L'une des caractéristiques du festival international du Sahara de Douz est le colloque qu'il organise chaque année sous l'égide de la Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions. A l'heure où la région se pare de ses plus beaux atours pour fêter son riche patrimoine et affirmer avec fierté une culture arrachée à des conditions climatiques peu clémentes, ce colloque tombe à point nommé pour lancer le débat sur les éléments de cette culture en question. «La tente et le palmier pour le dialogue des cultures et le développement du tourisme et de l'artisanat» est le thème de ce colloque international qui a rassemblé d'éminents chercheurs et universitaires de Tunisie, du Niger, de France, d'Algérie, de Libye, du Koweït et de la Jordanie. La tente et le palmier qui symbolisent la ville de Douz et la culture saharienne ont été donc, trois jours durant, au centre d'un débat enrichissant qui a mis en valeur un lien souvent invisible entre ces éléments et le dialogue des cultures. Pourquoi la tente et le palmier? Dès l'ouverture de ce colloque, le Pr Hassine Fantar, titulaire de la Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions, a déclaré : «Comment naquit l'idée de la tente et par quelle voie doit-elle cheminer pour devenir une réalité concrète? C'est un défi que l'homme réussit à relever. Quoi qu'il en soit la tente est un espace où se déploient certains aspects de la vie matérielle, intellectuelle et émotive pour l'heur et le malheur. Elle est à la fois désir, ambition, hospitalité et grandeur d'âme; elle s'ouvre aux conteurs, aux aèdes, aux mystiques et aux psalmistes. Source d'inspiration multiple, elle incite les poètes à chanter l'amour, le bonheur, la colère et la satisfaction. Elle accueille chaleureusement l'étranger, l'homme du grand chemin et ceux qui vivent l'errance et la peur». En parlant du palmier H. Fantar a ajouté «La présence est attestée sur les tablettes assyro-babylonniennes, sur les stèles de Carthage et ses monnaies ainsi que sur les mosaïques à la palette riche et saisissante. Il est altier dans le décor gravé de l'architecture arabo-islamique. Le palmier dispose, en outre, d'une bonne place dans l'univers religieux, toutes croyances confondues. Il est présent dans l'imagerie des miniatures persanes et dans la décoration du tapis. Voilà ce que nous voudrions mettre en valeur grâce des experts spécialisés». Et les experts se sont passionnément mis à l'œuvre en apportant des éclairages historiques, anthropologique et sociologiques précieux. Des interventions qui ont exploré plusieurs domaines concernant le palmier et la tente. Des domaines allant du champ sémantique, à la poésie en passant par le tourisme et l'écotourisme. Nous citerons à titre d'exemple l'intervention de Marcel Sigrist (France) qui a raconté l'histoire parallèle de ces deux piliers de la culture des pays tropicaux et des nouvelles dimensions qu'ils trouvent dans le société moderne. Celle de Abdelkader Tarabieh, jordanie qui a démontré la survivance des traces du palmier dans l'architecture moderne. Celle de Micheline Gulley qui a analysé la présence du palmier et de la tente dans le geste hilalienne. Celle de Salem Trigui (Tunisie) qui a a analyse la relation triangulaire palmier. Tente, dromadaire qui abrite les plus grandes valeurs des habitants du désert : la modestie; la générosité, la beauté et l'amour.