Parcours héroïque de la Tunisienne au tournoi parisien. Victoire sans bavure pour notre championne Elle l'a fait ! On le savait, on le sentait, Ons Jabeur était sur la voie royale cette année. Elle prend sa revanche sur la défaite de la dernière édition où elle a fléchi devant la Russe Svitolina. Monica Ping, son adversaire du jour, n'aura résisté qu'un seul set (le premier), avant de céder devant l'extraordinaire maîtrise de la Tunisienne. Victoire nette, victoire sans bavure qui couronne un parcours exemplaire où talent, solidité mentale et cœur étaient les alliés de la Tunisienne pour cette performance historique. Pourtant, elle revient d'une pénible blessure et a abordé le tournoi parisien avec un repos forcé de… 4 mois ! Tout cela ne l'a pas empêchée de réussir l'exploit, et de rafler le titre Roland-Garros pour la première fois. Cela prouve que Ons Jabeur est partie pour être la meilleure joueuse tunisienne de tous les temps. A 16 ans, elle domine ses adversaires sur le plus grand tournoi de terre battue (surface pas du tout facile à gérer ! ) et entre de plain pied dans une carrière de grande joueuse. Eloges exagérés ? Pas du tout, Ons mérite un grand coup de chapeau. L'originaire de Hammam-Sousse et native de Ksar Helal est rentrée dans l'histoire à presque 17 ans. Six bonnes victoires, un cœur gros comme ça et un mental de guerrière qui devraient la propulser tout droit sur la plus haute marche du podium. «Tie-break» décisif Faute de retransmission télévisée, nous sommes obligés de vous raconter le match. Al Jazira Sport 2 a vu autrement. Au lieu de suivre une championne arabe qui dispute une finale, la chaîne qatarie (aux grands moyens) nous offre un plateau ennuyeux où l'on vous livre des analyses insipides de l'avant-finale Nadal-Federer. Ce match nous intéresse, oui bien sûr, mais Ons Jabeur beaucoup plus (ne parlons pas de la chaîne nationale tunisienne qui se trouve sur une autre planète). Le match peut être scindé en deux actes. Un premier set hautement disputé et qui tourne à l'avantage de Ons au terme d'un «tie-break» haut en couleur. Et un deuxième set beaucoup plus facile pour la Tunisienne. Du moins, c'est elle qui l'a rendu facile. Tout s'est joué à la première manche où Jabeur et Ping ont tout donné. Jabeur perd son service à 2 jeux partout et permet à Ping de mener 4 jeux à 2. C'est à ce moment que la Tunisienne ressurgit et revient de loin pour enchaîner trois jeux de suite (5-4). Ping égalise, puis les deux joueuses conservent leur service pour passer au jeu décisif. Dur, tendu avec une petite avance à Jabeur (5-2), puis un retour de Ping. Il a fallu un énorme mental pour contrer le retour de la Portoricaine. Le jeu décisif se solde par 10-8. Suffisant pour prendre le large au second set. Un break d'entrée, puis un deuxième, Jabeur assomme Ping et s'envole vers la victoire finale (1-0, 2-0, 3-0, 4-0, 4-1, 5-1 et 6-1). Ping effondrée, Jabeur dans tous ses états, tout s'est joué là. Elle ne pouvait plus se défiler, elle est allée au-delà de la fatigue, de la pression du résultat et la peur de décevoir son public, pour nous offrir un très beau cadeau. Joueuse de cran, de métier en dépit de ses 16 ans, Ons Jabeur a bel et bien survolé le tableau junior filles. Chapeau à son staff, grand merci pour cette championne qui promet une carrière faste. Fais-nous rêver, fais-nous vibrer Ons ! ------------------------------------------------------------------------ 55 ans après Mustapha Belkhodja Ons Jabeur a marqué hier à Paris l'histoire du tennis national. Pour son 6e tournoi du Grand Chelem chez les juniors, la Tunisienne a offert à son pays le 59e prestigieux trophée de RG comme l'ont fait auparavant des joueuses de seulement 25 nations. Elle rejoint ainsi, 55 ans après, Mustapha Belkhodja vainqueur du tournoi juniors garçons en 1956. Rien n'a pu arrêter la prodige tunisienne après un impressionnant parcours de six victoires (12 sets gagnés contre deux perdus). En deux participations à Roland-Garros, son bilan est de 11 victoires et une seule défaite concédée l'an dernier en finale devant l'Ukrainienne Elina Svitolina 2/6 et 5/7. La première participation de Jabeur dans un tournoi juniors du Grand Chelem remonte au 31 août 2009 à New York à l'occasion de l'US Open où elle venait de fêter ses 15 ans. L'apprentissage fut dur après son élimination au 1er tour 6/0 et 6/1 devant la Britannique Laura Robson. Le 24 janvier 2010, elle enchaîne avec les internationaux d'Australie à Melbourne où elle parvient à remporter son premier set en dépit de sa défaite 3/6, 6/2 et 4/6, toujours au 1er tour, devant l'Australienne Monika Wejbert. Depuis, quel remarquable parcours de la jeune joueuse tunisienne avec une finale à Roland-Garros 2010 (5 victoires et 1 défaite) avec au passage des victoires inoubliables devant la Russe Irina Khromacheva et l'Américaine Sloane Stephens,deux joueuses dont les pays n'ont plus remporté ce prestigieux tournoi depuis 1998 avec Nadejda Petrova et 1989 avec Jennifer Capriati. Plus de sept heures sur les courts Sur sa lancée, Jabeur décroche une place en quart finale à Wimbledon 2010 (3 victoires et 1 défaite) et une demi-finale à l'US Open 2010 (4 victoires et 1 défaite). Au terme de son 6e tournoi de Grand Chelem juniors, Jabeur compte 18 matchs victorieux pour 5 défaites. Déjà en 2010, Jabeur n'a pas démérité, elle fut déjà la seule joueuse au monde au niveau des juniors à accéder aux quarts de finale des tournois du Grand Chelem de Roland-Garros, Wimbledon, l'US Open et lors des Jeux olympiques de la jeunesse à Singapour. Pour remporter son premier tournoi du Grand Chelem juniors, Jabeur a dû passer 469 minutes sur les courts de RG, l'équivalent de 7 heures et 49 minutes. Son plus long match a été joué devant la numéro une mondiale, la Russe Daria Gavrilova, remporté après 108 minutes alors que le set le plus long et aussi le plus décisif a été disputé et remporté hier lors de la finale 7/6 (10/8) après 61 minutes de jeu avec au passage beaucoup de frissons et un mental de fer. Il est utile de rappeler que l'adversaire de Ons Jabeur en finale, la Portoricaine Monica Puig (18 ans), réside à Miami en Floride où elle se frotte régulièrement à l'élite mondiale. «Avec son jeu imprévisible, optant bien souvent pour la rupture des échanges avec des coups sortant de l'ordinaire, elle a réussi jusque-là à déstabiliser tous ses adversaires avec une maturité tactique qui en dit long sur son talent», nous a confié l'ex-DTN Wahid Alioua qui a suivi de près le parcours de Ons Jabeur de 2004 à 2009. En 2007, à l'âge de 13 ans, Jabeur passe du centre de promotion de Hammam-Sousse (formé par Nabil Mlika) au lycée sportif d'El Menzah (encadré par Rafik Bouchlaka jusqu'à juin 2009 avant d'être confié de mai à décembre 2010 à Farès Zaïer). Aujourd'hui, elle est encadrée par l'Italien Lucca Appino. C.B.