Le paysage médiatique est encore manipulé par les ennemis de la liberté et les partisans de la dictature. En effet, les incessantes attaques et menaces que subit Radio «Kalima» témoignent que nos médias sont encore prisonniers des méthodes archaïques et moyens détournés du régime déchu pour dissimuler la vérité. Lesquelles méthodes persistent encore, basées sur la répression, le fanatisme et l'exclusion. C'est ce qu'a dévoilé M. Omar Mestiri, dirigeant de ladite radio, lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Tunis. En présence de Mme Sihem Ben Sedrine et de certains journalistes, il a fait savoir que la radio a été hier l'objet d'un blocage d'une heure sur le Net, dont les artisans ne seraient que des internautes chevronnés, vu la minutie de leur action. M. Mestiri a également noté que la radio n'a pas encore eu son visa pour exercer dans le cadre d'une entreprise médiatique indépendante et autonome, qui respecte la déontologie de la profession et travaille pour le bien de la Tunisie et des Tunisiens. D'où son incapacité à assurer à son personnel des conditions de travail respectables et propices à la réussite. «On est une radio indépendante qui exerce suivant des options de principe de tout temps immuables pour nous, à savoir intégrité et transparence. C'est pourquoi l'on essaie de nous exclure du paysage médiatique national. Notre indépendance nuit à certains et notre transparence nous vaut des campagnes de culpabilisation et des agressions perpétuelles. D'ailleurs, la journaliste Marwa Rekik est encore à l'hôpital, ayant été agressée par la police politique. Cette dernière existe encore et n'hésite point à réprimer les esprits libres. Sachant qu'elle a accusé Sihem d'avoir été à l'origine de la diffusion des dernières déclarations de M.Farhat Rajhi. Tout cela pour nous intimider et nous exclure du paysage médiatique national. Notre siège est constamment contrôlé et nos journalistes sont continuellement poursuivis. Mais, nous continuerons notre combat pour l'indépendance de la presse et la liberté d'expression», a observé l' intervenant. Pas d'élections libres en l'absence de médias indépendants De son côté, Mme Sihem Ben Sedrine, co-dirigeante de la radio, n'a pas omis d'expliquer la simultanéité de l'attaque et de la promulgation de la loi portant privation des anciens cadres du RCD de se présenter aux futures élections, par une tentative de vengeance ciblant non seulement Radio Kalima, mais aussi, toutes les institutions médiatiques qui osent dévoiler la vérité. «La haute Instance de réforme de l'information et de la communication dont la mission est de promouvoir notre paysage médiatique, nous contrecarre en refusant de se prononcer clairement et définitivement sur la question de notre visa pour la diffusion sur FM. Apparemment si ce n'est certainement, elle est soumise, en la personne de son président, à d'autres parties qui agissent dans l'ombre. Sinon, comment explique-t-on les barrières qu'on nous impose ? Tantôt, on nous accuse de manque de professionnalisme, tantôt on nous reproche le manque de transparence de nos sources de financement. Alors que nos sources de financement sont bien légales et transparentes. Par conséquent, la question qui me saute à l'esprit est la suivante : à qui profite l'exclusion ? Dans ce sens, il faut dire que les impliqués dans vingt trois ans de dictature, de tyrannie, de dissimulation des vérités et de nivellement par le bas du discours médiatique seraient, à plus forte raison, de la partie. Sur ce, on est tous appelés à nous méfier de ces gens-là et à lutter contre toutes formes d'instrumentalisation par la violence. Ils essaient de négocier notre sécurité par une soumission complète à leurs projets politiques. Mais ils ont tort. Les Tunisiens sont prêts à sacrifier tout ce qu'ils ont de précieux pour leur dignité et leur liberté. Tous les handicaps que l'on nous crée visent à nous empêcher de participer à la couverture des prochaines élections, étant une radio indépendante de tous, qui n'exerce qu'en fonction de ses principes et ses convictions. Cela ne fera qu'affecter la crédibilité de l'opération électorale. Ce qui nous amène à conclure que l'Instance supérieure pour la réforme de l'information et de la communication s'est compromise dans un jeu politique, qui n'est point le sien et contredit sa vraie mission. Tout ce qu'on demande est une simple autorisation pour exercer conformément à la loi et à la déontologie de la profession. Or on nous prive de ce droit alors que l'on vient de remporter un grand prix journalistique à Vienne. Cela est à vrai dire intrigant», a noté l'intervenante. S'agissant des menaces et agressions dont ont fait l'objet les journalistes de Kalima, Moëz, jeune reporter, a souligné que la police politique les attend constamment au tournant et n'hésite point à les terrifier usant de toutes les méthodes. «Hier, croisés à quelques mètres de notre siège, deux hommes vêtus d'uniformes militaires m'ont menacé, usant de propos acerbes, du pire au cas où j'évoquerai encore un sujet se rapportant à l'armée».