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Historique et état des lieux
Demain, Journée internationale des musées (I)
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 05 - 2011


Par Houcine JAIDI*
LE 18 mai est la date choisie par le Conseil international des musées (Icom), en 1977, pour célébrer la Journée internationale des musées. Depuis l'institution de la Journée, de nombreux thèmes ont été mis en exergue. Ainsi par exemple, en 1997, la devise était ''La Lutte contre le trafic illicite des biens culturels''. Pour 2011, le thème retenu par l'Icom est ''Musée et Mémoire''. Le communiqué du ministère de la Culture dont une dépêche de l'agence TAP s'est fait l'écho, en date du 10 courant, ne fait état d'aucune programmation en rapport avec le thème de la célébration de cette année et mêle à la programmation relative aux musées des visites de sites archéologiques auxquels une Journée internationale des monuments et sites est dédiée chaque année le 18 avril. Une manifestation soutenue par le département en charge de la Culture a choisi de traiter, le 18 courant, du ''Trafic illicite des biens culturels en Tunisie''. Ce thème, certes d'une actualité brûlante en Tunisie, n'aurait pas dû, aussi important soit-il, occulter la devise retenue cette année-ci par l'Icom. Faut-il rappeler que la mémoire qui est intimement lié à l'identité soulève, dans ses rapports avec les musées, plus d'une question cruciale : que choisir comme objets de musées pour préserver la mémoire ? Comment intéresser le public aux objets qui racontent la mémoire collective ou celle d'une partie de la population ? Et d'abord, de quelle mémoire s'agit-il ? Jusqu'où remonter dans le temps ? Quelles cultures aborder ? Ces thèmes qui ne relèvent bien évidemment pas de la seule compétence des musées ont amené, cette année, l'Icom à s'associer, pour la célébration de la Journée internationale des musées, à des partenaires qui gèrent des supports importants de la mémoire : bibliothèques, établissements de conservation des archives… Ces programmations internationales marquées à la fois par le ciblage précis du thème et l'ouverture au partenariat ont pour pendant en Tunisie, un bouillonnement intellectuel en rapport avec la Révolution que vit le pays et dont l'une des thématiques majeures est celle de la mémoire. Tout récemment, l'un des meilleurs historiens tunisiens de sa génération, le professeur Hassine Raouf Hamza, a expliqué, d'une manière éminemment éclairante, d'abord dans le cadre d'une interview publiée par un journal de la place en date du 13 et du 26 avril dernier et puis dans une conférence donnée à la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l'information, le 13 courant, les enjeux vitaux des multiples mémoires tunisiennes qui ont surgi au-devant de la scène politique depuis l'hiver 2010-2011. La muséographie coloniale était évidemment orientée ; celle de l'Etat indépendant a été jusqu'ici (quand elle avait un sens quelconque) obnubilée par la construction d'une certaine identité collective jugée nécessaire à la construction de l'Etat national ; celle qui sied au XXIe siècle se doit, pour être en phase avec ce qui fait ailleurs, de placer le public au centre des préoccupations des musées.
Le déphasage de la célébration officielle tunisienne de la Journée internationale des musées tunisienne se constate aussi au niveau de la programmation des festivités, absente du site officiel de l'Icom, alors que de nombreux pays, y compris du continent africain, affichent en détail ce qu'ils ont prévu pour la célébration de la Journée. Ces discordances et lacunes incompréhensibles ne sont en fait que la partie apparente de l'iceberg des maux des musées tunisiens dont la crise pénalise à la fois le visiteur et l'économie du pays tant les musées sont l'une des pierres angulaires du tourisme culturel et du développement régional. Les lignes qui suivent se veulent, après un bref rappel de l'histoire des musées tunisiens, une modeste contribution à la réflexion urgente qui doit avoir pour but la réhabilitation très nécessaire et certainement possible des musées tunisiens. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il serait utile de rappeler trois réalités qui sont très souvent perdues de vue : l'expérience tunisienne en matière de musées est ancienne, multiforme et originale ; les musées les plus importants ne sont pas seulement archéologiques ; la tutelle des musées ne relève pas exclusivement du ministère en charge de la Culture.
