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La carrière de dictateur fortement dévalorisée
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 08 - 2011


Par Hmida Ben Romdhane
Les turbulences politiques qui secouent le monde arabe depuis l'hiver dernier ont définitivement dévalorisé la carrière de dictateur. Peu de politiciens arabes aujourd'hui nourrissent l'idée d'embrasser un jour une carrière où ils auront à confondre leurs désirs avec le droit, leurs plaisirs personnels avec le bien commun ou encore leur propre fortune avec le Trésor public.
Des batailles sanglantes se déroulent encore en Libye, en Syrie et au Yémen pour maintenir cette confusion le plus longtemps possible, mais les dés sont jetés, les jeux sont faits. Le rêve des dictateurs s'est transformé en cauchemar.
Le mercredi 3 août 2011 est et restera une journée noire pour les dictateurs. L'ouverture du "procès du siècle" au Caire a permis aux téléspectateurs du monde entier de suivre en direct un moment historique où, pour la première fois dans le monde arabe, un dictateur est traîné devant la justice pour rendre compte des malversations commises durant plus d'un tiers de siècle de règne.
La scène est pathétique. Le vieux dictateur grabataire est traîné sur un lit et placé dans une cage grillagée dans la salle d'audience. Les cameramen avaient beaucoup de mal à prendre des gros plans du dictateur. Mais on n'avait pas besoin de gros plans pour voir dans quel état d'humiliation avancée se trouvait l'ancien maître d'Egypte. Rares sont les dictateurs qui ont trouvé une fin aussi terrible. Même le "Danube de la pensée", le dictateur roumain Ceausescu, renversé en 1989, n'avait pas subi une humiliation aussi dévastatrice.
Le problème avec tous les dictateurs est qu'ils croient dur comme fer qu'ils n'ont jamais fait le moindre mal à leurs peuples, qu'ils les ont servis avec zèle, qu'ils n'ont jamais détourné un sou du Trésor public, qu'ils ont dépensé des tonnes d'énergie à faire le bonheur de leurs administrés, que tous ceux qu'ils ont emprisonnés, torturés ou tués durant leur carrière de dictateurs étaient des ennemis du bien public et que leur renversement, loin d'être une quelconque forme de justice, est une preuve irréfutable de l'ingratitude des peuples…
La réponse tranchante de Hosni Moubarak aux accusations lues en sa présence par le ministère public traduit cet état d'esprit particulier propre aux dictateurs qui nient en bloc tous les crimes réels commis contre leurs peuples, et défendent bec et ongles des bienfaits qui n'existent que dans leur imagination. S'il nie toutes les accusations détaillées par le ministère public, cela veut dire que Moubarak se considère comme innocent et victime d'une grave injustice puisque, dans son esprit, il n'a fait que servir l'Egypte et les Egyptiens pendant les trente ans de son règne.
A ce stade, on quitte la sphère politique pour entrer dans celle de la psychanalyse. Le refus obstiné des dictateurs de reconnaître une quelconque culpabilité nous fait penser que, à force d'avoir sévi, ils ont fini par développer une sorte de filtre au niveau de la mémoire d'où les forfaits et les crimes réels sont systématiquement expulsés et à la place desquels sont stockés des bienfaits parfaitement imaginaires. Il y a quelque chose qui ressemble à un mécanisme de défense au niveau de l'inconscient qui, tout en manipulant les faits, assure aux dictateurs une bonne conscience.
Ce mécanisme remplit sa fonction tant que le dictateur est au pouvoir. Etant le seul juge de ce qui est vrai et de ce qui est faux, de ce qui est juste et ce qui est injuste, de ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas l'être, le dictateur est en mesure d'imposer à son peuple ses propres vues ainsi que le contenu manipulé de sa mémoire. En d'autres termes, il est en mesure d'opérer une permutation entre une réalité triste, mais concrète, et une réalité rose, mais imaginaire. Car, en dernière analyse, la fonction essentielle de la dictature ne consiste-t-elle pas à faire croire aux gens, par la force ou la démagogie, que leurs conditions d'existence sont idéales?
Mais ce mécanisme de défense psychique s'effondre avec la chute de la dictature. Du fond de sa cage d'accusé, le dictateur égyptien peut nier toutes les accusations qui pleuvent sur lui ; du fin fond de son exil en Arabie Saoudite, notre dictateur à nous peut nier tous les crimes politiques et financiers dont il est accusé. Leur mécanisme de défense ne fonctionne plus, parce qu'il n'est plus protégé par le pouvoir qu'ils ont perdu. Etant, jusqu'à présent, les deux seuls dictateurs arabes à avoir perdu le pouvoir et à être jugés, l'un par contumace et l'autre en état d'arrestation, Moubarak et Ben Ali sont désormais tenus de répondre aux crimes qu'ils ont commis et qu'ils ont réussi à faire passer pendant de longues années pour des bienfaits.
Les procès de Ben Ali et Moubarak font trembler tous les autres dictateurs pour une raison bien simple: le grand atout de la dictature, c'est-à-dire l'impunité, a volé en éclats. Du coup, la dictature devient une filière politique fortement dévalorisée. Elle risque de se trouver dans les années qui viennent à court de candidats pour la carrière de dictateur.


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