Le meilleur a été précieusement gardé pour la fin, dans cette huitième édition du festival méditerranéen de la guitare, qui a connu son ultime spectacle samedi soir dernier à la Coupole d'El Menzah. L'événement est de taille pour cet espace, même s'il a déjà accueilli des groupes phares du metal. Les «Symphony X» en font désormais partie. Ce groupe est monté sur scène après les Tunisiens «Brainstorming» et les Suédois «Amaranthe». Un autre groupe tunisien, «Barzakh», était également prévu, mais il était curieusement absent. Pour en revenir au spectacle lui-même, il faut dire que les autres concerts de cette édition du FMG étaient une chose et le show de la clôture en était une autre. Le public en a été le premier support, étant venu fort nombreux. Tous, ou presque, de noir vêtus, ces jeunes, pour la plupart, se sont amassés près de la scène pour être très proches de leurs idoles et ne perdre aucune miette du spectacle. Tout comme «Symphony X», «Brainstroming» est un groupe de metal progressif, bien que le calibre ne soit pas le même. «Brainstorming» fait de la scène locale depuis 2005. Il est connu pour ses reprises du groupe référence du genre, les «Dream Theater». Formés dans les années 1980, ces derniers ont joué avec les plus grands, de différentes générations, des «Pink Floyd» et de «Deep Purple» à «Opeth» et «Inflames», inspirant pas mal d'autres groupes, comme «Symphony X», leurs compatriotes. Les deux groupes ont en commun le fait d'avoir été fondés par des diplômés de prestigieuses écoles de musique, réputées pour leur haute technicité. C'est peut-être là, l'un des secrets de leur réussite, mais sûrement pas le seul. Au bout de quatre titres, le mérite de «Brainstroming» aura été d'avoir chauffé la salle et préparé le public pour leurs successeurs. Ils en ont eu un autre, celui de faire du metal en Tunisie, où ce n'est pas toujours facile ni pour les adeptes de ce genre, ni pour ceux qui tentent une carrière dans cette musique à part. N'empêche que le talent reste le plus important. Et de ce côté-là, beaucoup reste à faire, pour pas mal de groupes tunisiens qui doivent le réaliser pour pouvoir évoluer. Un son venu d'ailleurs La scène s'est tout de suite mutée avec la montée des Suédois «Amaranthe». Un effet visuel, grâce surtout à la lumière, a donné une autre dimension à la performance. Formé il y a trois ans, il prépare son premier album, prévu pour le mois de juin, et place son genre entre le power et le mélodique. Le 26 mars est parmi ses premières dates à l'étranger. Il a été particulièrement fier d'assurer la première partie de «Symphony X», dont ses membres sont fans depuis leur jeune âge. C'est ce qu'ils ont affirmé sur scène en s'adressant au public et en le congratulant, par la même occasion, pour la révolution. Cette jeune formation pétillante tient son style de ses trois vocalistes, Jake, Andy et Elize et de son détonnant batteur, Morten. Côté paroles, rien de bien original. Leurs chansons parlent d'amour et de malaises intérieurs à la manière de la musique pop. «Amaranthe» s'est montré généreux avec le public en interprétant une dizaine de titres. Il a su installer une bonne ambiance, allant jusqu'à faire réagir le marchand de pop corn qui a laissé de côté sa marchandise pour s'offrir quelques tortillements. Avant le moment tant attendu, l'organisation du FMG a révélé les noms des gagnants du concours, qui ont remporté des billets pour le concert et un instrument de musique, pour les trois premiers. Et voilà enfin les «Symphony X». L'ambiance dans la salle est encore montée d'un cran avec leur apparition sur scène. Téléphones portables, appareils photos et caméras étaient braqués sur eux. Charismatiques et imposants, forts d'une longue expérience couronnée par huit albums, ils ont fait le bonheur de leurs fans à qui ils ont offert un show personnalisé. Russell Allen, le vocaliste, a très vite compris qu'il n'aura pas besoin d'une traduction en s'adressant au public à qui il a dédié «le prochain titre», au nom du peuple américain, à l'occasion de la révolution tunisienne. Drapeau tunisien à la main, il a demandé à la salle d'observer une minute de silence à la mémoire de Mohamed Bouazizi et de tous les martyrs. Tout de suite après, le public a réagi en chantant en chœur quelques passages de l'hymne national tunisien. Certains brandissaient les drapeaux d'autres pays arabes comme l'Algérie et la Palestine. La chanson dédiée par le groupe n'était autre que «Paradise Lost», titre éponyme de leur dernier album (2007). Pour les amateurs du genre, si l'efficacité des «Synphony X» n'est plus à démontrer, elle n'a fait que se confirmer lors de ce concert, où ils sont allés bien au-delà d'une dizaine de chansons, avec un rappel de trois titres. Et ce fut encore un passage remarqué en Tunisie pour un groupe phare de la scène metal mondiale. Avec ce genre de concert panaché et fort, on apportera, sans doute, davantage d'ambition aux groupes locaux pour s'améliorer et évoluer encore. Les métalleux sont, en tout cas, de plus en plus nombreux à afficher leur droit de faire du bruit!