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Ces îles mystérieuses (II)
Reportage : Au fil de l'eau Archipel de Zembra & Zembretta
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 07 - 2011

Est-il dans la grandeur du décor qui nous environne, rien de plus beau que ces îles posées tels des cailloux par une main divine au milieu de la Méditerranée? Un univers élevé dans sa pureté première au-dessus des eaux salées qui ont engendré les mondes et dont les Tunisiens sont en droit aujourd'hui de réclamer la visite et l'occupation.
En effet, le voyageur qui aura aimé saisir la puissance triomphante de l'archipel de Zembra et Zembretta,  les cajoleries de son soleil, les éclaboussures de ses couleurs, ses effluves parfumés, se retrouvera conquis par la grâce exquise d'une caresse dans la fraîcheur incomparable  de sa brise marine légère.
Et voici que quelques Tunisiens, tels des découvreurs des temps modernes, retrouvent la magie du large et partent à l'assaut de ces îles. Reportage.
Le Royaume du Puffin cendré
Mais qui dit Zembra dit une faune et une flore riches et variées. Pour les mammifères présents actuellement sur l'île, selon M. Maâmouri, ils ont tous été introduits par l'homme à des époques plus ou moins éloignées tels que les lapins de garenne (Oryctolagus cuniculis) dont les études récentes ont prouvé son introduction depuis l'époque punique et les mouflons de Corde (introduits au début des années 60) et le chat ganté (Felis lybica) : pelage rouge avec des bandes transversales foncées. Animal rare et protégé. mammifère agile et habile grimpeur, il se nourrit de lapins, de rongeurs, d'oiseaux, de reptiles et d'insectes. Le seul mammifère d'origine était marin : le phoque moine. Malheureusement, le dernier de cette espèce a disparu en 1975 au moment où l'île entrait dans le club des sites protégés. Il y aussi une multitude d'espèces de reptiles, comme la couleuvre fer-à-cheval (Coluber hippocrepis) connue sous nos cieux sous le nom de Hayet naâl el faras. Il y a aussi le Danais (Danais chrysipus), l'un des plus beaux papillons diurnes de Tunisie et de la région méditerranéenne visitant notre pays en été en provenance d'Europe. Quant aux poissons, les amateurs de la pêche se ruaient jadis sur les rivages de l'archipel pour pêcher le mérou noir (Menneni laswid ou lakhal, selon les régions). Mais il y a aussi d'autres espèces comme le caret/caouanne appelé en arabe fakroun libhar ou G'leya, le concombre de mer (Kithaou libhar) et l'aplysie (Bagret libhar), crevettes, langoustes et homards : un véritable sanctuaire pour la faune marine.
Pour les oiseaux, «l'île abrite les faucons pèlerins (l'emblème de l'île) : une douzaine de couples y vivent. Il s'agit de la plus forte densité en Méditerranée et sans doute dans le monde. Dans les aires, depuis 1975, les oiseaux sont intégralement protégés. Il y a aussi le goéland d'audouin (Larus aidouini) : quelques dizaines de couples nichent à Zembra, entrant en compétition avec une espèce voisine très prolifique, à savoir le goéland argenté (Larus argentatus). Pigeon biset (Columbia livia) appelé par les Tunisiens H'mem azrak. Mais les maîtres de l'île sont les puffins cendrés (Calonetris diomedia) : on recense à l'île de Zembra une colonie de 25.000 couples nicheurs qui occupent les lieux de février à octobre (le plus grand rassemblement de puffins cendrés en Méditerranée). Ce sont des oiseaux marins qui ne rejoignent la terre que la nuit durant la période de reproduction. A la tombée de la nuit et en quittant l'île à l'aube, ils poussent un cri caractéristiques rappelant un bébé qui pleure. Enfin, il faut toujours mentionner que Zembra est située sur la voie migratrice Cap Bon – Sicile, c'est ainsi qu'en automne et au printemps, elle voit passer des milliers d'oiseaux au moins 96 espèces différentes», dixit Mongi Maâmouri.
