Le ministère de la Culture est catégorique : il n'a pas délivré d'autorisation pour la tenue d'un spectacle de l'humoriste français Dieudonné, à Tunis. Ni ailleurs, d'ailleurs… Quand on sait qu'un tel papier est indispensable pour l'organisation de n'importe quelle manifestation avec la présence d'artistes étrangers, que son octroi dépend au préalable de l'accord d'une commission où des représentants de plusieurs départements et institutions et du payement de redevances et taxes pouvant dépasser 40% du coût global de l'opération (cachets, transport, hébergement), nous nous demandons comment les organisateurs ont pu annoncer sur le Net la tenue de ce spectacle pour demain (mercredi 16 mars), comment ils ont pu obtenir un espace (un hôtel à El Menzah VII) sans disposer d'une autorisation en bonne et due forme, et surtout comment ils ont osé mettre en vente des billets, directement (sur rendez-vous, dans un café d'El Menzah IX) et en ligne. Une entreprise illégale et totalement inconsciente que nous préférons mettre sur le compte de l'inexpérience et de l'ignorance des lois en vigueur de la part d'un groupe de jeunes qui, emportés sans doute par l'effervescence de la révolution, ont cru qu'on pouvait s'improviser organisateurs de spectacles et amener, sur un coup de tête, tel artiste ou tel autre. Ces jeunes ont-ils pensé que sans l'accord du ministère, ils ne peuvent faire appel aux services ni de l'ordre public ni de la Protection civile, dont la présence est obligatoire dans tout genre de manifestations? Quoi qu'il en soit, pour le ministère de la Culture, le respect des lois et des règles relatives aux spectacles est toujours de rigueur et qu'il n'est pas question qu'on prenne la révolution comme prétexte pour installer la pagaille et l'anarchie. Que les jeunes, qui se sont empressés d'acheter leurs billets, ne cherchent pas, ailleurs, la raison de leur désillusion, surtout qu'on commence déjà à évoquer le côté controversé et provocateur de Dieudonné, ce qui n'a rien à voir avec la non-tenue de son spectacle demain à Tunis.