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Les réseaux sociaux (4e partie)
Economie numérique et société
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 08 - 2011


Par Slaheddine KAROUI
Un réseau social sur Internet est un ensemble d'applications aidant un individu à se créer un cercle d'amis, élargir un portefeuille de partenaires, rejoindre une catégorie professionnelle, échanger des photos et des vidéos, nouer des relations sentimentales, faire part de ses préoccupations etc. Certains réseaux sociaux sur la Toile ont atteint des dimensions importantes groupant des dizaines de millions d'individus et utilisant des outils nombreux et attractifs : Facebook, l'un des réseaux sociaux les plus populaires rassemble plus de 600 millions d'abonnés.
Au vu des objectifs de ces sites et de l'utilisation qui en est faite prédomine l'impression que leurs effets sont sans conséquence sur l'organisation de la société. Il n'en est rien car, à terme, ils peuvent bousculer les jeux traditionnels de la communication en déplaçant le champ d'expression de cette dernière de la sphère réelle vers la sphère virtuelle. Ce mouvement qui s'inscrit dans le temps long est déjà assez avancé puisque 73 % des internautes visitent quotidiennement les réseaux sociaux .Le temps passé, souvent long, à dialoguer et à échanger des souvenirs, des idées, des images ou même des sentiments, sur le web, est forcément prélevé sur celui qui aurait dû être consacré à la communication, dans la sphère réelle, avec les membres de la famille, les amis, les collègues. Il y a donc un transfert des pôles d'intérêt d'un individu de la sphère réelle, avec ses contraintes professionnelles et privées, dans laquelle il est quotidiennement immergé, à la sphère virtuelle qui, apparemment, l'aide à oublier ses tracas, à découvrir d'autres horizons, à assouvir ses passions ou simplement à rêver. Ce transfert prend au fil des jours une ampleur croissante. En effet, le sixième de la population mondiale est actuellement utilisateur des réseaux sociaux. Si cette masse d'individus regardent, de surcroît, la télévision, le décor est planté, d'une société qui s'apprête à tourner le dos à la communication avec le monde réel pour communiquer avec le monde virtuel. Une telle attitude suggère que les rapports sociaux des groupes et des individus déjà distendus par la mobilité, l'individualisme, la méfiance, les écarts socioéconomiques et culturels vont, à l'avenir, se distendre davantage, voire éclater. Mais ce n'est pas vrai pour toutes les catégories sociales. En effet, les plus fortunés, n'ont guère le temps de flirter avec l'ordinateur : dîners galants et/ou d'affaires, soirées au théâtre ou au cinéma, réceptions mondaines, voyages et croisières accaparent l'essentiel de leur temps ; les plus démunis manquent de moyens financiers pour acquérir un ordinateur et payer des droits d'accès à Internet ; c'est donc la classe moyenne qui fréquente, avec le plus d'assiduité, les réseaux sociaux. Les chiffres montrent qu'elle s'y engouffre massivement, portée soit par l'espoir d'oublier les aspérités d'un monde réel de plus en plus dur à supporter soit par l'espérance de le transformer en agissant sur lui au moyen de l'outil virtuel. La révolution tunisienne est, peut-être, l'expression la plus achevée de cette action.
Les réseaux sociaux éloignent les individus de leur devoir professionnel. En effet, en Occident, 43 % des internautes, soit environ 250 millions de personnes visitent les réseaux pendant les heures de travail. Selon The Economist, ces visites coûteraient à l'entreprise occidentale au moins 2 à 3 % de sa masse salariale contribuant, ainsi, à la dégradation de sa marge. Les études ne disent pas comment se passent les choses en Tunisie, ce qui aurait jeté un éclairage intéressant sur le montant des pertes subies et leur impact sur les fondamentaux économiques et financiers. Mais, en Tunisie comme ailleurs, le temps soustrait aux heures de travail légal, se traduit, inévitablement, par une baisse de rendement que les économistes tunisiens gagneraient à calculer.
Les réseaux sociaux menacent la sphère privée. C'est si vrai que le président américain Barak Obama a mis les jeunes Américains en garde face au phénomène des réseaux sociaux en déclarant «Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez sur Facebook parce qu'à l'époque de YouTube, quoi que vous fassiez, on vous le ressortira à un moment ou un autre de votre vie. Quand on est jeune, on fait des erreurs, on fait des trucs idiots. Cela pourrait se retourner contre vous tôt ou tard...» Ces propos visent, en particulier, à protéger les jeunes contre une certaine propension chez les employeurs à se renseigner sur leurs nouvelles recrues via ces réseaux sociaux, qui peuvent parfois révéler des informations plus ou moins compromettantes, figurant sur les profils édités.