Avant l'établissement du Protectorat français, notre pays a connu deux grandes initiatives en matière de création de musées. La première était celle du Père de Lattre qui a créé, en 1875, le Musée Lavigerie de Saint-Louis de Carthage, conçu comme un musée privé et resté comme tel jusqu'au lendemain de l'indépendance. Il s'agit de l'actuel Musée national de Carthage. Quelques mois après l'initiative prise par le Père de Lattre, Kheireddine Pacha, le Premier ministre tunisien, a lancé officiellement un projet de musée archéologique pour lequel il a mobilisé les représentants de l'Etat dans les régions et a transféré ce qui restait de la collection privée d'objets archéologiques confisqués à Mohamed Khaznadar, le fils de Mustapha Khaznadar, le grand prédateur qui avait été le prédécesseur du réformateur tunisien au Premier ministère. Ce projet, initié au début de l'année 1876 et abandonné dès la démission de Kheireddine Pacha de sa fonction de Premier ministre, au cours de l'été 1877, a vu les pièces de sa collection échouer entre différentes mains et dans différents musées de Tunisie et d'ailleurs.
L'établissement du Protectorat français en Tunisie a été rapidement suivi de nombreuses mesures relatives au patrimoine archéologique. L'une des décisions les plus importantes, en ce domaine, a concerné la création d'un musée archéologique. Prise dès 1882, cette décision a été spécifiée en 1885 par un décret beylical qui a établi le Musée Alaoui au Bardo. L'établissement qui a ouvert ses portes en 1888 s'est vu doter d'un règlement en 1891. Il a été rebaptisé ''Musée national du Bardo'' au lendemain de l'indépendance du pays. Œuvre de René du Coudray de la Blanchère, un archéologue français qui s'était d'abord installé en Algérie, le Musée Alaoui a été, dès le départ, conçu d'une manière qui le distinguait nettement des nombreuses expériences développées en Algérie par l'administration coloniale. Ayant pour vocation de centraliser tout ce qui, parmi les découvertes archéologiques faites dans toutes les régions de la Tunisie, était jugé digne d'être montré au public, le Musée Alaoui était d'une envergure, de loin, plus importante que celle du musée archéologique d'Alger et des nombreux musées de sites ou régionaux algériens farouchement défendus par une multitude de sociétés archéologiques. Le contexte colonial a fait du Musée Alaoui avant tout un musée consacré à l'Antiquité surtout romaine (dont la colonisation française se déclarait, y compris par la bouche de ses meilleurs archéologues, ouvertement l'héritière) et particulièrement voué aux pavements de mosaïque qui fondent encore la renommée mondiale du Musée national du Bardo.
De l'époque du Protectorat français datent aussi quelques petits musées archéologiques installés dans certaines villes de l'intérieur du pays (Sousse, Sfax…) et quelques dépôts archéologiques (Utique…). La Tunisie indépendante a enrichi le réseau des musées archéologiques par plusieurs créations qui ont commencé dans les années soixante (Makthar, El Jem, Nabeul, Gafsa, Chemtou…). Certains musées régionaux, comme celui de Mahdia et Raqqada, ont été conçus comme étant à la fin archéologique et ouverts à d'autres composantes du patrimoine (manuscrits, arts et traditions populaires…). Ces créations du ministère en charge de la Culture ont été accompagnées, dès le lendemain de l'indépendance du pays, d'initiatives prises par des municipalités, des associations souvent (mais pas toujours) de sauvegarde des Médinas en vue de présenter au public un patrimoine qui relève le plus souvent des arts et traditions populaires mais qui peut aussi concerner des domaines aussi originaux que la géologie, comme c'est le cas du Musée de la mémoire de la terre à Tataouine. Par ailleurs, des ministères autres que celui en charge de la Culture ont ouvert des musées en rapport avec leurs domaines de compétences. Tel a été particulièrement le cas des ministères de la Défense nationale, de l'Agriculture, des Télécommunications, des Finances et de l'Education nationale. Des musées privés ont été ouverts dans différentes régions du pays, particulièrement celles qui sont bien fréquentées par les touristes.
Les musées tunisiens, tous genres confondus, drainent un public et des ressources financières non négligeables. Certains parmi eux ont bénéficié de quelques réaménagements (Utique) ou d'importants programmes de restructuration (en cours, au Bardo et à Sousse) qui, grâce à un prêt exceptionnel accordé par la Banque mondiale, leur donnera un nouveau souffle en matière d'accueil et d'exposition. Des réalisations relevant de différents ministères forcent l'admiration (le Musée de Chimtou très bien conçu et centré sur la civilisation numide et l'exploitation des carrières de marbre, le Musée de la monnaie dont l'inauguration a été accompagnée de la publication d'un catalogue de haute qualité scientifique, le très pédagogique Musée militaire de Mareth…). Mais le patrimoine national exposé (ou qui devrait l'être) au public offre d'immenses opportunités de développement qui nous paraissent relever surtout des décisions.


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