Si l'EST séduit souvent par ses capacités offensives, nous pointons quand même du doigt un peu de mollesse au niveau défensif Comment l'EST d'aujourd'hui peut-elle profiter du tempérament offensif d'une génération de joueurs aux énormes qualités techniques ? L'exigence de l'élite et du haut niveau fait penser, certes, à l'immédiat. Mais en même temps, il doit exister chez cette équipe une exigence devant le travail à long terme, un état d'esprit à son égard. En faire le sacrifice au nom des résultats risque de conditionner outre mesure le potentiel de tout un groupe. L'on sait que les considérations sportives s'inclinent souvent devant les chiffres. Mais avec des joueurs qui sont dans la force de l'âge, un effectif qui dispose d'une véritable marge de progression, l'on ne doit penser à la nécessité de bâtir, dans la durée. D'autant que l'exploration des terrains inconnus, notamment en compétition africaine, n'est pas encore tout à fait acquise, et encore moins engagée. Il reste que le registre dans lequel les joueurs auraient besoin de s'exprimer passe en premier lieu par l'équilibre entre les trois compartiments de jeu. L'Espérance d'aujourd'hui marque beaucoup de buts, elle évolue souvent dans la zone adverse, mais elle en encaisse aussi. Certes, pas autant que ce qu'elle met dans les filets adverses, mais suffisamment pour que l'on s'interroge sur la valeur défensive de l'équipe, sur l'absence d'homogénéité entre les défenseurs utilisés jusqu'ici, sur le rôle et l'apport des uns et des autres, sur la manière de gérer la pression. Plus l'équipe sera soudée, plus elle pourrait être rassurée. Spectacle et équilibre Il s'agit, au fait, de concevoir la stratégie de jeu avec sa véritable étiquette et sa réelle codification, mais aussi avec la marge de réalisme propre aux besoins de l'équipe. L'arrivée de Coulibaly (si elle se confirme, dans la mesure où rien jusque-là n'est acquis, puisque l'EST proclame son droit après avoir fait signer le joueur ; et le CA fait autant après avoir obtenu l'autorisation de son club, Al Ahly de Tripoli) pourrait constituer une solution pour un meilleur comportement de la défense. Une chose est sûre : l'Espérance ne peut pas gagner n'importe comment. Elle a une responsabilité de résultat, mais aussi de spectacle. Pour cela, elle ne manque pas de prendre conscience du fait que ses supporters sur les gradins ou devant la télé aiment les victoires, tout autant que le jeu. Maâloul doit bâtir son système en fonction des qualités de ses joueurs. Il pense aux résultats tout en y incluant le rapport qu'il entretient avec la qualité du spectacle. Ce qui élargit grandement la dimension du jeu de l'équipe. On voit dans cette réconciliation de l'EST avec les temps du monde et grâce à l'émergence d'une génération de joueurs talentueux, une nouvelle voie destinée à réinventer son football, avec un jeu brillant et gai. Une équipe agressive, pressante, qui se démène sur la pelouse. Des joueurs qui affichent leur solidarité et qui s'autorisent des mouvements offensifs et d'enchaînements encore inédits. C'est un avenir de dignité sportive auquel l'Espérance est en passe d'aspirer…