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Zemmour et les vieilles lunes d'extrême droite
Le bloc-notes
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2010


Depuis des années qu'on subit ses sorties loufoques. Eric Zemmour a des abcès de fixation orientés: Arabes, Musulmans, Africains, Noirs font fréquemment les frais de ses pointes assassines. Il les a presque toujours dans le collimateur. A coup de sentences débitées sans état d'âme. Avec, en sus, l'air hautain qui sied à la suffisance de monsieur-je-sais-tout. Sa dernière trouvaille fut ni plus ni moins que des allégations mensongères et pour le moins injurieuses à l'endroit des Arabes et des Noirs africains. C'était le 6 mars dans l'émission "Salut les Terriens", présentée par Thierry Ardisson et diffusée en clair sur Canal+. Eric Zemmour y a déclaré tout de go que "les Français issus de l'immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait". Timide levée de boucliers en France. Plusieurs journalistes et commentateurs font le mort. Ils n'auraient rien su, rien vu, rien entendu. Toutefois, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) réagit une dizaine de jours après le grave incident. Elle décide de poursuivre en justice Eric Zemmour pour ses propos racistes et insultants. Le président de la Licra, Alain Jakubowicz, l'a annoncé le 16 mars, lors d'un point de presse: "La Licra va poursuivre Eric Zemmour devant le tribunal correctionnel pour les propos qu'il a tenus sur Canal+", a-t-il déclaré tout en estimant que le chroniqueur a "franchi un cran". Deux jours après, la Licra déplore que M. Zemmour "recycle les vieilles lunes de l'extrême droite". Elle lui a même enjoint de "se souvenir de cette époque pas si lointaine d'avant-guerre où, dans notre pays, pour les tenants de cette rhétorique il ne faisait pas bon s'appeler… Zemmour". Mais Zemmour, précisément, n'en a cure. Pis, il persiste et signe, se permettant d'élever ses propos injurieux au titre de "vérité". Dans un entretien au Parisien, il a dit ne rien regretter tout en réitérant son forfait: “Ce n'est pas un dérapage, c'est une vérité. Je ne dis pas que tous les Noirs et les Arabes sont des délinquants ! Je dis juste qu'ils sont plus contrôlés parce qu'il y a plus de délinquance parmi eux”, a-t-il surenchéri. Belle dialectique, on n'est pas délinquants dans l'ensemble, mais on l'est en majorité! On tait l'affaire. Le forfait est dissous dans le non-événement. On imagine pourtant le tollé retentissant qu'auraient provoqué des affirmations ou simples allusions sur Zemmour en liaison avec sa provenance ou sa religion. Pour la petite histoire, il faut savoir qu'Eric Zemmour est lui aussi un pur produit de l'immigration. Ses parents, anciens juifs d'Algérie, s'étaient installés en France lors de la guerre de Libération nationale algérienne. Par ailleurs, M. Zemmour est réputé pour avoir la dégaine facile. Suffit-il de critiquer Israël qu'il crie à hue et à dia à l'"antisémitisme". Hurler avec les loups, il s'y connaît. Et il sait broder sur certaines vagues ambiantes. Comme cette lame de fond écœurante, fétide, qui tend à ressusciter les vieilles grimaces du rejet et de la peur. Certains brandissent volontiers, un peu partout en Europe, la vieille peur du Sarrazin, du Musulman, de Saladin. La crise économique aidant, les mentalités exaspérées et chauffées à blanc s'abîment dans les méandres de la conscience malheureuse. En rajouter en surfant sur les pulsions instinctives primaires de la xénophobie, de l'islamophobie et de l'ostracisme, procède des facteurs aggravants. Zemmour le sait. Et cela semble bien être le dernier de ses soucis. Vilipender l'Arabe, clouer le Musulman et le Noir au pilori, cela a bon dos. Misère des jours oblige. Bien souvent, hélas, l'invective, la calomnie et l'anathème deviennent des armes de destruction massive. Et l'insulte est au discours ce que la violence et la torture sont à la politique : la forme primaire de l'exercice du pouvoir. De tout pouvoir, quel qu'il soit. Même celui de l'animateur ou du chroniqueur sur un plateau de télévision. L'ennui, quoi qu'on dise, demeure l'impunité de certains semeurs de brutales ruptures et de clivages raciaux, religieux et ethniques. Autoproclamés heureux élus, ils se croient tout permis en raison précisément de l'attentisme face à leurs forfaits. L'impunité devient arrogance, arbitraire. Et la loi semble en l'occurrence sinon silencieuse, du moins timide et réticente. Il semble pour le moins étrange que l'on n'ait guère entendu parler de quelque autosaisine par les instances judiciaires appropriées sur l'affaire Zemmour. Sachant de quoi cela retourne, Eric Zemmour joue davantage la provocation et la surenchère. La liberté du plus fort opprime, la loi protège. Enfin, devrait protéger.

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