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Une nouvelle date n'est pas exclue
Interview : Kamel Jendoubi, président de l'Instance supérieure indépendante des élections
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 05 - 2011

• Un chronogramme en conformité avec la loi électorale
• Coût estimé des élections : entre 35 et 40 millions de dinars
Deux jours après le 14 janvier, il prend le premier avion en partance pour Tunis pour rentrer, enfin, dans ce pays qui lui a beaucoup manqué. Un pays qu'il a quitté en 1994 pour s'exiler en France. Kamel Jendoubi, président de l'Instance supérieure indépendante des élections, ne s'imagine pas un jour retourner en Tunisie dans de pareilles conditions, grâce à cette révolution de jeunes qui a ouvert la porte à tous les militants qui ont fui leur pays pour retremper dans l'odeur du jasmin. Privé de passeport, empêché même d'assister aux funérailles de son père, décédé en 2005, événement qui l'a beaucoup marqué, il prit son mal en patience avec l'espoir de revenir un jour se recueillir sur sa tombe. Il s'est d'abord forgé une carrière politique dans les rangs de la gauche avant de débuter un autre parcours, celui des droits de l'Homme. A la tête du Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme et du Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (Crldht) plus précisément. Il a été, également, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives de 1994 à 2004 et membre fondateur du Forum des migrants de l'Union européenne.
Mais il n'a jamais imaginé un seul instant de se trouver au cœur du processus démocratique enclenché en Tunisie, à la tête de la première Instance indépendante des élections. C'est comme dans un rêve, lance-t-il avec un sourire qui trahit un sentiment de fierté qu'il a du mal à cacher. C'est aussi une lourde responsabilité qu'il tient à honorer avec ses collègues, dans le cadre d'un consensus général, mais en conformité avec la loi, sans complaisance à l'égard de quelque partie que ce soit.
Elu à une majorité confortable avec 112 voix sur 126, il est actuellement au-devant de la scène politique nationale. Pour en savoir plus sur les différentres étapes de l'élection de la Constituante et les enjeux du consensus national autour de la date du scrutin, La Presse est allé à sa rencontre. Interview
La controverse continue encore sur la question du report des élections annoncée par l'Instance supérieure indépendante des élections et le débat se fait parfois virulent avec des insinuations qui prennent la forme d'attaque contre votre Instance. Un consensus autour d'une nouvelle date est-il encore possible ?
Une précision importante, d'abord. Nous ne sommes plus dans la logique des élections présidentielles anticipées annoncée par le gouvernement Ghannouchi. Car depuis, un nouveau consensus s'est fait autour des élections d'une Assemblée nationale constituante sur la base d'un nouveau code électoral. Or, ce genre d'élections nécessite beaucoup plus de temps et de logistique. Avec le retard pris dans l'adoption de la loi électorale et sa promulgation, il est devenu impossible de tenir le scrutin dans les délais initialement prévus. D'autant plus que l'ISIE n'a été élue que le 18 mai et que, par conséquent, elle s'est trouvée dans une situation embarrassante, voire intenable. Face à la pression du temps, nous avons élaboré un chronogramme conformément aux deux décrets-lois relatifs au code électoral et à la création de l'Instance. Ce chronogramme tient compte de tous les aspects dont notamment l'organisation des premières élections libres, démocratiques et transparentes de la Tunisie indépendante. Des élections en rupture totale avec le passé comme le stipule le préambule du code électoral, ce qui est, d'ailleurs, une première pour une loi, puisque les préambules sont, généralement, réservés pour les lois fondamentales et les constitutions. Nous allons donc tout construire de nouveau sans même exploiter les données existantes au ministère de l'Intérieur par exemple qui a toujours veillé sur l'organisation des précédentes élections. Partant de là, un planning en 28 points a été préparé et que nous avons présenté à toutes les parties concernées, gouvernement, partis politiques et opinion publique. Ce planning prévoit comme nouvelle date du scrutin le 16 octobre prochain. Et ce n'est pas la faisabilité des élections qui est mise en cause, mais c'est plutôt la date pour les raisons que je viens d'expliquer. Il est évident que ce report ne convient pas à certains partis et je comprends parfaitement leurs soucis. Mais l'Instance qui prend ses décisions en toute indépendance, conformément à la loi, ne peut que s'astreindre à la logique du temps et de la logistique, surtout quand elle se trouve liée par des textes de loi assez rigides qui ne laissent pas beaucoup de place à l'interprétation, comme le fait de présenter les listes de candidatures au moins 45 jours avant le jour des élections(article 25 du code électoral), alors que les listes des électeurs ne sont pas encore prêtes et qu'il faudra au moins 100 jours pour les arrêter.
Toutefois, notre indépendance ne signifie en rien le refus de dialogue avec le gouvernement qui est dans son rôle et sa logique ou avec les partis politiques ou encore le rejet du consensus sur lequel est basée toute la démarche de la transition démocratique. Une nouvelle date pour les élections n'est pas exclue, mais toujours faut-il qu'elle soit dans le cadre de la loi et qu'elle tienne compte de tous les paramètres juridiques, techniques et logistiques. C'est notre conception de l'Etat de droit et des institutions.
