• La majorité des émigrés clandestins bénéficieront de visas humanitaires temporaires • L'Italie financera des PME et des projets de création de sources de revenus dans les régions d'où proviennent les émigrés clandestins Une source autorisée du ministère de l'Intérieur à Tunis a déclaré, hier, que l'octroi de visas humanitaires temporaires, objet de l'accord tuniso-italien, conclu, les 4 et 5 avril, englobe la majorité des émigrés clandestins tunisiens partis vers l'Italie, depuis le 15 janvier dernier, et dont le nombre, selon des sources italiennes, est estimé à 23.000 personnes. Les visas humanitaires provisoires offrent aux émigrés la possibilité de se déplacer dans l'espace Schengen, pour une durée limitée à six mois. Au sujet des opérations de rapatriement, la même source précise, dans une déclaration à l'Agence Tunis-Afrique Presse (TAP), que ces rapatriements ne concerneront que les émigrés tunisiens qui se trouvent sur l'île de Lampedusa, au moment de la signature de cet accord, et dont le nombre s'élève à 800 émigrés clandestins. Les rapatriements devront se faire par petits contingents en présence des autorités consulaires tunisiennes, afin de garantir le respect des droits de l'Homme et la dignité des émigrés. La partie tunisienne, présidée, lors de ces négociations, par le ministre de l'Intérieur, Habib Essid, a réclamé à la partie italienne de ne pas recourir à des opérations de rapatriement massives, et de s'en tenir à des rapatriements par petits groupes, loin de toute couverture médiatique. Des conditions qui ont été acceptées par la délégation italienne, présidée par le ministre de l'intérieur, Roberto Maroni. La même source a relevé qu'à l'occasion de ces pourparlers, tenus, mardi dernier, à Tunis, l'accent a été mis sur la nécessité d'aborder le sujet de l'immigration en tant que phénomène naturel et de le traiter dans un cadre de coopération, de solidarité et d'entente, sur la base d'une approche globale qui établit la corrélation entre l'immigration légale et le développement, d'une part, et la lutte contre l'immigration clandestine, d'autre part. Une série d'engagements à la charge de la partie italienne L'accord annexé au procès-verbal, signé en marge de la réunion des ministres de l'Intérieur tunisien et italien, a souligné l'impératif de préserver les attributs de la souveraineté nationale de la Tunisie dans ses dimensions juridico-politiques et sécuritaires, et de respecter les principes des droits de l'Homme et de la dignité humaine, notamment en ce qui concerne la lutte contre le phénomène de l'immigration clandestine. Les pourparlers engagés entre les délégations des deux pays ont été, selon une source responsable du ministère de l'Intérieur, l'occasion d'annoncer une série d'engagements à la charge de la partie italienne, dans les domaines du développement, de l'investissement, de la coopération financière et économique, du tourisme et de la formation professionnelle. Ces engagements, ajoute la même source, portent également sur le financement par la partie italienne de la création des PME et des projets de création de sources de revenus, en particulier dans les régions considérées comme étant les plus émettrices d'émigrés clandestins à destination du territoire italien. La réunion entre les deux parties a été également axée sur le volet sécuritaire. Dans ce contexte, l'accent a été mis sur la nécessité de respecter la souveraineté de la Tunisie en matière de contrôle de ses frontières et de ses eaux territoriales, et d'organisation de patrouilles au large de la mer afin de lutter contre les opérations d'infiltration sans recourir à des patrouilles communes entre la Tunisie et l'Italie. En contrepartie, la partie italienne s'engage à renforcer les potentialités dont disposent les unités tunisiennes, chargées de contrôler les frontières et d'intervenir au large de ses côtes pour secourir les citoyens. Dans une déclaration à l'agence TAP, la même source met en exergue les énormes efforts déployés par les autorités tunisiennes en vue de lutter contre les opérations d'infiltration clandestine, ce qui a permis, relève la même source, d'atteindre des résultats probants au niveau de la préservation des vies humaines et du démantèlement des réseaux de passeurs. En coordination avec les différents ministères et les autorités régionales, ajoute la même source, toutes les dispositions nécessaires ont été prises en vue de réunir les meilleures conditions pour l'accueil des rapatriés tunisiens d'Italie, les transporter vers leurs lieux de résidence et l'examen de leurs situations sociales.