Depuis la chute de l'ancien régime, on assiste à un véritable ballet diplomatique américain en Tunisie. Avec notamment la visite de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton au mois de mars dernier «pour aider à transformer en résultats les espoirs de la révolution qui a fait chuter Ben Ali». Hier c'était au tour de son sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires politiques William Burns de revenir dans notre pays quatre mois après une première visite effectuée au mois de février dernier. «Je suis ici pour réaffirmer la détermination du Président Barack Obama à apporter tout le soutien nécessaire à la Tunisie en vue de réussir sa transition vers la démocratie», a-t-il indiqué, au cours d'une rencontre avec la presse tenue hier au siège de l'ambassade américaine à Tunis. Infirmant une information ayant circulé ces derniers jours sur une probable visite du Président américain en Tunisie avant la fin de l'année en cours, il a déclaré que «le Président Obama apprécie beaucoup le Premier ministre Béji Caïd Essebsi qu'il a rencontré à Deauville lors du sommet du G8 fin mai dernier. De même qu'il a une admiration particulière pour la Tunisie. Mais une visite en Tunisie n'est pas encore envisageable», dit-il. Qualifiant les entretiens qu'il a eus avec le Premier ministre Béji Caïd Essebsi et les responsables tunisiens ainsi que les représentants de la société civile d'excellents, il ajoute‑: «Nous avons confiance en la capacité des Tunisiens à mener le processus en cours à bon port». Rappelant, au passage, les solides relations entretenues depuis longtemps entre les deux pays. Déjà en 1795, Tunis reconnaissait le nouvel Etat des Etats-Unis d'Amérique. A son tour, Washington a reconnu officiellement le jeune Etat tunisien indépendant au mois de mai 1956 ouvrant son ambassade au mois d'octobre de la même année. Le regain d'intérêt des Américains pour la Tunisie en cette période post-révolution avec, entre autres, la visite de deux grosses pointures du Congrès, les sénateurs John Mc Cain et Joe Liberman ainsi que ces derniers jours, d'une délégation de chefs d'entreprises représentant les différents secteurs économiques, s'explique d'après le diplomate américain par «le souci de contribuer au succès du printemps arabe qui a commencé ici. Après avoir réussi, pacifiquement, leur révolution les Tunisiens doivent absolument réussir par eux-mêmes leur transition. C'est important pour les Etats-Unis d'Amérique. Car du sort de la révolution tunisienne dépendra celui des autres révolutions dans les pays de la région. Loin de nous, donc, de chercher à travers notre soutien affirmé à la transition en Tunisie d'améliorer notre image de marque auprès des pays arabes. Notre rôle n'est pas de nous substituer aux Tunisiens mais plutôt de les soutenir, de les aider et de les accompagner politiquement et économiquement». En dépit des difficultés conjoncturelles dues aussi bien à des facteurs endogènes comme cette confusion post-révolutionnaire et exogènes comme la situation en Libye, Williams Burns demeure optimiste : « Tous les ingrédients sont réunis pour l'émergence d'une société démocratique. Les Tunisiens ne manquent pas, en effet, d'atouts avec un niveau d'instruction élevé, une société civile développée et un statut de la femme inégalé dans le monde arabe». Sur le plan financier, les Etats-Unis, souligne le sous-secrétaire d'Etat, «ont apporté une contribution de 47 millions de dinars pour aider à la réussite du processus démocratique». Cet argent servira essentiellement dans l'organisation des prochaines élections de l'Assemblée nationale constituante du 23 octobre prochain. Le sous-secrétaire d'Etat, en diplomate chevronné qu'il est, évite d'émettre le moindre avis sur l'échiquier politique tunisien, pas plus que sur l'éventualité d'une arrivée des islamistes au pouvoir. «C'est aux Tunisiens de choisir librement ceux qui vont les gouverner», conclut-il.