Si les attentes des uns ne ressemblent pas à celles des autres, les ambitions ne cessent toutefois de prendre la même dimension. Chaque équipe a le droit de croire et de rêver à un objectif suffisamment légitime... Se valoriser par rapport aux contraintes et aux exigences d'une compétition qui n'en finit pas de surprendre, se mettre en évidence par rapport aussi et surtout aux obligations de jeu des temps modernes, voilà un exercice de vérité, en direct et sans barrières, à travers lequel le Club Africain et le Stade Tunisien ne cessent de se chercher. Ici et là, il s'agit de restituer à l'identique les images qui peuplent l'histoire et le football de deux équipes. Ici et là, nous sommes en présence de deux équipes qui sont tenues à évoluer dans un contexte nouveau, à faire bouger, provoquer un nouvel ordre. Il faut dire cependant que les soucis de l'un ne ressemblent pas forcément à ceux de l'autre. Le ST, qui n'est jamais allé chercher du côté d'autres expériences l'exemple à suivre, le modèle incontournable à reproduire, se fait une raison d'être à sa manière, tout en tenant compte des dispositions particulières de ses joueurs. Liewig préconise un nouvel ordre et par conséquent de nouvelles approches de jeu. Il se donne des priorités d'une autre envergure, mais également des obligations de jeu dans lesquelles le ST semble de plus en plus s'épanouir, se donner à fond. Tout ce que le ST est en train aujourd'hui d'accomplir sur le terrain a été certes difficile à mettre en place, mais la remise en question, qui a toujours accompagné le parcours de l'équipe et dont elle avait toujours besoin, a servi pour produire un nouvel état d'esprit. Ce n'est point évidemment le cas du CA qui n'arrive pas rassembler les deux bouts et auquel le temps semble de plus en plus manquer même s'il est plus concerné que son adversaire du jour par la course au titre. Il faut dire que l'exigence des résultats immédiats a imposé à l'équipe un mode de fonctionnement incompatible avec les stratégies à long terme auxquelles elle devait s'identifier depuis longtemps. Le CA et le ST avaient besoin d'une nouvelle identité, d'une nouvelle raison d'être. Chacun y est allé à sa manière. On n'oubliera pas cependant que toute considération, quelle que soit sa nature, aurait tendance à s'incliner devant les faits, la réalité. ça vaut le détour!... Autre attraction, autre matière à réflexion. Elle concerne notamment deux équipes qui n'ont plus la même aura et qui semblent avoir beaucoup perdu de leur verve, voire de l'ascendant à travers lequel elles faisaient face à leurs adversaires. L'Etoile, mais aussi le C.S.S, ne sont pas ce qu'ils ont été. Ils ont changé leurs façons de jouer, ils conditionnent leurs priorités outre mesure, ils n'ont plus la même spontanéité dans le jeu et dans le comportement. Bref, ils sont de plus en plus amenés à penser et à exprimer des choses auxquelles ils ne sont pas vraiment habitués. Que vaut l'Etoile, que vaut le CSS à travers le rendement ordinaire que leurs joueurs ne cessent de fournir? Franchement pas grand-chose. Ils vivent autrement, ils conçoivent autre chose et leur centre d'intérêt n'a plus les mêmes motivations... D'une épreuve à l'autre, on dirait que l'Espérance aurait tendance à souffrir pour rebondir de nouveau. Ce qui s'est passé jeudi dernier contre le CSHL, que ce soit sur le terrain ou dans les gradins, n'est point le propre d'une équipe qui tient à s'imposer dans la peau de champion. Quelque part, il nous vient ainsi à l'esprit qu'il lui manquait un peu de souffrance pour que les joueurs puissent donner le meilleur d'eux-mêmes. Si les systèmes devraient prendre d'autres formes, la pression devrait pour autant descendre d'un cran et le sentiment du devoir accompli se révélera alors trop fort. Mais la vérité du terrain ne sera pas toujours la même. Cet après-midi à Zarzis, les "Sang et Or" auraient besoin de nouveaux repères de jeu, d'un autre mode d'inspiration. L'équipe serait ainsi appelée à se découvrir d'autres registres, peut-être bien différents de ceux auxquels elle est habituée. Mais la motivation et l'esprit du jeu resteront toujours les mêmes. Pour les joueurs, comme pour le staff technique. Une manière de continuer, de s'accomplir à travers de nouvelles exigences, de nouvelles priorités. L'obligation de résultat devrait aussi accompagner d'autres matches, d'autres duels. Que ce soit à Béja, où l'équipe locale donnera la réplique à l'USMonastir, à Gafsa(huis clos), où les jeunes Cabistes seront encore une fois amenés à jouer pour gagner, mais aussi pour se faire plaisir, ou encore enfin à Hammam-Lif où la JSK aurait besoin d'arrêter l'hémorragie des défaites face à un adversaire qui, en dépit de sa position au classement, force le respect par la valeur intrinsèque de ses joueurs et leur application tactique. Que ce soit ici ou là, les face-à-face seront ouverts et les pronostics plus que jamais interdits. Comme toutes les équipes qui tiennent à se donner de la valeur, tout en respectant les principes d'évolution sur des bases solides, chacune devrait renaître, à sa manière, à un monde nouveau d'accomplissement, en dépit de la pression qu'elle ne cesse pour autant de ressentir dans de telles épreuves et dans un contexte pareil...