Par Malak Sghaier De plus en plus, l'information joue un rôle fondamental et prépondérant par les médias de masse. Que ce soit par le biais de la presse écrite, de la télévision, de la radio ou d'Internet, tout le monde s'informe de l'actualité tant locale que mondiale. Cependant, depuis quelques années et plus particulièrement aujourd'hui, la presse écrite est âprement touchée par une crise inouïe. Cette crise a été déclenchée par de nombreux facteurs, entre autres la mise en ligne de journaux gratuits. Le débat sur l'avenir de la presse écrite traditionnelle balance présentement entre optimisme et visions pessimistes. Ainsi, avec l'émergence du net, la presse écrite va-t-elle passer à la trappe ? Le papier qui a longtemps été l'outil de l'information le plus privilégié sera-t-il écarté par les nouveaux supports électroniques‑? Dans un monde où Internet, un outil permettant la circulation de l'information dans les quatre coins du monde à la vitesse de la lumière, est désormais au summum des moyens de communication les plus utilisés et privilégiés, la presse électronique occupe, sans aucun doute, une place importante dans le paysage médiatique. Ainsi, on se demande si d'ici quelques années, la presse traditionnelle subsistera-t-elle encore ? En effet, les journaux électroniques réussissent de nos jours à faire preuve d'une réactivité remarquable et d'une transmission immédiate de l'information. Or, on ne peut sous-estimer la mutation primordiale qui est survenue au niveau des habitudes des lecteurs. La plupart des gens, soumis à un rythme pressé, dédient actuellement de moins en moins de temps à la lecture de journaux qui exigent en contrepartie une certaine concentration. Ainsi, l'avènement d'autres supports sur le web, a modifié les habitudes des lecteurs vers plus de " zapping " et moins de réflexion et de concentration. Le lecteur est capable désormais de sauter d'un sujet à un autre sans aucune difficulté. Ajouter à cela la tendance actuelle vers le développement durable, une politique obligatoire à l'ère où l'humanité est relativement contrainte d'être modérée par tous les moyens possibles. Sauf que tant bien que mal, jamais un support de diffusion de l'information, dans toute l'histoire des médias, n'a fait disparaître les supports qui l'ont précédé. Il s'agit seulement des changements de comportements et de redéfinitions. La presse traditionnelle est la trace d'une longue histoire et d'un savoir-faire adapté. Le papier a, de ce fait, de la valeur et les lecteurs y ont encore adhéré. L'avenir des journaux semble tourner actuellement vers la complémentarité avec les nouveaux supports électroniques. Et afin de faire face à cette déroute de clientèle, à cette perte de lecteurs, la presse écrite a essayé de récupérer les internautes, qui ont été auparavant leurs lecteurs, en concevant leur propre réseau d'information. Dans ce contexte, le nombre de visiteurs des sites d'information créés par certains journaux tunisiens en accès gratuit sur Internet a monté subitement et de manière importante. Ainsi, on remarque à partir des données d'Alexa et Google Ad Planner à la date du 31 mars 2011 que la majorité de ces médias ont connu une augmentation remarquable de leurs visites via le net. Ce qui prouve que même si les moyens de lecture sur le net diffèrent de celles sur le papier, les internautes exigent encore un contenu rédactionnel véridique. Ceci n'exclut pas le fait que la presse traditionnelle se trouve devant un virage et face à des défis immenses. Il faut prendre en considération tous les détails, tenir compte des attentes de l'audience, améliorer la qualité et l'intelligibilité de l'information, ainsi que le développement du support électronique. La presse ne peut plus se limiter de sa mission classique en tant que fournisseur d'informations. Elle doit utiliser les nouvelles technologies, personnaliser l'offre et favoriser l'échange avec ses lecteurs afin de les fidéliser. L'enjeu de la presse aujourd'hui est de se réaffirmer dans un monde où presque tous prétendent être des cyber-journalistes à travers les blogs et les réseaux sociaux, où les scoops ne sont plus couverts par les journaux traditionnels, plutôt par les citoyens eux-mêmes. Ceci a été mis en évidence lors la révolution où la fiabilité des témoignages de la rue remettait en cause les médias classiques. La presse écrite doit être également la référence, un moyen de validation, dans un afflux immense d'informations, vraies ou moins vraies, transmises par le web. In fine, les défis à relever sont multiples, avec une audience qui ne veut plus payer pour des informations qu'elle trouve gratuitement par ailleurs. La presse doit être préparée à un avenir sans papier, une vision réellement multimédia. Sans aucun doute, la transposition de l'édition imprimée sur internet ne suffit pas. Aujourd'hui, dans la plupart des journaux classiques, même avec le lancement de leurs propres sites d'information, la réactivité avec les lecteurs est quasi absente. Le courrier des lecteurs reste assez faible. Le vrai défi, aujourd'hui, sera alors d'animer ces réseaux d'information par des " chats ", des forums ou n'importe quel outil qui engendrera un nouveau souffle de vie pour une meilleure information.