En effet, il faut savoir que les réseaux sociaux fonctionnent par "profil". Une fois inscrits, les futurs abonnés devront remplir un formulaire comportant un certain nombre de questions sur leur parcours scolaire, universitaire et professionnel, sur les traits principaux de leur caractère, ainsi que sur leurs goûts, passions, violons d'Ingres, bref un panorama complet de leur vie, ponctué s'ils le souhaitent par la publication de leur photo. Evidemment, ils ne sont pas obligés de tout dévoiler, mais les jeunes moins avertis que les adultes et surtout plus inconscients s'engouffrent, sans retenue, dans les réseaux sociaux en exposant leur vie privée de façon excessive. Ils ne se rendent pas compte que, une fois en ligne, les informations qu'ils ont fournies feront l'objet d'une analyse, d'une indexation et d'une large diffusion favorisée par la configuration dite " par défaut ". Ils ignorent qu'ils contribuent de façon gratuite à fournir à diverses organisations des fichiers complets sur leur vie privée, à un moment donné de leur existence, et que ces fichiers sont définitivement mémorisés sur les disques durs des réseaux, sans moyen de les extraire. Ainsi, même après leur mort, leur vie privée reste livrée au public et pourrait être exploitée contre leurs descendants. Mais la menace qui pèse sur leur vie privée sera portée, bientôt, par d'autres applications des TIC :
- Les puces RFID qui, placées dans un objet, les espionneront sans relâche ;
- L'accès à toutes les informations concernant une personne par la simple action de taper son nom sur un clavier;
- L'usage malveillant que peut faire un moteur de recherche des mots de passe des boîtes e-mail ;
- La géolocalisation des mobiles permettant à un voleur de savoir si une personne est dans son domicile ou en vacances ;
- L'usage compromettant qui pourrait être fait d'une photo capturée par webcam.
Aussi l'action publique devrait s'appliquer à sensibiliser les jeunes Tunisiens aux risques associés aux outils de communication de l'internet. Cette formation, portée par les ministères, devrait être coordonnée par une instance indépendante, par exemple, la primature en raison de ses attributions horizontales. Au-delà de cette sensibilisation, les jeunes devraient également être formés, très tôt, aux TIC de manière à développer leur esprit critique dans l'utilisation du Net et continuer à le consulter en toute tranquillité se jouant de son contenu choquant ou malveillant et s'enrichissant de ses informations utiles. Une telle démarche a un prix, mais l'enjeu en vaut la peine. Ce prix sera d'autant moins lourd à acquitter que les programmes de sensibilisation et de formation seront développés dans le cadre d'une plateforme commune aux PAF.
Les enfants sont, évidemment, les plus menacés par la cybercriminalité. Pour protéger les enfants, les fournisseurs d'accès à Internet ont mis en place des dispositifs de filtrage des sites pédopornographiques ou illégaux, et un label permettant de distinguer les logiciels de contrôle parental les plus efficaces. Mais ces mesures ne remplaceront jamais la surveillance active des parents qui restent le bouclier le plus efficace contre les méfaits véhiculés par le Web. Evidemment, tous les parents n'ont pas cette aptitude car, en Tunisie, ils sont des centaines de milliers à ignorer comment utiliser et accéder au Net. Aussi, une des solutions serait d'inciter les vendeurs de PC et de micro-ordinateurs à activer les logiciels de contrôle chaque fois que la vente est destinée à des particuliers ayant des enfants. Les contraintes à cette mesure ne semblent pas insurmontables dans les campagnes et les petites villes, où tout le monde se connaît. Elles sont plus compliquées à contourner dans la capitale et les grandes villes, mais il existe toujours des moyens pour aider les parents à empêcher leurs enfants de subir les aspects négatifs de la Toile.
Récemment, la CNIL, en France, préoccupée par la protection de la vie privée des utilisateurs français (17 millions de membres), s'est renseignée auprès de Facebook sur la manière dont il analyse les profils de ses membres afin de leur délivrer des publicités ciblées, soulignant que ces derniers doivent être informés de la finalité des fichiers, des destinataires des données et de l'existence d'un droit d'accès et de rectification. De son côté, La Fédération allemande des associations de consommateurs, la Verbraucherzentrale Bundesverband (VZBV), qui regroupe une quarantaine d'associations outre-Rhin, appelle les Allemands à boycotter le célèbre réseau social. Par ailleurs, dans plusieurs pays, on enregistre de nombreuses plaintes concernant les changements apportés aux paramètres de confidentialité récemment mis en place par les réseaux sociaux, provoquant des sérieuses enquêtes. Aux Etats-Unis, des organisations comme l'Electronic Privacy Information Center, le Center for Digital Democracy (CDD) et d'autres accusent Facebook d'enfreindre les lois protégeant les consommateurs. Déterminées, ces associations ont déposé une plainte collective devant les autorités américaines de la concurrence (Federal Trade Commission) pour contraindre Facebook à modifier ses règles de confidentialité. Ces pays, ainsi que de nombreux autres, ont donc de sérieuses raisons de remettre en cause la capacité des réseaux sociaux à préserver la vie privée de leurs citoyens. Quelques exemples étayent leur embarras : celui de ce journaliste qui a eu la mauvaise surprise de découvrir, étalée sur le journal Le Tigre, sa vie privée; celui de ce professeur de lycée qui a été pris à partie par un de ses élèves au point d'avoir été obligé de quitter l'établissement ! Celui de cette enfant de 13 ans qui s'est laissé piéger et séquestrer par un prédateur sexuel ! Celui de cet autre gamin que ses amis s'abstiennent d'inviter à leurs jeux pour le punir de n'être pas membre de Facebook! Celui de ce candidat à un poste de travail qui s'est vu refuser l'embauche parce que l'entreprise a détecté, dans son profil consulté sur le réseau, des données qui ne correspondaient pas au CV qu'il lui avait fourni ! Celui du vol de 1,5 million de données personnelles et de mots de passe proposées à la vente à des annonceurs et des pirates ! Celui des groupements dits Apéro-Face Book qui mettent sur les dents la police municipale et la gendarmerie par l'ampleur de la foule qu'ils mobilisent, spontanément, sur les places publiques sans autorisation, etc.


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