L'Espérance est le premier club tunisien à avoir raflé les deux titres mis en jeu après la révolution. L'histoire retiendra également que le CA est le premier club tunisien à avoir tenu une assemblée générale élective, à avoir fait et réussi la révolution. Important pour un club qui aura tout connu ces dernières années : traversées du désert, déchirures internes, tempêtes et faux espoirs de résurrection. Triste pour le club de Fabio, Attouga, Chaïbi, Zitouni, Chaoua, Khouini, Bouajila, Abderrahmane et... Azzouz Lasram. Pour une fois, nous ne reviendrons pas sur ces années noires qui ont terni l'image d'un club mythique qui a beaucoup perdu de son aura et de sa crédibilité, mais jamais de sa... popularité! A Tunis, comme ailleurs, dans toutes les villes et les régions de la République, le Club Africain est demeuré grand dans le cœur et les esprits de ses supporters. Et s'il a bravé toutes les tempêtes, c'est beaucoup grâce à cette cote d'amour jamais démentie et qui—c'est surprenant—n'a jamais cessé de s'accroître. Voilà pour le côté populaire et sentimental. Côté technique, le Club Africain a souffert d'une absence totale de politique sportive, de décisions cahotiques, de profiteurs et d'intervenants véreux de toutes parts et d'une instabilité technique qui frise l'inconscience. Car, sur le plan des joueurs et de l'effectif en général, on ne peut pas dire que le Club de Bab Jedid soit mal loti. Bien au contraire. Mais le problème, le vrai, c'est que l'ambiance souvent explosive au sein du club, l'absence de codes clairs, de discipline ainsi que cette fameuse instabilité technique ont lourdement sanctionné une équipe et des joueurs dont la courbe de progression a souvent été, elle aussi, cahotique à l'image de tout ce qui se passe au Club Africain. Peut-on aujourd'hui dire ou penser que tout cela c'est du passé ? Les Clubistes veulent bien y croire. En tant qu'observateurs neutres, nous demandons à voir et vérifier. Les prémices sont toutefois là puisqu'en dépit des départs de Melliti et Souissi ainsi que l'absence de Dhaouadi (qui reviendra aujourd'hui), Faouzi Benzarti est parvenu en un temps record à redessiner les contours d'un onze qui tient la route. Il est bien loin de ce dont rêvent les Clubistes mais il y a de la méthode et une volonté de construire quelque chose de durable. D'autres renforts viendront sans doute, la marge de progression est énorme sur ce plan mais le renouveau ne peut réussir que sous certaines conditions qui ont si peu à voir avec le côté sportif. Trop longtemps déchirée, la famille clubiste doit se réunir à nouveau sous la même bannière et autour des principes fondateurs de ce club, faits de rigueur et de fidélité. Le Parc «A» doit redevenir un lieu de travail et non le domaine privé des opportunistes et des fauteurs de trouble de tous bords. Les dissidents et les francs-tireurs doivent ranger leurs rancœurs et leurs armes et accorder au minimum un préjugé favorable à l'actuelle équipe dirigeante. Cela fait, un signal fort et positif sera envoyé aux supporters, aux joueurs et au cadre technique, garants avec le comité directeur de la résurrection définitive du Club Africain.