN n'est pas un cas isolé, bien des médecins, notamment femmes, ont fait l'objet d'agression. Faut-il les licencier pour avoir veillé à accomplir leur tâche?