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Fin tragique d'un nationaliste
Cinquantenaire de la mort de Salah Ben Youssef
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 08 - 2011


Par Foued ALLANI
• Intransigeant face à Bourguiba, il prit la tête d'une farouche opposition aux accords de l'autonomie interne de 1954 qui finit par dégénérer en une haine réciproque entre les deux hommes et des tentatives de part et d'autre d'appliquer la solution radicale. Bourguiba fut plus rapide.
L'acte semble sortir tout droit d'un roman policier bas de gamme. Guet-apens dans un pays étranger, coup de feu perfide et mortel à l'aide d'un revolver muni d'un silencieux, fuite des assassins, et crime resté impuni.
Voilà comment l'on pourrait résumer l'assassinat du leader Salah Ben Youssef le 12 août 1961 à Francfort (Allemagne) par deux tueurs à la solde des fidèles de Bourguiba après un plan bien monté par Taïeb M'hiri, le ministre de l'Intérieur de l'époque.
Acte ayant mis fin à un conflit politique à forte connotation personnelle entre la victime, ex-secrétaire général du parti du Néo-Destour, et le président Bourguiba, président du parti puis président de la République, à partir de 1957, sur fond de convergence de vues à propos de la démarche adoptée par Bourguiba et le parti d'une façon générale concernant le devenir de la Tunisie à la lumière des accords franco-tunisiens sur l'autonomie interne, signés le 3 juin 1954.
En réalité, les deux hommes sont devenus des frères-ennemis à partir du moment où chacun d'entre eux a essayé d'éliminer l'autre, d'abord politiquement puis physiquement. Et comme dans un western, l'un a tiré plus rapidement que l'autre.
Ben Youssef a été donc la victime de ce duel fatal à caractère politique bien que ce dernier ait été condamné à mort par contumace deux fois de suite par un tribunal à Tunis (janvier 1957 et novembre 1958). Car un condamné a le droit de se défendre et si le verdict est confirmé, son exécution doit s'effectuer dans le strict respect des procédures judiciaires avec toutes les garanties nécessaires.
De plus, les statuts respectifs des deux adversaires sont très loin d'être compatibles. Un chef d'Etat solidement installé dans sa légitimité populaire et constitutionnelle contre un opposant en exil. Ce dernier était, il est vrai, agressif et nourrissait des projets pour écarter le premier du pouvoir et, pourquoi pas, l'éliminer mais reste avant tout très vulnérable et le dos découvert.
C'était sans doute la propagande anti-Bourguiba et l'activisme international de Ben Youssef qui avaient fini par exaspérer son rival qui a remis le sort de Ben Youssef aux mains des assassins avec le résultat que l'on connaît.
Un acte lâche
C'était donc il y a exactement cinquante ans que Ben Youssef a été abattu à bout portant dans une chambre de l'hôtel Royal à Francfort, l'après-midi du 12 août 1961, alors que son épouse Safia née Zouhaïr l'attendait comme convenu dans un café tout proche dans la perspective de s'envoler pour Conakry dans la soirée.
Inquiète suite à l'absence prolongée de son mari, Mme Ben Youssef, après plusieurs tentatives, est conduite dans la chambre où eut lieu le forfait accompli par deux Tunisiens ayant pu prendre la fuite à temps. Salah Ben Youssef décéda quelques heures plus tard à l'hôpital universitaire de Francfort sans jamais reprendre conscience. Il avait 53 ans.
Il s'agissait de Abdallah Ben Mabrouk et Mohamed Ouerdani, qui s'étaient présentés à Ben Youssef en tant qu'officiers de l'armée nationale voulant en finir avec le régime de Bourguiba alors qu'ils étaient à la solde de Béchir Zarg Layoun, homme de main de Bourguiba, pourtant proche parent de Ben Youssef.
Afin d'exécuter leur plan, ils prièrent leur victime de les accompagner dans leur chambre, soi-disant pour plus de discrétion. Là, l'un d'entre eux se chargea de la sale besogne.
Ainsi le plan mis en place par Taïeb M'hiri et ayant reçu le feu vert de Bourguiba a-t-il été exécuté comme prévu, les choses ayant été rendues plus faciles à cause d'une imprudence fatale de la victime. Ben Youssef ayant accordé une confiance absolue à l'un de ses «alliés» Mohamed Rezgui (récupéré à son insu par M'hiri) qui lui avait suggéré de rencontrer ces pseudo-officiers.
