Dans le quartier de Bab El Jazira, à Tunis, qui se caractérisait, de tout temps, par sa dynamique, tout a changé, et un calme étrange y règne, notamment depuis les troubles survenus au cours des trois derniers jours entre les vendeurs du Souk Sidi Boumendil et de Sabaghine, et les habitants des quartiers de Bab El Jazira et de Bab Jédid. Ces événements ont été déclenchés après l'assassinat, dans la nuit du samedi, d'un jeune qui, selon les rumeurs, aurait été tué par l'un des marchands. Hier, les commerces n'ont pas ouvert leurs portes comme à l'accoutumée, la circulation des personnes n'était pas aussi importante et le silence plane sur le souk. A ce propos, l'un des passants a indiqué à l'agence TAP, que "la nuit dernière a vu de violentes disputes à l'arme blanche et aux cocktails Molotov, ce qui a semé la terreur dans les rangs des habitants du quartier". Dans le même sens, M. Ezzeddine Ousji, directeur du district de la sécurité de Sidi El Béchir, a affirmé que les efforts sécuritaires s'intensifient afin de calmer l'ambiance et de rétablir la situation, à travers l'installation de barrières au milieu du quartier pour mieux le sécuriser. Il a ajouté que 80 personnes, accusées d'avoir semé le trouble et terrorisé les habitants, ont été arrêtées. Un certain calme régnait dans le quartier, hier, à midi. Mais, selon le chef du district de la sécurité, la journée avait commencé par les tentatives menées par des marchands en vue d'agresser des citoyens, d'attaquer le collège de la rue de Russie, ainsi que l'école primaire de la rue du Maroc et celle de la rue d'Angleterre, outre l'incendie de locaux de commerce de la rue des Tanneurs et la confrontation avec les forces de l'ordre, ce qui a été à l'origine de blessures diverses d'agents de sécurité. Situation d'insécurité Des agents de l'ordre du district de Sidi El Béchir ont indiqué que le problème est en voie d'être résolu, avec l'aide des habitants de la région, soulignant que la Tunisie appartient à tous, qu'il n'existe pas de différence entre une région ou une autre... et que tous les Tunisiens possèdent la qualité de citoyens d'autant que la révolution est venue éradiquer ces différences et instituer le principe d'équité devant la justice. Les habitants de Bab El Jazira, de Bab El Fella et de Bab Jedid ont exprimé leur ras-le-bol du comportement violent des commerçants du souk des Tanneurs et de Boumendil, surtout qu'ils n'ont pas respecté les règles élémentaires, en installant leurs commerces ambulants et en agissant avec irrespect à plusieurs reprises. Mourad, un des habitants de la région, a précisé que les "vendeurs ont dépassé toutes les limites et qu'ils représentent aujourd'hui un véritable danger pour la sécurité des citoyens, d'autant plus que plusieurs d'entre eux seraient en possession d'armes de service, volées des postes de police, durant les premiers jours de la révolution, ainsi que de cocktails-Molotov". Pour sa part, Amina, une habitante du quartier, professeur d'enseignement secondaire, a souligné que les actes de pillage ayant ciblé les biens immobiliers des habitants du quartier et les intrusions effectuées dans certaines maisons, sont des actes inédits. Après avoir condamné et qualifié ces actes de "criminels", elle a indiqué que la Tunisie est "une" et qu'elle ne peut être la proie à de conflits d'ordre régionaliste. De son côté, Samir, propriétaire d'un magasin de produits alimentaires, a déclaré que cette situation a ralenti l'activité économique dans le quartier, précisant que les habitants sont devenus hystériques face à cette situation d'insécurité qui a conduit à la fermeture des écoles environnantes et à la transformation de l'avenue reliant Bab El Fella à Bab El Jazira en un lieu d'affrontement.