Crise du drapeau à Radès : Incarcération de l'ex-président de la Fédération de natation et d'un directeur    Tunisie – Belaati : Nous œuvrons à reconstituer le cheptel bovin    Tunisie – La loi relative à l'organisation des ONG's examinée dans un CMR    Tunisie – Depuis le 1er janvier : Les douanes ont opéré des saisies d'une valeur de 179 millions de dinars    Tunisie – Le représentant légal d'IFM convoqué à El Gorjeni    Tunisie – Sfax : Un jeune homme retrouvé é-g-o-r-g-é chez lui    Tunisie : 5 universités classées parmi les meilleures au monde    Assurances AMI annonce un chiffre d'affaires de 45 MD au premier trimestre    Falsification de diplômes dans la fonction publique : Kais Saied passe à l'action    Le Chœur de l'Opéra de Tunis présente le spectacle "Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie"    La French Tech Tunis organise la 2e édition de CONNEX : Employer l'IA pour un avenir durable    Guterres réitère son appel pour un "cessez-le-feu immédiat" à G-a-z-a    Bassem Ennaifer : le déficit budgétaire diminuera très légèrement en 2024    Tout ce qu'il faut savoir sur la tempête solaire    Le président de la RDC reçoit les lettres de créance du nouvel ambassadeur tunisien    Grève générale des avocats en Tunisie après l'arrestation de Sonia Dahmani    Tunisie : Prolongation de la garde à vue de 48 heures pour Bourhene Bsaies et Mourad Zghidi    Tournoi KIA Tunis Open du 13 au 18 mai 2024 : Le sponsor officiel UBCI vous fait gagner des places!    Au-delà des politiques gouvernementales et stratégiques : Les énergies renouvelables, un grand potentiel insuffisamment exploité    L'Inde atteindra une croissance remarquable malgré les défis structurels    Présidence du gouvernement : «La réduction du temps de travail n'est pas à l'ordre du jour»    Météo en Tunisie : Ciel nuageux, pluies éparses    6 décès et 390 blessés seulement en 24 heures    Assurances CARTE: Une AGO se tiendra le 11 juin 2024    Démantèlement d'un réseau de trafic de drogue opérant entre Pantelleria et Bekalta    Faouzi Benzarti de retour sur le banc du CA    Cérémonie d'ouverture de la 77e édition du Festival de Cannes, demain à L'Agora : Une soirée prestigieuse en perspective    «La Mémoire, un continent» au Musée Safia-Farhat : Réminiscences artistiques...    Avant-première de «Le Petit Prince», pièce de Taher Issa Ben Larbi : Un beau spectacle pour tous les âges    Expatriés : L'Europe validée pour Skhiri    Ligue 1 – Play-off – 7e journée – EST-ESS (3-2) : L'Espérance renverse la table    22 000 tentatives d'entrée illégale détectées aux frontières tunisiennes en 2024    ARP : les élus s'offrent une nouvelle prime de trois mille dinars    DECES : Ghazi MABROUK    Décès du premier patient ayant subi une greffe de rein de porc    De la ligne de but à la ligne de conduite : Entraîneur de gardiens, un poste à part entière    Nabeul: Caravane de santé multidisciplinaire à Beni Khalled [Photos]    Espagne – Elections en Catalogne : Perte majeure pour les séparatistes, avancée des socialistes    Pourquoi Poutine a choisi un économiste à la tête du ministère de la Défense russe ?    300 000 réfugiés palestiniens forcés à quitter Rafah : l'UNRWA lance l'alerte    Incident du drapeau : arrestation du président de la Fédération de natation et d'un autre responsable    Exportation de pastèques : Où se place la Tunisie dans le classement arabe et mondial ?    On a la date des JCC, pilotées par Farid Boughdir et Lamia Guiga    Ahlem Boussandel Jammali: Penser le musée...    Alerte mondiale : La Terre secouée par une tempête géomagnétique de niveau 5    Le ministère des Affaires culturelles révèle la date da la prochaine édition des JCC    Nouvelle secousse sismique à l'ouest d'Alger    Bob Marley : 43e anniversaire de la disparition de l'icône du reggae    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Révolution du jasmin : Que veulent les peuples arabes?
Opinions


Par Noureddine Ketari*
La rapidité avec laquelle ce parfum de jasmin de Tunisie s'est répandu à travers le monde arabe a surpris. Partout depuis le 14 janvier 2011, c'est un «Dégage» énoncé à l'impératif et avec tutoiement, pour signifier un ras-le-bol contre l'oppression, la corruption, la pauvreté et une volonté populaire jusque-là inaudible avec «Le peuple veut la chute du régime», la liberté et la dignité scandée avec un accent tunisien.