Une verdure à perte de vue avec 266 espèces végétales
L'une des particularités de l'île de Zembra est l'abondance du couvert végétal. Une verdure à perte de vue avec plusieurs espèces végétales riches et variées. Toujours selon M. Maâmouri, «l'île avait été explorée depuis la fin du XIXe siècle (en juillet 1883) sous la direction du Doûmet-Andason. Puis en juin 1887 sous la direction de Letourneux et en juin 1888 sous la direction de Barratte et de Cosson. De même, cette flore a été abondamment étudiée depuis le siècle dernier avec A. Labbe et G. Pottier-Alapetite (1954), A. Gammar et A. Nabli (1980) qui ont recensé à ce jour 266 espèces végétales dont 4 qui n'existent pas sur le continent, mais existent dans les îles du bassin occidental de la Méditerranée. Il s'agit de : Sanguisorba spinoza, Iberis semperflorens, Sisymbrium polycertum et Erodium maritimum. D'autre part, l'île est occupée par une forêt de ligneux composée d'oliviers (Olea europaea), de lentisques (Pistacia lentiscus), de genévriers de Phénicie (Juniperus phornicea), d'arbousiers (Arbutus Unedo) et de bruyère arborescente (Erica arborea). Il y a aussi des oléastres avec un groupement de palmiers nains (Chamerops humilis) qui a pu former le long des crevasses de la «Cathédrale», face à Lantorcho, une véritable oasis avec des troncs de 4 à 5 m de haut. Et dans les criques du versant sud-est, on rencontre quelques arbustes de câpriers caractérisés par des rameaux grimpants et rampants et de jolies fleurs roses». L'île de Zembra abrite également plusieurs autres espèces végétales de moindre importance, telles que le jonc, l'ail rosé, la calicotome, le périploque, le marrube, etc. Un véritable paradis sur terre qui a éveillé la tentation chez plusieurs hommes d'affaires à l'image du milliardaire chinois Ruo Hong Li, qui était prêt à investir 600 millions de dollars pour transformer ce véritable éden en complexe touristique haut de gamme pour riches touristes chinois et américains en soif d'exotisme. Une menace qui a mobilisé tous les militants écologiques à travers une pétition signée sur Internet «Sauvons Zembra et Carthage», tant que le président déchu était à deux doigts de vendre une grande partie de cette île sous forme de concession au richissime homme d'affaire chinois.
«A vivre absolument, puis à s'en souvenir pour le restant de sa vie»
Enfin, on termine ce magnifique voyage par ce très expressif témoignage de M. Cherif, un éco-randonneur de longue date qui, sur le chemin du retour à bord du chalutier, n'a pu retenir ses émotions pour nous dire : «Je suis encore émerveillé par ce que nous avons enfin réalisé, visiter l'île de Zembra est un rêve, l'un des meilleurs que chaque Tunisien caresse depuis sa prime enfance. Chaque fois que les noms de Zembra et Zembretta sont évoqués, on soupire en se demandant, sans trop y croire : “Verrais-je un jour de mes propres yeux ces joyaux, ces prunelles de notre chère Tunisie?” Voilà qui est fait! Chaque membre de notre groupe se dit : “Est-ce que je rêve? Est-ce que toutes ces merveilles existent réellement, en Tunisie?” Déjà le tout petit port de Sidi Daoud vous fait chavirer de bonheur! Que dire de la traversée, de ces puffins qui flottent, en solitaires ou en petits groupes à l'approche de la côte de cette île qui prend de plus en plus des dimensions réelles très impressionnantes...» Et il renchérit en soupirant de joie et de bonheur : «Vous vous dites : “c'est pas vrai! On n'est pas arrivé, on ne va pas monter là-haut, à plus de 400 m d'altitude?” La fraîcheur et la limpidité de l'eau, dépassant de très loin tout ce que vous avez pu découvrir ailleurs, vous réveillent... Vous réalisez avec le plus grand plaisir que vous êtes bel et bien sur l'île de vos rêves, Zembra, vous vous lancez, sans trop attendre, vers l'exploration que vous avez tant attendue... Les petits puffins, solitaires ou en petits groupes flottant sur les petites vagues, vous ont soufflé l'envie de découvrir la délicatesse de leurs attitudes et leurs regards combien attendrissants, bien occupés à couver leurs œufs dans leurs nids à même le sol, à peine abrités derrière un rocher, aucunement perturbés par votre visite... Un sourire enfantin de votre côté, un petit coucou et l'exploration continue... On est un peu essoufflé par l'escalade plutôt abrupte par moments... Le rêve continue jusqu'au bout: les rochers du sommet, les vues imprenables de là-haut, la descente ensuite, la baignade, le déjeuner en groupe, les propos émouvants de Asfour, cet ancien gardien forestier-maritime. Le tour de l'île... chaque instant a ses propres émerveillements et mérite des pages et des pages, des centaines de photos... Mais rien ne rendrait vraiment tout à fait compte de chaque impression... A vivre absolument, puis à s'en souvenir pour le restant de sa vie!». Quant à «Asfour», en regardant Zembra se noyer dans l'horizon, il termine par ces mots qui raisonnent comme un sifflet d'oiseau nostalgique de sa nature : «Ma belle Zembra, j'ai vécu sur tes terres plus d' un quart de siècle. En hiver, j'ai cultivé dans tes entrailles de la pomme de terre et des fèves. Et en été, j'ai planté dans ton sol mes tomates et mes piments. Tes oiseaux ont fait leurs nids dans mes vêtements et beaucoup d'entre eux ont mangé dans mes mains. Même Cousteau, le Prince des mers à bord de sa Calypso, a goûté un de mes casse-croûtes à l'harissa et aux sardines grillées, péchées sur tes rivages. Je lui ai soufflé tes secrets et tes charmes. T'es ma vie et mon tout. Et mon seul souhait : qu'après mon décès, ma sépulture pourra être enterrée dans tes terres».


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