La rivalité… pacifique est toujours là, mais les groupes ont opté pour l'union A Gafsa, une ville qui respire le football, on ne peut évoquer le club phare de la région sans se référer à ses supporters qui ont toujours occupé une place importante dans l'histoire d'EGSG, et ce, depuis son accession parmi l'élite. Et pour pouvoir comprendre leur façon d'opérer et décrypter ce qui se passe chaque dimanche sur les travées du complexe sportif de Gafsa et découvrir comment ses supporters se préparent au cours de la semaine pour faire le spectacle, nous sommes allés voir leur leader Houssein Dhahri, plus connu sous le nom de «Che Guevara». Il est même devenu l'emblème de la galerie gafsienne. D'après notre interlocuteur, la mosaïque était composée de six groupes qui représentaient les différentes localités de la ville de Gafsa (Ksar, Hay Ennour, Msilla, Gafsa Médina, Mouella et la cellule Chebbi qui portait le nom d'un supporter décédé dans un accident de la circulation au retour d'une rencontre du club à l'extérieur). Chaque groupe avait son leader : Hédi Bchatnia, Ali Belgacem, Hazem Talbi, Haytham Cherif et Abdellatif Jouab. Ces différents groupes qui étaient très actifs au cours des quatre premières saisons en Ligue 1 portaient des noms au parfum italien pour citer Curva Touareg et South Emporio qui occupait toujours le gradin n° 4. C'était lors du premier passage de Faouzi Ktari à la présidence du club, mais avec l'arrivée de son successeur Mahmoud Abboud, les choses ont pris une mauvaise tournure avec cette relation fragilisée avec les supporters et qui a fait perdre de la couleur et de la voix aux gradins. La traversée du désert n'a pas trop duré et le come-back de Ktari a permis à ces différents groupes de renaître et de retrouver l'activité d'antan. A l'aube de la saison 2010-2011, les six groupes ont fusionné en un seul qui porte désormais le nom de South Emporio. D'après «Che Guevara», l'action d'unifier ces différentes cellules était une décision prise après concertation avec le président du comité des supporters, Moncef Doula, avec pour objectif de conférer plus de tonus et de la voix à la galerie gafsienne. Cette action d'unifier les différentes cellules en une seule n'a pas empêché une rivalité sympathique entre ces tendances, mais la nouveauté consiste en cette coordination assurée par le leader Houssein Dhahri, qui ajoute : «Le public gafsien essaie de se démarquer d'une mauvaise étiquette qui lui a été collée durant des années. Certaines décisions arbitrales qui ont lésé leur club expliquaient un comportement qui a coûté des sanctions à El Gawafel, sans que cela affecte l'accueil chaleureux réservé aux clubs visiteurs». Dans ce sens, notre interlocuteur mentionne qu'une réception est organisée en l'honneur des équipes visiteuses, une initiative fortement appréciée dans les rangs des supporters. Ce qui a grandement influé sur leur comportement. D'ailleurs, lorsque les Gafsiens s'étaient fait battre lors de la phase aller dans leur fief par l'EST et le ST, le public gafsien n'a pas manqué d'applaudir le vainqueur. Béchir Bacha, pour sa part, fervent supporter d'EGSG et «leader» des supporters, appelle à se serrer les rangs pour conférer à la galerie gafsienne la force requise afin d'assumer pleinement son rôle de 12e joueur: «Notre rôle est d'être plus proche de notre public pour éviter les dérives et apporter à notre équipe le soutien escompté. Chaque composante est censée assumer son rôle sans pour autant intervenir dans la gestion du club qui ne fait pas partie de notre champ d'action. Mais cela n'exclut pas l'intervention de nos supporters dans les moments critiques. Je vous rappelle que lors des grèves déclenchées par les joueurs, nous avions œuvré pour débloquer la situation et assurer le compromis président-joueurs». D'autre part, il y a lieu de souligner les efforts déployés par ces groupes réunis sous l'appellation de «South Emporio» (en référence à un parfum d'Armani?) ou l'empire du Sud à l'occasion de la venue des grosses cylindrées. Avec le quota de billets réservés à leurs supporters, notre invité nous a fait savoir que le groupe était intervenu, en concertation avec le président du comité des supporters, pour faciliter l'accès de certains spectateurs-visiteurs qui n'ont pas pu s'octroyer un billet. Mais force est de reconnaître que l'activité de ces groupes passe à la vitesse de croisière à l'occasion des matches chocs. Un constat confirmé par notre invité, qui ajoute: «Ces rencontres constituent à vrai dire une opportunité pour se mettre en valeur et montrer notre savoir-faire dans le domaine. Des chants sont composés pour la circonstance, surtout que ces rencontres drainent la grande foule, sans oublier la présence du public visiteur, ce qui confère à l'ambiance sur les gradins un air de fête où chacune des deux galeries essaie de porter à bout de bras ses protégés. A ce propos, le match face au CA pourrait nous servir de référence. L'avenir, c'est la reprise que nous attendons avec impatience. Ce sera aussi l'occasion, selon Housseïn Dhahri, de convier le large public à venir fêter la révolution. La révolution va changer à coup sûr le comportement de ces groupes sous leurs différentes tendances. Comme les joueurs qui se préparent pour réussir le retour à la compétition, South Emporio est aussi en pleine préparation avec des chants qui relatent la victoire du peuple tunisien. Je rappelle que lors des événements vécus dans le bassin minier, les groupes ont fait entendre leurs voix sur les gradins pour soutenir leurs concitoyens opprimés à Redeyef. Par ailleurs, il n'est pas question de voir cet imposant service d'ordre mobilisé chaque dimanche. La ville de Gafsa qui n'a pas été épargnée par l'oppression du dictateur déchu sera présente en masse à la reprise pour savourer l'air de la liberté. La peur qui hante certains pour la reprise n'a aucune raison d'être. La révolution vécue par notre pays, considérée par le monde entier comme un exemple à méditer, ne saura que nous réconforter dans l'idée que le Tunisien qui a pu battre la dictature pourrait parfaitement se prendre en charge. La violence qui a tant terni notre football sera à jamais bannie». C'est en tout cas l'appel lancé par nos deux interlocuteurs dont les divisions devraient laisser la place à l'union sacrée. La révolution est passée par là !