Et les grandes puissances de s'interroger, inquiètes : Comment les peuples arabes, jusque-là si dociles, sont-ils soudain devenus unanimes pour «vouloir» tous en même temps l'accès à la démocratie et aux libertés? Qu'en sera-t-il de leurs intérêts jusque-là garantis par les gouvernants invités à partir ?
Dans la cocotte-minute qui vient d'exploser, tous les ingrédients étaient là: les atteintes à répétition au Coran et les caricatures du Prophète Mohamed ont provoqué chez les musulmans une très grande colère qui, faute de libertés, s'exprimera dans la rue, d'où apparemment l'origine de l'appellation «Rue arabe» pour désigner l'opinion publique arabe .Leurs gouvernants ne sauront pas rappeler à haute voix que Moïse et Jésus sont des prophètes et que les musulmans s'interdiront de les caricaturer en représailles. Ils ne sauront pas obtenir le respect des croyances de leurs peuples. C'est le motif d'une première cassure entre gouvernants et gouvernés
Par la pratique des deux poids et deux mesures et des doubles standards, les Arabes se rendront compte que les droits de l'Homme s'entendent comme ceux de l'Homme blanc, juif ou chrétien. Les résolutions de l'ONU ne sont jamais votées contre Israël même en cas de culpabilité avérée et quand elles le sont, cela ne prête jamais à conséquence.
Le partage de la Palestine ne sera pas mis en œuvre et la colonisation continuera… Après la chute du mur de Berlin, l'Islam remplacera le communisme comme ennemi du monde libre et les musulmans seront individuellement et collectivement tenus pour responsables des événements du 11-Septembre, et comme le dit La Fontaine dans sa fable «Le loup et l'agneau», «Si ce n'est toi, c'est donc ton frère». Un nouveau mur surgira. On le baptisera «barrière de sécurité» et l'on conviendra que certains murs sont moins honteux que d'autres, etc.
Un nouveau vocabulaire politique apparaîtra pour designer les Arabes et les musulmans : islamistes, terroristes, extrémistes, intégristes, et d'autres istes….
L'islamophobie n'est ni punie ni dénoncée. Elle est même encouragée, le foulard islamique, le voile ,le halal et la hauteur des minarets animent les débats politique. Ah si l'on pouvait inventer un autre islam où l'on prierait en latin… tandis que les concepts de sionisme, les propos antisémites, l'holocauste, le casher sont encadrés par des lois….. Les Arabes ont subi cela pendant de longues décennies.
Au niveau économique, les pays arabes sont essentiellement des fournisseurs de pétrole, des acheteurs d'armes et de blé. «L'acheteur» ou «le fournisseur» sera souvent le chef de l'Etat lui-même. Il sera promu au rang de partenaire, entretenu, choyé et au besoin corrompu, sachant que ses avoirs seront déposés dans les banques occidentales et gelés à la fin de son mandat sinon avant.
Le principal avantage dont il bénéficiera toutefois sera d'avoir la main libre chez lui.
On vous présentera l'un comme «le sage chef de file des modérés», l'autre comme «le rempart contre le terrorisme».Tandis que le troisième sera diabolisé et suspecté de «terrorisme» en attendant qu'il se conforme aux directives.
Progressivement, les gouvernants arabes apprendront à détenir leur légitimité non par les urnes—les élections étant systématiquement falsifiées— mais par des puissances étrangères qui les appuient dans tout ce qu'ils entreprennent chez eux : un monde arabe tenu par des dictateurs eux-mêmes bien tenus en laisse est tellement plus rassurant ! Cette nouvelle légitimité sera ressentie par les peuples arabes comme une humiliation et un affront de tous les matins.
Mais voilà que, grisés par leur puissance, ces gouvernants se prennent à rêver de présidence à vie, et de République héréditaire, et à se livrer, avec leurs familles constituées en clans, au pillage de leurs pays et à des abus de toutes sortes. Partout dans le monde arabe les démarches sont identiques. Les peuples viendront à la conclusion que pour retrouver leur dignité, il ne sert à rien de critiquer les grandes puissances. La racine du mal se trouve chez leurs gouvernants.
C'est là que réside l'une des principales explications de la Révolution arabe
Les chaînes de télévision privées, dont certaines louent leurs antennes à l'heure aux différentes oppositions exilées, joueront un rôle essentiel dans le partage de ces frustrations. Elles rapprocheront les intellectuels, feront commenter les évènements au point que le journal télévisé d'Al-Jazeera durera près de deux heures tous les soirs suivi par des millions de téléspectateurs à travers le monde. Peu à peu, ces intellectuels et la foule des téléspectateurs se détourneront des chaînes francophones ou anglo-saxonnes qui façonnaient leurs opinions. Désormais, ce sont les chaînes arabes qui feront valoir la vérité, image à l'appui.Cette audience leur permettra d'ailleurs de passer de l'information à la suggestion .
