Mohamed Derouich part en fin de saison. Les temps sont durs du côté du complexe du Bardo. En embarquant en cours de route lors de l'avant-dernière saison dans le navire stadiste, Mohamed Derouich et son équipe avaient de grandes ambitions pour le club du Bardo. L'objectif final étant de redonner au Stade Tunisien la place qu'il a perdue depuis des décennies et, particulièrement, la première qui a succédé à l'indépendance du pays avec neuf titres : 5 coupes et 4 championnats. Depuis, le club du Bardo a connu des fortunes diverses avec, il faut bien l'avouer, plus de bas que de hauts et, surtout, la perte presque totale de sa base populaire. C'est, qu'aujourd'hui, dans le vieux fief de ce club prestigieux et dans les quartiers avoisinants, il est de plus en plus rare de trouver des supporters «vert et rouge». Et, dans les rues, et de plus en plus rares dans les terrains vagues, les gosses courent derrière un ballon avec sur le dos un maillot de l'Espérance, du Club Africain, du Real Madrid ou de Barcelone. Faut-il, en effet, rappeler que le Stade Tunisien se trouve en bas du classement au niveau des affluences et que la situation n'est pas prête de s'améliorer, même avec la gratuité décrétée par Mohamed Derouich et ses collaborateurs. Une initiative devait servir à fidéliser de nouveau les supporters potentiels, les rapprocher du club et des joueurs afin qu'ils constituent le véritable douzième homme. Or, le Stade Tunisien joue toujours à onze. Le temps est suspendu Pis encore, il y en a même qui se permettent d'aller demander des comptes au président, à l'entraîneur et aux joueurs, alors qu'ils n'achètent même pas un billet pour aller supporter leur équipe ! Aujourd'hui, les jeunes Stadistes doivent bouger davantage, s'unir et se réunir pour que le club puisse enfin bénéficier d'un véritable public avec un apport tant sportif que financier. Voilà pour le premier volet, directement lié au second, du reste, et qui est celui des finances. Mohamed Derouich et son équipe avaient mis en route un programme à court, à moyen et à long terme. L'idée de départ est de faire en sorte que le Stade Tunisien puisse dans les toutes prochaines années disposer d'un budget susceptible de lui permettre de jouer pour les titres. Car il ne faut pas se leurrer, pour remporter des titres, il faut avoir les moyens pour. Les prévisions étaient de l'ordre de 3 millions de dinars cette saison, or, voilà que débarque la révolution, ses élans de joie et ses contraintes. Sans Promosport, sans droits de télévision, sans l'habituelle aide de la municipalité et des traditionnels amis du club et avec le transfert avorté de Ibrahima Ba, le Stade Tunisien est aujourd'hui à l'arrêt. La solution? Mohamed Derouich propose que les joueurs renoncent à une partie de leurs droits, et ce, en l'absence totale de perspectives. A ce point de la situation, il n'écarte même pas la saison blanche. C'est, qu'hormis deux ou trois clubs, tous les autres sont dans la même situation. Ce blocage financier a également un autre coût car, outre l'arrêt de la compétition, c'est tout le programme sportif qui est à la traîne, même si Patrick Liewig se bat tous les jours et se démène pour faire comprendre à ses joueurs que la situation exige des sacrifices et parallèlement le même sérieux au niveau des entraînements. C'est vrai que ce n'est pas évident, mais que nos footballeurs, ceux du Stade Tunisien et les autres sachent qu'ils ne sont pas les seuls dans cette situation et que des sacrifices, tout le monde doit en faire en ce moment. Temps durs donc pour le Stade Tunisien qui doit toutefois trouver les moyens humains et matériels de ne pas sombrer. Mohamed Derouich a, lui, décidé de partir en fin de saison…