Militant de la première heure, feu Béchir M'hedhebi obtient son diplôme de fin d'études au prestigieux Collège Sadiki de Tunis, où il commencera son action militante. A 18 ans, il est le leader de la marche contre le Congrès eucharistique international de Carthage (cathédrale St-Louis). Il adhère très tôt au mouvement national, et cofonde le journal L'action tunisienne avec Habib Bourguiba en 1932. Il lui confiera la direction de la rédaction du journal. Il continue de militer parallèlement à ses études en droit et économie politique à la Sorbonne à Paris, où il sera le colocataire de Habib Bourguiba. En 1937, à Paris, il crée la première cellule destourienne et milite au sein du Néo-Destour pour l'indépendance de la Tunisie. En 1939, il quitte Paris pour Berlin, afin d'échapper aux autorités françaises qui le recherchaient en tant que leader de la lutte pour l'indépendance résidant à Paris. Il y restera jusqu'à la fin de la guerre où il anime la première radio émettant en langue arabe et reçue très largement dans le monde arabe, servant de propagande incitant les pays colonisés à se révolter et à acquérir leur indépendance. Il fut également l'agent de liaison avec les Fellagas pendant la période précédant l'indépendance, lorsqu'il était assigné à résidence par les autorités coloniales. Considéré pour ses visions et stratégies politiques et respecté à l'échelle internationale par tous ses pairs, et des chefs d'Etat auprès desquels il représentait dignement la Tunisie, il travaille et se lie d'amitié avec de nombreuses personnalités du monde arabe, telles que le grand mufti de Palestine, Hadj El Amine Al Husseini, (leader du Mouvement palestinien pour la libération de la Palestine), le Roi de Jordanie, le Roi Hassan II du Maroc… Il intègre le premier gouvernement de la Tunisie indépendante à titre de secrétaire d'Etat au sein du cabinet du ministre de l'Economie nationale (oct. 1955-juin 1956). Il entre comme haut cadre au ministère des Affaires étrangères en 1962, part en mission aux Nations unies à New York en 1963 et devient ambassadeur simultanément à Beyrouth, Koweït et Amman, jusqu'en 1970 au Koweït, avec résidence à Beyrouth (une première) de 1965 à 1970. Nommé ambassadeur à Londres de 1972 à 1974, il devient ensuite secrétaire général aux Affaires étrangères. Il est nommé ministre de la Défense nationale (1971-août 1972). Par la suite, il occupe les fonctions d'ambassadeur au Maroc de 1974 à 1977. Il quitte de son propre gré le gouvernement et toute activité politique en 1977-1978. Considéré comme l'un des plus importants acteurs de l'indépendance tunisienne et très respecté pour son immense culture et pour ses actions diplomatiques à l'échelle internationale, feu Béchir M'heddebi mérite assurément que les Tunisiens, plus particulièrement les jeunes, soient au fait des services qu'il a rendus à la nation et de la contribution qu'il a apportée à l'édification de la Tunisie d'aujourd'hui. Il est, en effet, une vérité, selon laquelle «un pays ne peut se construire et regarder vers l'avenir s'il oublie son passé et les hommes qui l'ont bâti».