Un grand nombre de familles libyennes continuent d'arriver à Kairouan où tout le monde s'est mobilisé pour les accueillir dans des conditions très satisfaisantes. D'ailleurs, le mouvement de solidarité est très important grâce à la campagne de sensibilisation menée par tous les membres de l'alliance des associations civiles de Kairouan pour inciter les Kairouanais à accueillir comme il se doit tous les réfugiés. M. Najeh Methnani, chargé de la communication, nous confie dans ce contexte qu'en l'espace de 2 heures, l'alliance a reçu des propositions émanant de 12 familles désireuses d'accueillir des familles libyennes. Pour en savoir un peu plus sur ces conditions d'accueil, nous nous sommes rendus chez Mme Fafani Mestiri, 70 ans, habitant seule dans une grande maison à la cité route de Haffouz étant donné que tous ses fils, mariés, vivent ailleurs. Ainsi, elle a accueilli avec beaucoup de joie une famille libyenne originaire de Naffoussa et composée de 15 membres : une dame âgée de 75 ans accompagnée de ses 6 filles, ses 4 brus, ses 3 petits-enfants et un seul gendre étant donné que les autres sont restés dans les montagnes libyennes pour combattre les forces pro-Gueddafi. Nous avons été d'emblée attirés par la propreté des différentes chambres. En outre, tous les équipements et le matériel de cuisine sont en très bon état. Partout des matelas placés sur des tapis et des lits pour les enfants : «Je leur ai ouvert les portes de ma maison en leur disant de me laisser juste un lit pour dormir et de disposer de le tout le reste. Après tout, ce sont nos invités qui ont fui les terreurs de la guerre. Que Dieu nous en préserve !», nous confie Mme Mestiri. Dans la salle de séjour, sous les lumières feutrées des lustres, des scènes chaleureuses rivalisent d'éclat avec les féeries d'un vrai foyer. On bavarde, on regarde la télé, on commente les événements du jour et on lit des histoires pour les enfants. Melle Mériem Ali, institutrice à Naffoussa, âgée de 22 ans, n'a pas tari d'éloges quant à l'accueil des Tunisiens à qui elle exprime ses sentiments de gratitude, avant d'ajouter que cela fait plus de 2 mois que son école est fermée et que personne ne reçoit plus de salaire. «Mais ici, chez Mme Mestiri, nous retrouvons le sourire et la quiétude : chaque fois que je la regarde, un bonheur indicible m'envahit. L'amour que nous lui portons la rend irremplaçable. Dans la vie, les sentiments seuls importent et non le hasard des alliances et du sang…», nous confie Mériem, les larmes aux yeux. Soirée culturelle Jeudi 5 mai, en fin d'après-midi, les membres de l'alliance des associations civiles de Kairouan ont organisé, à l'esplanade Bab Jelladine, une manifestation culturelle pour divertir les hôtes libyens et pour récolter des dons qui serviront à organiser un convoi humanitaire pour Dhehiba. Un grand nombre de Kairouanais et de Libyens étaient présents à cette manifestation animée par les membres de la troupe Bachaïer El Fen de musique de Sousse, dirigée par Kamel Sadek, qui ont interprété des chansons engagées, mais aussi celles de Marcel Khalifa et de Chikh Limam. Puis l'on a assisté à une joute poétique où on a évoqué l'amitié tuniso-libyenne et la révolution des 2 pays. Et les étudiants de l'Isam ont participé à cette activité avec des affiches, des dessins et des aquarelles où on pouvait lire : «We want freedom». Notons qu'un grand nombre de citoyens ont profité de cette fête populaire pour apporter des paquets de lait, des conserves de tomate, du couscous, de l'huile, du fromage, du sucre, du thé sans oublier de l'argent. Un accueil privilégié pour des hôtes reconnaissants…