" Quel modèle de développement pour la Tunisie démocratique" ? est le thème du 7e colloque international et des journées doctorales de l'Association des économistes tunisiens, organisé du 6 au 8 juin à Hammamet, en présence de chercheurs, économistes et experts tunisiens et étrangers. L'un des points focaux de cette rencontre consiste en l'apport de la recherche dans l'élaboration d'un nouveau modèle de développement après l'échec de l'ancien modèle qui a débouché, faut-il le rappeler, sur un soulèvement. Depuis la séance inaugurale, tout participant peut aisément comprendre que le gouvernement de transition n'a pas attendu jusqu'à ce que les économistes, chercheurs et partis politiques aient les idées claires pour déterminer le futur modèle de développement économique de la nouvelle Tunisie. M. Jalloul Ayed, ministre des Finances, a dessiné en quelques minutes les grandes lignes d'un nouveau système pouvant répondre aux besoins d'investissements (du plus modeste au plus lourd), générateurs d'emplois et de richesses. C'est un projet qui a déjà été présenté au groupe des huit pays les plus industrialisés, réunis récemment à Deauville, en France, le fameux sommet du G8. " Nous ne sommes pas allés demander des crédits," a souligné M. Ayed. " Nous avons dit au groupe des huit que la Tunisie a besoin d'investissements. Et les 25 milliards de dollars annoncés lors de ce sommet, ne vont pas être déboursés sous forme d'endettement, mais plutôt sous forme de capital." Et le ministre d'expliquer les avantages de l'investissement en capital par rapport à celui de l'endettement, entre autres, en ce qui concerne la microfinance, précisant que le problème de l'entreprise tunisienne n'est pas un problème de financement, c'est plutôt un problème de capital. Le ministre a également fait savoir que les partenaires de la Tunisie ont sollicité un schéma macroéconomique avant la réunion du 12 juillet prochain à Bruxelles. " Ce cadre macroéconomique est en cours d'élaboration par les experts de l'Etat et sera prêt d'ici à quelques semaines ", sans spécifier pour autant qu'il s'agit d'un plan provisoire pour la période transitoire, ou jusqu'à la future élection de l'Assemblée constituante. Bien évidemment, des choix macroéconomiques ne s'élaborent pas pour une période de quelques mois! Le ministre a noté dans ce contexte qu'une réforme du système bancaire et financier est nécessaire. Et cette réforme doit également toucher le système éducatif, mais également l'administration, " gérée actuellement comme au moyen âge ", a-t-il précisé. Cela étant, quel serait alors l'apport de la recherche dans l'élaboration d'un nouveau modèle de développement ? La question a été posée à M. Mohamed Haddar, professeur d'économie à l'université El Manar et président de l'Association des économistes tunisiens. Il a affirmé qu'il existe une articulation entre la formation, la recherche et l'innovation. " Et c'est un grand débat " a-t-il affirmé. " Bien entendu, la microfinance c'est important à court terme. Mais ce n'est pas cela notre économie, qui doit se positionner au niveau des pays développés", a-t-il expliqué. " Et cela ne pourrait avoir lieu qu'à travers une articulation entre le système éducatif, donc la formation, la recherche, et le système national d'innovation". M. Haddar considère que la question de la micro-finance n'est pas la solution pour le long terme. " Nos enfants, comment vont-ils vivre demain ? " s'est-il interrogé affirmant que personne n'a de réponse à l'heure actuelle et qu'ils ne vont pas vivre de la micro-finance. Imaginez, le nombre de chômeurs a atteint aujourd'hui les 750 mille et nous auront à créer 170 mille emplois chaque année en plus des 80 mille diplômés par an. Quel est le système qui peut répondre à cela?" " Il faut innover dans tous les domaines! ", a-t-il appelé. C'est dans cet esprit d'ailleurs que le programme du colloque et des journées doctorales comprend des ateliers thématiques dans divers domaines, allant de l'aspect institutionnel, aux aspects sectoriels de l'économie, passant évidemment par la gouvernance, la politique, l'environnement des affaires et le développement régional, axe fondamental du débat sur la nouvelle Tunisie.