• 38 morts MOSCOU (Reuters) — Un double attentat-suicide a été perpétré dans des rames du métro de Moscou, hier matin à l'heure de pointe, faisant au moins 38 morts et 64 blessés, selon un bilan provisoire. Le Premier ministre Vladimir Poutine a interrompu un déplacement en Sibérie pour rentrer dans la capitale en promettant que les «terroristes seront anéantis». Deux femmes, d'après les enquêteurs, ont déclenché leurs explosifs à l'intérieur de deux trains bondés, provoquant la panique dans les stations envahies par une épaisse fumée. Le directeur du Service fédéral de sécurité (FSB), Alexandre Bortnikov, a expliqué que les bombes contenaient des boulons et de la ferraille pour faire le maximum de victimes. Ces attentats, qui sont les plus meurtriers depuis six ans dans la capitale russe, n'ont pas été revendiqués mais Bortnikov les a liés aux troubles du Nord-Caucase, où le Kremlin combat plusieurs foyers d'insurrection islamiste. «On a trouvé des restes humains appartenant à deux femmes kamikazes (...) et selon les premiers éléments, ces personnes ont un lien avec le Nord-Caucase», a déclaré le chef du FSB. «Un crime terrible par ses conséquences et haineux dans son mode opératoire a été commis», a déclaré Vladimir Poutine de Sibérie, avant de repartir pour Moscou. «Je suis certain que les agences de maintien de l'ordre ne négligeront aucun effort pour traquer et punir ces criminels.» Le Président Dmitri Medvedev a ordonné le renforcement des mesures de sécurité dans tout le pays et promis de lutter «jusqu'au bout et sans hésitation contre la terreur». Panique La première explosion s'est produite peu avant 08h00 (04h00 GMT) et a détruit le deuxième wagon d'une rame de métro arrêtée à la station Loubianka, dans le centre-ville, près du quartier général du FSB. Elle a fait au moins 23 morts. Une seconde explosion est survenue une quarantaine de minutes plus tard à la station Park Koultouri. Elle a également frappé le deuxième wagon d'une rame, faisant 12 morts. Trois autres personnes sont décédées à l'hôpital. Parmi les blessés, une trentaine sont dans un état grave et le bilan pourrait donc encore s'alourdir. Des images de caméras de surveillance, diffusées sur internet, ont montré des corps inanimés allongés dans l'entrée de la station Loubianka, où les victimes étaient prises en charge par des équipes d'urgentistes. «Les gens hurlaient», a déclaré un témoin à la station Park Koultouri. «En deux minutes, la fumée a tout envahi.» Certains blessés ont été évacués par hélicoptère vers les services des urgences des hôpitaux, d'autres étaient conduits vers les ambulances alignées à l'extérieur des stations. Avec ce bilan provisoire, ces attentats sont les plus meurtriers à Moscou depuis février 2004, lorsque 39 personnes avaient péri et une centaine d'autres avaient été blessées dans une attaque-suicide dans le métro. Cette attaque avait été imputée aux séparatistes tchétchènes. Menaces en février Le Kremlin a clamé victoire dans la guerre contre les rebelles islamistes en Tchétchénie mais le chef des insurgés, Dokou Oumarov, qui combat pour l'établissement d'un émirat islamique sur l'ensemble du Nord-Caucase, a juré à la mi-février de porter la guerre jusque dans les villes russes. «Le sang ne se limitera plus aux villes du Caucase. La guerre viendra dans leurs villes», a-t-il dit dans une interview diffusée par le site rebelle islamiste kavkazcenter.com. Moscou affronte d'autres rébellions dans les républiques voisines du Daghestan et d'Ingouchie. A Washington, Barack Obama a condamné des attentats «haineux» en assurant que «le peuple américain était aux côtés du peuple russe dans son opposition à l'extrémisme violent». Le Président français Nicolas Sarkzoy a également dénoncé «avec la plus grande vigueur cet acte lâche et ignoble». Le lycée français de Moscou se situe non loin de la station Loubianka mais il ne semble pas y avoir de victime françaises selon l'ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty. Interpol a annoncé qu'elle mettait «toute son aide et ses ressources» à la disposition des autorités russes. Dans un communiqué, l'organisation policière internationale, dont le siège est à Lyon, condamne de la manière «la plus forte possible», les attentats dans le métro de Moscou. «Des attaques méprisables et insensées visant le public».