Pour sa soirée du 9 août au Théâtre municipal, le festival de la Médina a eu la bonne idée d'inviter Dee Ray, son orchestre et ses «Dream Ladies» (dames de rêve). Deux mots sur le spectacle sont notés sur la brochure : «En 2005, suite au décès de Ray Charles, Dee Ray décide de créer un spectacle en hommage à son idole qu'il présente sur de nombreuses scènes parisiennes. Grâce à sa voix chaude, le succès ne se fait pas attendre. Mister Dee Ray, comme le surnomment désormais ses fans, fait ainsi revivre, en compagnie de ses choristes, les heures chaudes de l'éclosion de la Soul music». Pour un pareil hommage, cet originaire des Caraïbes a mis en place un show basé sur la musique, le chant et la performance scénique. Il s'attaque, en effet, à une icône du jazz, du blues et de la soul, celle du grand Ray, le «genius» (génie). Ray Charles (1930-2004) l'est devenu après une enfance difficile, marquée par la précarité et la maladie qui lui ont coûté la vue, avant de devenir une légende mondialement connue. Tout comme lui, le répertoire de Charles n'a pas besoin de présentation. On aime ses ballades soul et ses titres rock'n'roll que l'on soit ado ou vieillard, amoureux ou avec un cœur brisé. Ce mélange était bien représenté parmi le public venu applaudir la performance de Dee Ray. Il n'est pas facile de se lancer dans l'aventure d'imiter Ray Charles. Mais tous les grands ont eu leurs imitateurs, d'Elvis à Claude François. Ce sont généralement des artistes où le show est omniprésent dans leurs concerts. Elvis avait son costume pailleté, son twist et sa guitare, Claude François avait les Claudettes. Quant à Ray Charles, il avait son piano, son large sourire, ses lunettes sombres et ses «Raylettes». Dee Ray était accompagné par les Dream Ladies. Trois dames qui semblent tout droit sorties des années 30, avec robes et coiffures d'époque. Elles sont dotées de très belles voix qui se complètent, comme dans toutes choristes qui se respectent. Il était intéressant de voir comment se construit ce genre de spectacle, surtout qu'ils ne sont pas fréquents sous nos cieux. Un show de pur divertissement n'empêche pas une grande préparation. L'orchestre de Dee Ray contient ce qu'il faut pour la soul : trompette, saxophone, batterie, basse, guitare, orgue et le piano sur lequel il régale avec les plus fameux titres de Ray Charles. Du début jusqu'à la fin, il a endossé la personnalité de ce grand chanteur dans ses gestes, tics et même humour. Sa voix est elle aussi un outil essentiel d'imitation. C'est même l'outil principal. Le menu de la soirée n'a pas laissé le public indifférent. Des pas de twist dans une piste de danse improvisée sur les deux côtés du Théâtre municipal ont ravi le chanteur et ses choristes et leur ont donné de la motivation. Dee Ray se cachait derrière les grosses lunettes de Ray Charles pour observer ce public qui l'a agréablement surpris, répétant après lui les refrains de «unchain my heart», «you give me fever», «bye bye love», «you might need somebody» et le tube «hit the raod Jack». Dans la deuxième partie de la soirée, Les Dream Ladies ont eu chacune leur quart d'heure de vedette pour des solos. Dee Ray, endossant pour l'occasion un magnifique costume, a fini la soirée sur des airs classiques du rock, «imagine» et «yesterday» des Beatles, un groupe sur les traces duquel il aurait peut-être aimé marcher. De quoi se demander qui Dee Ray choisira d'imiter dans son prochain spectacle.