Le 15 décembre 1973, Bourguiba reconnut devant les étudiants de l'Ipsi, au cours de l'une de ses conférences sur le mouvement national, sa responsabilité dans la décision d'éliminer Ben Youssef, tout en décrivant l'opération et en concluant que le pays a été ainsi débarrassé de «cette vipère».
Une rivalité qui va crescendo
Mais la rivalité Bourguiba-Ben Youssef a commencé à germer à partir du moment où le second était devenu le maître effectif du parti, le premier ayant été absent entre mars 1945 et septembre 1949, après avoir quitté le pays de façon clandestine.
De plus et grâce à sa position au sein du parti, Ben Youssef fut désigné pour faire partie du gouvernement Chenik le 17 août 1950 au sein duquel il fut chargé du portefeuille de la Justice (Ben Youssef était avocat de profession).
Bien introduit au palais (il était devenu l'ami de Chadly fils aîné de Lamine Bey, le souverain de l'époque), ayant de bonnes relations avec le résident général, Ben Youssef se considérait donc comme étant le vrai chef du mouvement national.
A partir de janvier 1952, le pays entra dans une véritable insurrection contre l'occupant et la résistance armée se déclencha.
Toujours faisant partie du gouvernement Chenik, Ben Youssef part le 13 janvier pour Paris. Là, le 26 mars, il apprit l'arrestation du Premier ministre ainsi que des membres de son gouvernement présents et leur déportation dans le Sud. Ben Youssef s'enfuit alors vers la Belgique et de là gagna Le Caire pour ne rentrer à Tunis que le 13 septembre 1955, soit plus de trois mois après le retour triomphal de Bourguiba le 1er juin de la même année, et après avoir réussi à se forger une stature internationale. Ben Youssef fut accueilli à son retour par Bourguiba et les militants présents purent constater que le premier avait une attitude un peu indifférente pour le second. Un froid qui allait se transformer en une lutte infernale entre les deux leaders.
Au début de l'accord pour l'étape de l'autonomie interne, Ben Youssef se retourna contre cette décision.
Le point de non-retour
Le 7 octobre 1955, il prononça un discours incendiaire à la Mosquée La Zitouna dans lequel il réaffirma clairement son refus de l'étape de l'autonomie interne et expliqua que la lutte armée pour la libération de tout le Maghreb était inévitable. Protestation de la France, remous au sein du gouvernement, effervescence au sein du parti. Bourguiba convoqua alors le bureau politique qui décida le 12 octobre l'exclusion de Ben Youssef. Entre les deux leaders, la guerre éclata. El la Tunisie se retrouve divisée entre les partisans des deux hommes, donc entre deux démarches. Beaucoup de sang coula et les événements eurent par contre un effet positif sur le processus de l'indépendance (20 mars 1936).
Entre-temps, le 28 janvier 1956, Ben Youssef prit la fuite car ayant eu vent de son imminente arrestation.
Installé au Caire, il poursuivit sa lutte au sein du comité du Maghreb et devint l'interlocuteur des autorités égyptiennes et des leaders du mouvement national algérien.
Les deux frères ennemis continuèrent donc à se faire la guerre à distance. Et quelques mois avant son assassinat, Ben Youssef eut l'occasion de rencontrer Bourguiba à Zurich où ce dernier l'accueillit dans sa résidence le 3 mars 1961 et prit un vrai plaisir à l'humilier, lui faisant savoir qu'il était au courant de ses tentatives pour l'assassiner.
Bourguiba risquait ainsi de compromettre le plan de M'hiri et de démasquer par conséquent la taupe Mohamed Rezgui qui devait jouer, comme déjà dit, le rôle crucial pour attirer Ben Youssef dans le guet-apens tellement il rageait contre son rival.
Après la disparition de Ben Youssef, Bouguiba devint le maître absolu de la Tunisie. S'enfonçant dans son autoritarisme, Bourguiba faillit être assassiné en décembre 1962 sur instigation d'un groupe formé de youssefistes, d'officiers de l'armée et autres mécontents.
Incident qui eut pour entre autres conséquences un raidissement de l'attitude de Bourguiba et l'inauguration de la politique du parti unique puis de la mainmise de ce parti sur toutes les structures de la société civile.


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