Une opinion publique arabe et musulmane émergera peu à peu et un mépris réciproque s'installera entre gouvernants et gouvernés.
Les Arabes réalisent que leurs problèmes sont les mêmes; chez les producteurs de pétrole, le chômage et la pauvreté sont aussi importants. Si géographiquement le pétrole est arabe, économiquement il est ailleurs. Partout les répressions et l'obscurantisme sont les mêmes et rien aux yeux des gouvernants ne semblait pouvoir perturber leur tranquillité.
Mais les Arabes-sujets continueront à s'ouvrir sur le monde, Tunisiens et Egyptiens en tête. Les droits de l'Homme et la liberté d'expression seront appropriés et le régime israélien aura beau être désigné comme la seule démocratie du Moyen-Orient, cela n'impressionnera plus personne. Ils sauront faire. Facebook connaîtra ses jours de gloire en Tunisie. La liberté d'expression sera la première conquête et le principal outil de la révolution.
Ben Ali pensait tout contrôler. Il avait sous-estimé le génie de son peuple et pensait pouvoir se faire passer pour le successeur de Jugurtha ,de Saint Augustin, d'Ibn Khaldoun et de Bourguiba. Pure prétention .La détermination des Tunisiens le contraindra à la fuite. C'était le coup d'envoi de cette révolution qui, comme une traînée de poudre, s'étendra à tout le monde arabe. Mêmes causes, mêmes effets ! Le chemin est tout tracé : les Egyptiens exigeront le départ de Moubarak 11 jours après celui de Ben Ali. Ce que la Tunisie a su faire l'Egypte le fera et il dégagera. En moins de trois mois, rares sont les pays arabes qui auront échappé au mouvement. On aura beau disserter sur les différences entre toutes ces révolutions, mais au final, c'est la révolte contre le despotisme archaïque, la corruption, la pauvreté et la dépendance.
C'est l'espérance de libertés, de dignité, de justice, et d'un niveau de vie meilleur
Jasmin ou Cactus ?
Les Tunisiens ont fait la démonstration que la révolution était possible et l'histoire retiendra leur contribution au progrès du monde arabes, et de l'Humanité
Ce qui intéresse les sociétés arabes, c'est d'abord de vivre leur dignité et leur liberté .Elles viennent de prendre l'Occident au mot, et voudront elles aussi se réclamer et défendre ces principes universels des droits de l'Homme. Elles voudront récupérer leur indépendance confisquée et se sentir respectées.
Tôt ou tard, tous les pays arabes auront leur révolution, avec des degrés de réussite qui différeront et qui prendront plus ou moins de temps mais rien ne sera jamais plus comme avant. Il est peu probable à l'avenir qu'un gouvernant arabe puisse falsifier impunément des élections, prendre des décisions d'importance majeure sans s'assurer du consentement de son peuple, souverain. Fini aussi le temps des despotes corrompus. Un peu prétentieuse, la Tunisie continuera à montrer le chemin.
Libre à ceux qui voudront continuer à palabrer sur l'incompatibilité de l'islam avec la démocratie et la modernité de le faire…
Ce que l'Occident n'a pas prévu, c'est l'appropriation des droits de l'Homme par les sociétés arabes dans le processus de leur mondialisation.
Un ancien locataire du Quai d'Orsay déclarera : «Nous avons cru que les Arabes avaient une prédisposition naturelle à la servitude et nous n'avons rien vu venir». Son successeur proposera une assistance technique aux services de la police … au nom de l'amitié.
La combinaison des trois facteurs traditionnels : Israël, le pétrole et le partage des zones d'influence au Moyen-Orient, expliquera la diversité des réactions des grandes puissances à l'égard de ces révolutions. Celles-ci ne se font ni au nom de l'islam ni contre Israël mais pour les libertés universelles et tous les pays arabes ont déjà procédé à des réformes politiques et sociales préventives. Des projets de constitutions, des levées d'état d'urgence datant parfois de plussieurs années, des baisses de prix … Merci Bouazizi  et les contre-pouvoirs sont partout en place, vigilants, exigeants pour la suite du programme.
Ce qui changera pour les grandes puissances, c'est qu'à la fin d'un parcours qui risque d'être plus long et plus compliqué qu'il ne peut paraître, il faut en convenir, et au terme des résistances et de contre-révolutions prévisibles, le vis-à-vis sera de moins en moins  «un dictateur de service»,et de plus en plus «le peuple souverain» qui voudra d'abord être digne et respecté .


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.