«Il n'existe pas une seule voie pour assurer une transition démocratique. Les transitions réussies ont des caractéristiques communes, pouvant être résumées en ce triptyque : compromis, concessions et consensus», a déclaré le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, ajoutant qu'il est essentiel d'engager, en parallèle, des discussions sans exclusive avec le plus large éventail possible d'organisations et de composantes de la société. «En Tunisie, la transition démocratique, menée par le peuple, et pour le peuple, est sur la bonne voie. Ce qui est plus important est que le peuple tunisien a choisi cette voie, grâce à un consensus pacifique», a affirmé, mardi, à Tunis, M. Ban Ki-moon, lors d'une rencontre avec les représentants de la société civile tunisienne, composée par un panel d'étudiants, de jeunes, d'universitaires et de militants des droits de l'Homme. La Tunisie, a-t-il précisé, a, aujourd'hui, une feuille de route aux contours clairs, constatant que «le pays est en train de mettre en place d'autres pièces à l'édifice pour garantir des élections transparentes et libres». A cette occasion, le premier responsable de l'ONU a tenu à saluer le «brave» peuple tunisien qui, a-t-il dit, est à «l'avant-garde des évènements épiques qui secouent la région arabe», un peuple «en quête de liberté, de dignité, et de justice sociale, dont le combat a résonné à travers le monde entier». Malgré son caractère tragique, a-t-il estimé, l'acte «solitaire» de Mohamed Bouaziz, a été une source d'inspiration ayant «enclenché une série d'évènements extraordinaires». Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU a fait part de l'engagement des Nations unies à soutenir le nouveau gouvernement et la société civile. «L'Organisation des Nations unies est prête à aider la Tunisie dans ses efforts visant à développer la société, créer des emplois, et organiser des élections», a-t-il affirmé, précisant que l'ONU a engrangé une expérience et un savoir-faire depuis 55 ans en la matière et que sa contribution, aussi modeste soit-elle, demeure «précieuse». Il n'a, d'ailleurs, pas omis de rappeler que feu Hédi Annabi, diplomate tunisien chevronné, est décédé, suite au séisme ayant secoué Haïti, dans ce même cadre. Présents à cette rencontre, les représentants de la société civile ont soulevé une série de questions inhérentes à la démocratie, à la liberté d'expression et à la révolution tunisienne. En réponse aux interventions, M. Ban Ki-moon a souligné que les Nations unies s'engagent à soutenir le processus électoral en Tunisie, à l'assister à l'élection d'une Assemblée constituante et à l'adoption d'une nouvelle Constitution, prélude au déroulement d'élections libres et transparentes. Les Nations unies, a-t-il indiqué, devront envoyer en Tunisie un groupe d'experts parallèlement à une assistance financière nécessaire pour la tenue des élections. En réponse à la question d'une jeune fille sur l'influence des grandes puissances sur les résolutions prises par les Nations unies, M. Ban Ki-moon a fait remarquer que « les petits pays, une centaine sur les 192 Etats membres ont une influence notable, notamment au niveau de l'Assemblée générale où chaque vote est utile». Il a ajouté que l'ONU était à l'écoute des grandes puissances mais également des petits pays qui sont tous membres à part entière de l'instance onusienne. Au sujet d'une question relative au manque de réactivité de l'ONU en ce qui concerne le Monde arabe, le secrétaire général de l'ONU a fait remarquer que pour le cas de la Libye, les Nations unies aidées par la Ligue des Etats arabes avaient rapidement réagi pour défendre les droits de l'Homme des civils en danger. Concernant la question palestinienne, il a indiqué que l'ONU avait négocié lors de l'agression menée contre Gaza, un cessez-le-feu et facilité l'assistance humanitaire au profit du peuple palestinien, notamment, à travers l'Unrwa, une assistance certes modeste mais cruciale pour les populations civiles de la bande de Gaza. Au terme de cette rencontre, le Secrétaire général de l'ONU s'est entretenu, en privé, avec des membres de la famille de Mohamed Bouazizi.