• Les insurgés préparent la dernière attaque avant Tripoli Engagé par l'International Médical Corporation (IMC), une association de bienfaisance, L.J. a eu droit à quatre jours de repos, après avoir passé 35 jours, en Libye, comme infirmier à l'hôpital de Zentène. Rencontré à Zarzis, il a bien voulu nous entretenir de son expérience : «C'était vraiment horrible. Une aventure dans le sens propre. Mais je suis en même temps content et fier parce que je suis en train d'accomplir une mission noble, à Zentène. Cette ville libyenne compte 60.000 habitants. Ils sont très solidaires et hospitaliers. Elle se trouve à Jbel Nafoussa ou Jbel El Gharbi, à 190 km de Dhéhiba. L'hôpital où je travaille n'est pas grand. Il ressemble à celui de Zarzis mais il contient toutes les spécialités. Les médecins et les infirmiers qui y travaillent sont de nationalités libyenne, tunisienne, ukrainienne et coréenne. Il est bien équipé. Dix ambulances sont mises à sa disposition. Au début, ces voitures utilitaires transportaient les patients jusqu'à Sfax parfois, mais depuis que l'armée tunisienne a découvert à leur bord des produits prohibés, elles ne quittent plus le territoire libyen. Leur terminus est à Wazen, sur la frontière. Les médicaments sont disponibles dans la pharmacie de l'hôpital et au cas où on en a besoin, il suffit de passer la commande à l'IMC qui siège à Zarzis et on la reçoit dans les 24 heures. Le personnel médical est estimé à une centaine, en tout. Durant les deux premières semaines, c'était l'enfer. On avait souffert le martyre. On ne dormait pas la nuit, quand les combats faisaient rage. On était submergé. On recevait des blessés à longueur de journée. Un chirurgien tunisien a assuré 6 opérations chirurgicales d'affilée. Beaucoup sont décédés. Les amputations des membres sont monnaie courante. Les cas critiques qui nécessitaient des interventions chirurgicales compliquées sont envoyés à Sfax. Dans les poches des victimes, surtout des pro-Gueddafi, on trouvait du viagra et des sachets de raticide qu'ils versaient, nous dit-on, dans les réserves d'eau potable. A noter également que les bombardements s'intensifiaient toujours 5 minutes après l'appel à la prière, dans les 5 temps, pour massacrer le plus grand nombre de personnes également des Touareg, des Maliens, des Tchadiens et des Nigeriens en plus des Libyens. La situation est maintenant calme. La vie a repris son cours normal depuis une dizaine de jours. La ville n'est plus enclavée. Elle est entre les mains des insurgés. Les habitants qui l'avaient fui reviennent petit à petit. Les services vitaux, comme l'eau potable, l'électricité, le réseau de communication sont rétablis et fonctionnels. Les produits alimentaires existent et la ville est bien ravitaillée à partir de la Tunisie. Même le transport public entre les villes avoisinantes est assuré en toute sécurité. C'est dire que les troupes de Gueddafi ont battu en retraite et fui la région pour aller défendre la capitale. Cela n'empêche que le pays est encore en guerre. Les combats ne se sont pas interrompus complètement. Jusqu'à hier, on entendait des tirs sporadiques et des explosions, au loin. Les villes de Zentène, Nalout, Jadou, Yefren, Roujbène et Goiliche sont sous contrôle des rebelles. Le point de passage wazen-Dhéhiba, également. Les insurgés anti-Gueddafi se préparent actuellement à mener des offensives sur Lassabaâ, Kikli et enfin Ghariane qui sera le dernier point avant la capitale Tripoli».