Abdelkader Jedidi nous présente tous les soirs un candidat et un parti. Cette émission très intéressante et bien présentée nous fait découvrir nous-mêmes car elle reflète notre pluralité de pensées ainsi que les variantes de la société tunisienne aujourd'hui. Ces gens que nous voyons dans ce programme télévisé sont ceux qui dirigeraient le pays dans moins de 3 mois et cela peut légitimement susciter des interrogations qui s'imposent à notre esprit. Ainsi, par exemple, comment peut-on être baâthiste aujourd'hui lorsqu'on voit que ce parti a lamentablement échoué en Syrie et en Irak? Comment peut-on admirer Saddam Hussein qui a massacré des millions d'Irakiens et envoyé des millions d'autres mourir sur les champs de bataille de trois guerres ? Il faut dire que les courants de pensées qui animent la société tunisienne aujourd'hui sont plutôt étranges, ainsi nous voyons un parti républicain qui se recommande des républiques romaines, une conception sans doute brûlante d'actualité. On voit des partis nationalistes fleurir dans un pays qui n'a ni minorités ni problèmes frontaliers et qui ne sont pas dérangés de l'associer au panarabisme, oubliant que toutes les expériences de panarabisme ont échoué à cause du nationalisme Nous voyons des partis islamiques revendiquant la Charia c'est-à-dire à proprement parler le gouvernement des juges qui, malgré cela, sont pour la séparation des pouvoirs politiques et autres faisant le grand écart intellectuel pour concilier Islam et tourisme ou Islam et liberté de la femme en évitant bien sûr de parler de la liberté de l'avortement. Nous avons aussi vu un parti promouvoir le socialisme scientifique, un terme peu clair dont Marx lui-même ne s'est jamais réclamé, d'autres d'inspiration trotskyste veulent supprimer les logements particuliers. On appréciera cela dans un pays où 80% de la population est propriétaire de son logement. J'éviterais de parler des nouveaux partis qui sont le RCD sous une autre appellation car on en a déjà beaucoup parlé. De même, je n'évoquerais pas certains anciens partis d'opposition qui n'étaient que des faire-valoir à la solde de Ben Ali, sans idéologie et sans idées. Tout cela ressemble à un méli mélo d'étudiants attardés qui ont attendu des années avant de pouvoir exprimer au grand jour leurs idéologies et qui n'ont pas remarqué qu'entre-temps le monde a changé et que ces idéologies appartiennent aujourd'hui à l'histoire. Ils n'ont pas remarqué que s'ils peuvent s'exprimer, c'est parce que des jeunes se sont exposés aux balles et sont tombés en martyrs parce qu'ils voulaient vivre. Ces jeunes ont des besoins tangibles, leur seriner des idéologies plus ou moins fumeuses est un mépris à la grandeur de leur sacrifice. Après tout que demandent-ils? Pas grand-chose, du travail et de la dignité. Ces jeunes qui aujourd'hui commencent à se demander sérieusement si malgré le grand nombre de partis, au moment du vote, ils auront vraiment le choix?