Et ces attaques contre l'Instance qui vont jusqu'à remettre en question son indépendance et sa crédibilité. Certains vont même jusqu'à vous accuser d'appliquer un agenda étranger. Comment réagissez-vous face à ces accusations ?
Les critiques constructives sont les bienvenues et tous les membres de l'ISIE sont ouverts aux propositions des uns et des autres. Depuis les premiers jours ayant suivi la révolution, une nouvelle culture commence à s'instaurer, basée sur le dialogue et l'échange entre les différents partenaires. Chose qui n'est pas facile au sortir d'une situation de blocage total et d'unicité du discours. On doit s'y adapter et faire avec, mais toujours dans un esprit raisonnable, loin de toute surenchère et toute démagogie, avec comme seul souci l'intérêt supérieur du pays. Toutefois et sans vouloir polémiquer avec personne, je dirais que toute atteinte à l'intégrité et la crédibilité de l'Instance serait inacceptable. Car le seul agenda auquel nous sommes tenu, c'est un agenda purement tunisien qui est la résultante d'un consensus national. D'ailleurs, je tiens à préciser qu'il n'y aura aucun soutien étranger pour l'organisation des élections. Ni logistique ni financier. La loi est claire là dessus. Seuls les observateurs étrangers représentant des organisations internationales et la société civile seront accrédités. Chose tout à fait normale dans toutes les élections démocratiques. Aucun contrôle ni supervision étrangers de quelque partie que ce soit ne seront permis.
La tâche est énorme et les missions de l'Instance sont lourdes. Comment allez-vous procéder pour être prêts le jour J ?
Dès le premier jour, nous nous sommes trouvés devant des difficultés énormes. Outre la pression du temps, nous sommes appelés à traduire dans les faits deux textes de loi, le code électoral et le décret-loi portant création de l'ISIE. Les locaux d'abord, mis à notre disposition dans l'ancien siège de la campagne électorale de l'ancien président sis rue de Rome, qui s'avèrent trop exigus avec un nombre réduit de bureaux alors que nous avons toute une administration à loger. Ensuite, le personnel que nous devons recruter dans les meilleurs délais possibles selon des critères bien définis et des termes de référence précis. D'ailleurs, une commission a été spécialement créée pour s'en occuper. En plus de cela, nous devons définir le règlement intérieur de l'Instance, installer les représentations régionales estimées à 27, arrêter le budget…Cela va nécessiter beaucoup d'efforts et d'énergie. Sans compter la mise à jour des listes des électeurs qui demanderait un délai de 100 jours au moins. Et quand on sait qu'environ 400.000 citoyens n'ont pas renouvelé leurs cartes d'identité nationale, que 13% des adresse sont erronées et qu'il est impossible d'extraire automatiquement les adresses à partir de la base de données, on saisit l'énormité de la tâche qui nous attend et dont nous sommes parfaitement conscients. Mais notre détermination est à la mesure de l'immensité de la tâche.
D'où vient le budget? Y a-t-il des contributions de parties étrangères ou onusiennes et à combien sont-elles estimées?
Le budget vient de l'Etat tunisien et aucune contribution étrangère ou onusienne n'est permise. Idem pour les contributions privées. Sinon l'indépendance serait remise en cause et l'opération électorale serait biaisée. Que l'on se rassure donc. Quant au budget, il est estimé entre 35et 40 millions de dinars pour toute l'opération.
Avez-vous pensé à un plan média pour expliquer l'opération électorale et sensibiliser les citoyens au droit de vote ?
Effectivement, une commission travaille sur ce dossier que je considère très important. Car, si auparavant les élections étaient gagnées d'avance avec les résultats qu'on connaît et que les méthodes utilisées ne respectaient pas la volonté des électeurs et les taux affichés ne reflétaient pas la réalité des choses, pour les prochaines élections l'enjeu sera tout autre et le taux de participation aux premières élections libres depuis plus de cinquante ans est un défi majeur qu'il faudra relever. C'est pourquoi, une campagne de vulgarisation et de sensibilisation auprès des Tunisiens et des Tunisiennes sera l'un des clés de la réussite de toute l'opération. Expliquer le mode de scrutin, mobiliser les électeurs et veiller au bon déroulement de la campagne électorale feront partie de nos priorités.
Optimiste pour le processus démocratique ?
Evidemment. Sinon, je ne serai pas là à la tête de cette Instance qui est appelée à réussir coûte que coûte. Tous les regards sont braqués sur elle et la transition démocratique dépendra en grande partie de sa capacité à administrer cette importante échéance dans la vie de notre pays. Je comprends, aujourd'hui, l'impatience des uns et des autres pour sortir de cette situation d'illégitimité et de cet imbroglio politique. Mais il faut avoir à l'esprit que nous sommes tous en train de vivre un moment historique et que le succès du processus en cours ne pourra qu'être l'œuvre de tous les Tunisiens et de toutes les Tunisiennes. La Tunisie a montré le chemin du printemps arabe, elle se doit, aujourd'hui et plus que jamais, de persévérer dans cette optique pour administrer la preuve au monde entier qu'elle est capable de réussir sa transition dans la concorde et la sérénité. Un peu plus de patience, de compréhension et de retenue, et tout finira bien.


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