Le charme du palais du baron d'Erlanger a encore opéré. La soirée du jeudi dernier en était témoin. La manifestation s'intitule «Musiciens de Tunisie». Elle en est à sa cinquième édition, autour du principe d'offrir une plateforme pour des jeunes Tunisiens, explorant diverses expressions musicales. Et pour la première fois de son histoire, le lieu a accueilli, lors de cette même soirée, un spectacle de musique électronique. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le public était de tous les âges, entre curieux et connaisseurs, guidés sans doute par la confiance qu'ils ont dans les programmateurs. C'est à Skander Besbes qu'est revenue la tâche de meubler ce premier concert du genre, en même temps quatrième de cette édition du festival. Musicien évoluant principalement en Europe, Skander Besbes s'est d'abord essayé au metal en Tunisie, avant de s'installer définitivement dans l'univers de la musique électronique, qui couronne son expérience avec des genres musicaux très différents, ainsi que sa maîtrise de plusieurs instruments musicaux. C'est en 2006 qu'il commence à réellement fixer ses pas dans la musique électronique en se produisant en Europe, au Maghreb et au Moyen-Orient. 2008 est l'année de la sortie de son album de 10 titres, «Rituals». Les plus initiés se rappellent sûrement de ses passages au Fest, festival des échos sonores rebaptisé festival des cultures numériques, avec le nom de scène Skndr. Le Fest sera d'ailleurs de retour, toujours à l'acropolium de Carthage, du 23 au 26 juin. Bien qu'elle soit la bienvenue au palais du baron d'Erlanger, lieu des rythmes orientaux par excellence, la musique électronique doit s'imprégner de l'esprit des lieux. Un challenge remporté haut la main par Skander Besbes qui y est venu avec un spectacle inédit et spécialement conçu pour la soirée de jeudi. «Syndromz» est une expérience sonore différente de ce que propose d'habitude Skndr. Plus spirituelle, elle se définit comme une immersion dans un univers où se mélangent des sons naturels et d'autres synthétiques. Elle se place également entre deux mondes, celui de la musique de films et celui de la musique expérimentale. Une musique rêveuse et voyageuse, voilà ce que le public a pu entendre, sentir et imaginer, dans une salle plongée dans une lumière tamisée. Sur scène, assis en tailleur sur des tapis orientaux, devant son Mac et ses tablettes de son, l'artiste a réussi la conciliation entre la magie du lieu et celle des morceaux improvisés qu'il a proposé à son audience. Il avait tout l'air d'un artisan du son, en train de fabriquer de la musique et de créer de l'âme à partir de machines inanimées. Bref, c'est une musique qui se savoure plutôt qu'elle ne se décrit! Rappelons que «Musiciens de Tunisie» se poursuit jusqu'au 11 juin.