Les réfugiés fuyant les combats en Libye se sont massés, en grand nombre, dans les gouvernorats de Médenine, Tataouine et Gabès où des camps ont été dressés dans les localités de Choucha, Remada, Dhehiba, Tataouine. Pour faire face à la situation, l'Unhcr, l'Unicef, l'association Save the Children et d'autres ONG ayant rapport avec l'éducation ont œuvré pour mettre au jour un projet susceptible de favoriser la scolarisation et l'intégration scolaire des enfants réfugiés par une capitalisation des expériences menées sur le terrain. Ce qui a été fait, durant les premiers mois, oscillait entre l'animation culturelle‑et artistique et l'enseignement pur et dur assuré par des gens du domaine, dans‑les tentes et dans les institutions scolaires. Ainsi et en dépit des circonstances exceptionnelles vécues par les ressortissants libyens et autres, au sud-est de la Tunisie, l'on peut dire tout de même que les enfants réfugiés n'ont pas passé une année blanche. Dans les trois gouvernorats du sud, des cours ont été dispensés à ces jeunes par des enseignants tunisiens et libyens. Néanmoins, la mission accomplie un peu à la hâte n'a pas été facile et à la portée de tous , naturellement. C'est probablement la raison pour laquelle l'Unicef a organisé, les 16 et 17 août, en collaboration avec le ministère de l'Education, un colloque, dans un grand hôtel à Zarzis, pour évaluer ce qui a été réalisé et surtout pour établir un projet bien étudié, fondé sur des bases solides à partir de constats et de données concrètes et mettre en place une approche opérationnelle au cours de la prochaine rentrée scolaire. "Pour une scolarisation de qualité et équitable" est le thème de cette rencontre. Ont pris part aux ateliers de travail des représentants du ministère de l'Education, de la direction générale de l'enseignement secondaire, de l'inspection générale de l'éducation, du Cnipre, des inspecteurs exerçant dans les gouvernorats de Médenine, Tataouine et Gabès, des responsables libyens dans le secteur de l'éducation, des directeurs d'écoles ayant abrité l'expérience cette année, des enseignants tunisiens et libyens ayant travaillé dans le cadre du programme éducatif-récréatif ainsi que d'autres partenaires comme le HCR , Save the Children, les Scouts tunisiens, Islamic Relief, Adra. A la lumière de l'expérience qui a été réalisée cette année, dans des conditions peu ordinaires, tout a été débattu par les participants dans des ateliers de travail qui ont cherché surtout à : - Partager les expériences des différents intervenants dans l'éducation des enfants réfugiés. - Dégager une stratégie d'intervention et la partager avec toutes les parties afin de la finaliser. - Elaborer un plan d'action détaillé de la mise en œuvre de la stratégie de scolarisation des enfants réfugiés. - Identifier les groupes de travail et de suivi à long terme de la stratégie de scolarisation des enfants réfugiés. Après des discussions fructueuses enrichies par l'apport des responsables libyens, au cours des séances plénières, il a été convenu d'opter, à partir de la prochaine rentrée scolaire, pour une insertion totale des enfants libyens dans les établissements tunisiens. Une intégration partielle dictée, parfois, par la nature de la matière à enseigner est possible également. Cela concerne les deux cycles de l'enseignement de base. Toutefois, l'intégration des Libyens dans les mêmes classes que les Tunisiens n'est pas possible, et ce, pour deux raisons essentielles. Primo, en Tunisie, les cours sont dispensés en français. Cette langue qui véhicule les connaissances pour les différentes matières est ignorée par les Libyens. Secundo, en Tunisie, les classes sont mixtes, alors qu'en Libye, les deux sexes sont séparés dans les grandes classes. De toute façon, une note émanera du ministère de tutelle dans ce sens, dans les prochains jours. Concernant les contraintes, M. Gzouni, de la DRE de Médenine, a évoqué les conditions climatiques très difficiles dans la localité de Choucha, et l'Unicef s'est dit disposée à construire une école si on lui offre le terrain. En marge du séminaire, une commission technique et pragmatique formée d'un groupe d'inspecteurs pédagogiques exerçant dans la région a été chargée de concevoir une stratégie de travail qui prendra en compte les propositions libyennes dans sa perspective et fera comme si la crise allait se poursuivre. Elle effectuera aussi les tests de niveau pour placer les enfants dans les classes qui leur conviennent. Par ailleurs, d'autres partenaires auraient pu aider par leur présence et enrichir les débats, à l'instar de quelques représentants, comme celui du ministère des Affaires sociales, du ministère de la Femme et de l'Enfance, de l'Observatoire des droits de l'enfant, de la direction générale des bâtiments et des équipements, mais la rencontre a été, somme toute, salutaire et bénéfique.