L'Association tunisienne pour l'information et l'orientation sur le sida (Atios) a organisé récemment à Tunis, en partenariat avec l'Association tunisienne de lutte contre la toxicomanie (Atupret), le Programme Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et l'Association de Menahra pour la réduction de risques dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, un colloque sur la réduction de risques. Objectifs de cette journée : faire le point de la situation épidémiologique du VIH parmi les usagers de drogue par voie injectable, présenter la stratégie nationale de réduction de ces risques, faire connaître les interventions des ONG tunisiennes dans ce domaine et se focaliser sur les résultats concernant l'accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien des usagers de drogues injectables. La drogue est un phénomène mondial: (3 à 5% de la population mondiale consomment de la drogue, et 5 millions de personnes sont atteintes du sida à cause de la drogue. La consommation de drogues et l'infection par le VIH sont intimement liées car la transmission du virus intervient à l'occasion de l'injection de drogues avec du matériel contaminé. Toxicomanie en Tunisie L'Institut national de santé publique a montré dans un rapport que 15% des garçons dont l'âge varie entre 15 et 24 ans et 4% des filles sont perçus comme ayant consommé de la drogue au moins une fois dans leur vie. Ce phénomène dans notre pays est en nette augmentation avec une prédominance masculine. Il est à savoir que les produits les plus utilisés en Tunisie sont les médicaments, les colles et solvants, le cannabis et l'usage intraveineux du Subutex qui fait des ravages dans notre pays depuis 2000, entraînant une dépendance physique importante et psychique destructive. Les drogues dures telles que l'héroïne et la cocaïne existent en Tunisie mais la dépendance à leur égard est moindre que celle vis à vis du Subutex, dont les conséquences sur la santé sont désastreuses. Ainsi, des associations tunisiennes de prévention de la toxicomanie et de soutien aux usagers ont vu le jour telle l'«Atupret» qui est un centre médical qui s'occupe du traitement des usagers médicalement, psychiquement et socialement. D'autres centres d'aide et d'écoute procurent des soins complets, psychologiques et socio-médicaux, l'orientation des groupes vulnérables et à risques, l'intégration de cette population dans la société et la prévention de tous types de dépendance, l'amélioration de la qualité de la vie des patients toxicomanes vivant avec le VIH, outre l'accueil, l'information et l'évaluation médicale. Ces centres d'aide et d'écoute bénéficient de la confidentialité, de la liberté, de l'égalité et du professionnalisme. Les patients viennent au centre à leur demande volontaire de soin ou adressés par les structures sociales comme les centres de défense et d'intégration sociale, les municipalités, les dispensaires et autres organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. En 2010, parmi 348 patients pris en charge dans le centre Aide et écoute, 219 patients, soit 62,93%, étaient des chômeurs et 85% des drogués au Subutex. Il ressort des conclusions des responsables des centres de prise en charge des toxicomanes qu'il existe une influence des législations sur les stratégies de prévention et de soins. Pour le Pr Mouldi Amamou, médecin directeur du Camu et du centre antipoison de Tunis, il est impératif de dépénaliser les jeunes qui ont été victimes pour les faire sortir de l'addiction. «Les associations devraient intervenir pour abroger des textes de loi afin de traiter les jeunes toxicomanes comme des malades et de les aider en fonction de leur situation». Les producteurs, commerçants et distributeurs doivent être pénalisés, alors que les jeunes consommateurs pris dans le piège devraient bénéficier d'un assouplissement des lois répressives et d'une prise en charge sociale et psychologique gratuite.