Pour présenter les résultats des trois dernières années de travail continu au Maghreb, Cawtar et ONU-Femmes, respectivement le Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche et l'Entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, ont organisé un point de presse à El Teatro, mercredi dernier. L'événement a été enrichi par une exposition et un concert musical de la troupe «Ouyoun al kalam» d'Amel Hamrouni et Khemaïes Bahri. La collaboration du Cawtar et d'ONU-Femmes s'inscrit dans la cause, si chère à ces dames, de l'égalité des genres. Ce projet n'a d'autre objectif que le «renforcement du leadership féminin et de la participation des femmes à la vie politique et au processus de prise de décision en Algérie, au Maroc et en Tunisie». Avec le nouveau contexte dans notre pays, son activité a pu prendre une dimension plus significative. Pour fêter l'achèvement de ce projet et le passage de témoin vers la nouvelle action du Cawtar, intitulée «Jeunes femmes et participation politique en Tunisie : mobilisation institutionnelle et informelle, balisant la voie vers des actions futures», El Teatro s'est transformé, le temps d'une après-midi, en arène pour une série d'activités artistiques. A commencer par l'exposition qui a investi l'aire libre de l'espace. Qu'elles soient des caricatures, des peintures ou des photographies, elles s'expriment chacune, selon le regard de son auteur, sur l'égalité des genres et le combat de la femme pour un meilleur statut. Ce qui est intéressant, c'est la démarche d'ONU-Femmes et du Cawtar qui ont, tout au long de leur projet, et indépendamment des résultats obtenus, misé sur l'art comme vecteur pour faire passer leur message et agir sur les mentalités. En effet, à travers la musique, la photographie ou d'autres moyens d'expression artistique, l'idée passe en toute simplicité et en toute subtilité. Et c'est d'autant plus efficace que ce sont de jeunes femmes et de jeunes hommes qui s'y mettent, côte à côte. Lotfi Ben Sassi et des caricaturistes marocains et algériens ont collaboré à ce projet en offrant des images haut en couleur, illustrant toutes les peines que les femmes ont à arriver aux postes de décision politiques ou administratifs en général. Ces caricatures côtoient des toiles de peinture du jeune artiste Hafedh Jerbi et les photographies du jeune Yassine Ouni. Les œuvres de ces derniers ont été spécialement créées pour un précédent événement, organisé par les deux institutions et intitulé «7 arts pour l'égalité». Ont été également exposés des clichés des différents ateliers de formation et séminaires sur des thèmes reliés à l'autonomisation des femmes dans le domaine politique. La découverte de cette exposition d'un jour a donné suite à la meilleure partie de la soirée. Il s'agit du concert donné par Amel Hamrouni et sa troupe en l'honneur des femmes. Celle que l'on connaissait au sein d' «Al Bahth Al Mousiki» est désormais la partenaire de Khemaïes Bahri dans «Ouyoun al kalam», en compagnie de talents tunisiens aux violons, au luth, à la violoncelle, à l'accordéon et aux percussions. En présence d'un public panaché, dont la majeure partie est faite de femmes, tunisiennes mais aussi maghrébines et venant des pays arabes, le programme proposé par Amel Hamrouni et ses musiciens n'a laissé personne indifférent. Elle, qui est habituée à dénoncer, à travers ses chansons, toutes sortes d'injustices envers le genre humain, ne s'est point fait prier pour mettre le combat des femmes au centre du menu de la soirée. L'entrée en matière a été assurée par la chanson hommage aux femmes par excellence, «Laou ennada». Ensuite, se sont relayées d'anciennes chansons du répertoire de la chanteuse, comme «Chahid el khobza» et «Hila hila ya matar» et d'autres plus récentes, écrites et composées à propos des derniers événements qui ont eu lieu en Tunisie. «Irfaâ rassak» ou encore «Nisaou biladi», célèbre poème de Sghaier Aouled Ahmed sur une musique de Jamel Guella. Comme il est d'usage dans les troupes «engagées», «Ouyoun al kalam» n'a pas manqué de rendre hommage aux grands du genre. Cheikh Imam en l'occurrence, avec «Abdel wadoud» et «El khati da khatti», mais également Marcel Khalife dont on a appris la présence en Tunisie. Au bout de cette après-midi où l'utile a rejoint l'agréable, il est toujours rassurant, voire bon pour le moral en ces temps incertains par lesquels passe la politique du pays, de voir qu'il y a des gens qui continuent de croire en des causes, de combattre et de s'y accrocher. Hommage à toutes ces femmes qui ont rythmé leurs vies sur la mélodie de l'égalité!