La faune, la flore, les micro-organismes et diverses autres ressources génétiques dont regorge la Tunisie font l'objet d'une action de sauvegarde et de valorisation, systématique et minutieuse, en vue de préserver la biodiversité, s'adapter aux changements climatiques et réaliser la sécurité alimentaire. Fédérant ses efforts avec ceux d'un certain nombre d'autres opérateurs privés, institutionnels ou associatifs, la Banque nationale de gènes (Bng) pilote, depuis sa création en 2007, des programmes de conservation et d'utilisation durable des ressources génétiques autochtones. Cette jeune institution se trouve d'ailleurs au cœur d'un réseau national pluridisciplinaire regroupant des enseignants, des chercheurs, des décideurs, des professionnels de divers horizons et des représentants de la société civile.Tous mettent à profit leurs expériences et compétences scientifiques et sociales autour de neuf thématiques : les céréales et les légumineuses alimentaires, les plantes fourragères, les arbres fruitiers, les plantes maraîchères, les condimentaires et florales, les plantes pastorales et forestières , les plantes médicinales, les ressources génétiques animales, les ressources génétiques marines et les micro-organismes. A la fin de l'année 2009, soit à peine deux ans après sa création, la Bng se prévaut d'un certain nombre de réalisations concrètes dans les divers domaines de son intervention. C'est ainsi qu'elle a réussi à rassembler une quantité conséquente de ressources génétiques autochtones, à travers les opérations de prospection, de collection, de don et de rapatriement des banques de gènes étrangères qu'elle initie en permanence. En février 2009, la Bng disposait dans ses chambres froides d'un total de 27.704 accessions dont les céréales et les fourrages autochtones représentent respectivement 64% et 17% (Voir Tableau*). En matière de patrimoine animal, la Bng focalise ses efforts sur la conservation et la promotion de la race Sicilo-Sarde présente dans le nord-ouest de la Tunisie et dans la région de Béja plus précisément. Cette race est l'unique race ovine laitière en Afrique du Nord. Elle a rencontré des contraintes au niveau de sa productivité, sa gestion génétique et de sa population de petite taille. Dans le but de continuer à protéger cette unique race laitière et d'améliorer ses performances, une convention a été signée entre la Bng et une structure associative locale à Béja, «le Groupement des éleveurs de la race Sicilo-Sarde» pour asseoir un programme de conservation et de promotion de cette race, impliquant la génétique quantitative et le génotypage précoce des animaux. Ces efforts de valorisation ont ainsi été le précurseur d'un modèle de développement réussi. C'est, en effet, grâce à cette association que la production du lait est passée de 87 à 128 litres par brebis et par lactation et que le prix du litre de lait a doublé (de 700 à 1,420 millimes), permettant aux petits éleveurs de maintenir le cap. Ceux-ci ont même pu monter leur propre centre de collecte dans la région, alors qu'une fromagerie privée se charge de transformer les quantités de lait recueillies. Toujours dans le domaine des ressources animales autochtones, la Bng pilote une série de programmes ciblant la Noire de Thibar, une autre race ovine introduite dans notre pays en 1924 et qui se trouve menacée à cause de sa petite taille et des effets négatifs de la consanguinité. Le cheval des Mogods dit «Chèvre des montagnes», utilisé par les petits éleveurs du Nord-Ouest en raison de son adaptabilité à la région montagneuse, sa robustesse et sa docilité, fait également l'objet d' un programme d'identification, de caractérisation moléculaire, de conservation, de sauvegarde et de promotion. Célébrant à sa manière 2010, consacrée par les Nations unies, l'année internationale de la biodiversité, la Bng a organisé au cours de la semaine dernière une visite de découverte et d'exploration de ses interventions dans la région de Béja. Les représentants de la presse nationale ont pu visiter à cette occasion des sites de multiplication d'accessions autochtones de blé dur, de blé tendre et d'orge, des exploitations agricoles et céréalières , une fromagerie dans la région et approcher des troupeaux ovins de la race Sicilo-Sarde et de la race dite «Noire de Thibar».