Nizar Jlidi, directeur de l'Abwab théâtre à Tataouine, l'Institut italien de culture et la Délégation Wallonie-Bruxelles en Tunisie proposent Sola andata, de la Compagnie du Campus, une pièce de théâtre-action jouée par des comédiens belges, d'origine italienne. Le spectacle a été donné hier à la maison de la culture Ibn-Rachiq en langue française, et se reproduira, ce soir mercredi, en langue italienne. D'autres représentations auront lieu au complexe culturel de Tataouine à 19h00, le vendredi 26 mars (en langue italienne) et le samedi 27 de ce mois (en langue française), dans le cadre des Journées internationales du théâtre. La compagnie du Campus est née en 1970 d'un noyau de comédiens amateurs du Jeune théâtre de l'Université libre de Bruxelles. Leur but était de réaliser des formes théâtrales avec des publics les plus divers, y compris les plus défavorisés. En Belgique, cela s'appelle le théâtre-action. Ce genre de 4e art part du vécu quotidien et immédiat des gens qui n'ont pas le pouvoir matériel ou culturel de montrer ce qu'ils pourraient être. Le Campus crée des œuvres autonomes qui se forgent dans des ateliers de création théâtrale. Les spectacles réalisés avec des non-professionnels du théâtre maintiennent à tout moment le lien entre ce qui est dit et montré et ceux ou celles qui disent et montrent. Dans les années 80, Franco Dragone, le créateur, mondialement connu du cirque du Soleil, a animé les ateliers du Campus et participé à la création des spectacles de la compagnie. Près de trente années d'expérience ont amené la compagnie du Campus à développer un axe international. Les relations internationales se développent principalement avec le Québec, la France et surtout l'Italie, où la compagnie du Campus est chargée par Wallonie-Bruxelles international d'un programme de développement du théâtre-action. Sola Andata est à la fois œuvre de mémoire et pamphlet contre les cérémonies de l'amitié belgo-italienne qui font peu de place à la détresse des paysans et ouvriers italiens, réduits à la misère après vingt ans de fascisme et qui, achetés pour trois sacs de charbon, sont devenus mineurs afin de faire gagner à la Belgique, à peine sortie de cinq années d'occupation nazie, cette autre guerre économique mais pas moins cruelle : la bataille du charbon. Sola Andata est donc un spectacle où un maître de conférences rencontre un bateleur dans un colloque «qui finit par devenir un spectacle». Il y a là une critique drôle et acerbe de l'exploitation des mineurs italiens en Belgique, miroir de l'actualité, faite d'autres immigrations et d'autres exploitations. Le spectacle est présenté avec le soutien du ministère tunisien de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, la présentation multilingue de Sola Andata est une façon originale de dire la solidarité qui doit prévaloir entre toutes les grandes langues du monde. Car la diversité culturelle passe par la pluralité des langues.