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Le divorce université-classe dirigeante
40e anniversaire du fameux congrès de Korba de l'Uget
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 08 - 2011

• Survol des événements qui avaient abouti à cette rupture et de ceux qui s'ensuivirent
Il restera l'illustration la plus éloquente du refus de nos jeunes élites de l'arrogance d'une classe politique hégémonique mue par le désir irrépressible de dominer la société et des structures qui la représentent après avoir réussi à mettre la main sur toutes les institutions politiques et celles de l'Etat par le biais d'une monstruosité appelée Etat-parti construite autour d'un chef dont le pouvoir est devenu quasi-illimité.
C'est que le 18e congrès de l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) tenu à Korba du 12 au 20 août 1971 et plus connu sous l'appellation de «Congrès de Korba 71» a révélé au grand jour l'âpreté de la lutte de nos jeunes élites et futurs cadres et décideurs du pays pour se soustraire à la tutelle infantilisante du parti-Etat et de sa politique inaugurée en 1963 ayant détruit tout pluralisme intellectuel et politique à la faveur de l'idéologie de «l'unité nationale». Celle-ci consistait entre autres à mettre au pas toutes les organisations «nationales» et de les inféoder au parti du Néo-Destour (devenue à partir de 1964 Parti socialiste destourien - PSD).
L'issue de ce fameux congrès, il y a de cela 40 ans, a constitué un tournant décisif dans l'histoire sociale et politique de la Tunisie. Celle-ci venait tout juste de se relever de l'expérience non concluante du collectivisme et de s'engager dans un libéralisme économique qui ira crescendo, doublé en cela d'un durcissement politique néfaste qui aboutiront, le 26 janvier 1976, à une révolte populaire que le pouvoir se chargera de réprimer dans le sang.
Ce tournant décisif dont il est question est le résultat du déroulement dudit congrès qui a déclenché le processus de rupture entre l'université et la classe politique dirigeante. Processus qui connaîtra des développements à caractère conflictuel sachant que le PSD était secoué de l'intérieur par un mouvement réclamant la démocratisation de ses méthodes de travail et de choix de ses cadres et dirigeants. Mouvement qui avait pris forme en avril 1971 à l'occasion de la session de son comité central et qui avait éclaté au cours de son congrès tenu en octobre, soit six mois après, à Monastir, mais qui n'avait pas pu s'imposer, laissant ainsi le champ libre aux tendances dures.
De l'indépendance à la vassalité
Organisé dans une atmosphère chargée, le congrès de Korba a été précédé de plusieurs événements à caractère conflictuel et avait eu lieu après l'apparition d'un sérieux courant indépendantiste au sein de l'Uget par rapport au parti-Etat. Courant qui a été alimenté par le nombre toujours croissant des étudiants se réclamant de la gauche et désireux d'obtenir des positions de décision au sein de l'organisation.
Fondée à Tunis en 1952, devenue légale après son congrès constitutif tenu du 10 au 13 juillet 1953 à Paris, l'Uget a d'emblée participé à la lutte du peuple tunisien pour son indépendance. Cet objectif réalisé à partir du 20 mars 1956, l'Uget a commencé à militer pour plus de liberté et de démocratie dans le pays dont le régime est devenu républicain à partir du 25 juillet 1957 mais qui n'avait pas encore adopté la Constitution tant attendue (ce sera fait le 1er juin 1959). Cela à côté de ses revendications pour une meilleure qualité de l'enseignement et des conditions d'études.
Déjà et lors de son 5e congrès (20-24 août1957), l'Uget avait tenu à proclamer son indépendance vis-à-vis des structures politiques et les élections avaient abouti à l'incapacité du candidat du parti de Bourguiba à s'imposer.
Cela avait poussé les étudiants destouriens à adopter une strategie visant à mettre la main sur l'organisation. Ce qui a été fait lors du congrès de Carthage (28 août - 2 septembre 1961). Chose qui n'a pas empêché les étudiants de la gauche de resserrer leurs rangs et de participer encore plus nombreux au congrès de Bizerte (13-17 août 1962) au sein duquel ils étaient 50 sur 112.
C'est le congrès du Kef (15-20 août 1963) qui va plonger l'Uget dans le cercle vicieux de la dépendance vis-à-vis du parti-Etat et l'allégeance à la personne de Bourguiba, le chef de cet appareil.
Une charte avait été en effet votée dans ce sens et avait permis ainsi à la politique de mise au pas de la société par le parti-Etat de se renforcer, surtout après la décision de Bourguiba de dissoudre la même année le Parti communiste tunisien.
Situation qui a participé à la création en octobre 1963 du Groupe d'études et de l'action socialiste en Tunisie (Geast) plus connu par «Prespectives», le titre de son bulletin.
Mauvaise surprise pour le PSD, en 1966. En marge du congrès tenu en août à Bizerte, les congressistes organisèrent une manifestation contre sa volonté d'imposer son candidat au secrétariat général et afin de réclamer l'élargissement des étudiants arrêtés suite au grabuge ayant accompagné les travaux dudit congrès.
Cette tendance à la relative indépendance vis-à-vis du parti va en se renforçant et s'illustrera sur la scène publique à travers l'opposition des étudiants à la guerre du Vietnam conduite par les Etat-Unis, allié privilégié de Bourguiba.
Toujours en 1967 et suite à l'agression de l'Etat sioniste à l'encontre de ses voisins arabes (à partir du 5 juin), les étudiants prendront part à des manifestations populaires contre cette action. L'un d'entre eux, Mohamed Ben Jennett, sera arrêté puis condamné à 20 ans de travaux forcés.
Obstination du PSD à vouloir tout contrôler, volonté des étudiants à plus d'indépendance, voire à une indépendance totale, la confrontation devenait inévitable.
La confrontation
Le 15 mars 1968, alors qu'un meeting à la faculté des Lettres de Tunis se tenait afin de revendiquer la libération de Ben Jennett, des étudiants destouriens organisèrent une contre-manif. La situation dégénéra en affrontements et permit aux forces de l'ordre d'intervenir. Plusieurs étudiants seront arrêtés et 134 d'entre eux seront traduits devant une cour d'exception créée à cet effet, la cour de sûreté de l'Etat. De lourdes peines seront prononcées au terme de ce jugement, le 16 septembre de la même année.
Entre-temps, le congrès de Menzel Temime (12-17 août 1968) est boycotté par les étudiants de gauche et les congressistes y dénoncèrent les agissements de ceux qui étaient à l'origine des événements de mars 68 (le «Mai 68» des Tunisiens). Deux listes relevant du PSD s'affrontèrent cependant en vue de siéger au bureau exécutif (pseudo-détente).
La scène estudiantine devait s'enflammer de nouveau le 9 février 1970 à l'occasion de la visite en Tunisie du secrétaire d'Etat américain. Un meeting houleux eut lieu à la Bourse du travail à Tunis avec pour objectif de dénoncer la politique étrangère de l'Oncle Sam. S'ensuivirent une marche en direction du consulat américain puis une confrontation avec les forces de l'ordre puis des arrestations parmi les étudiants.
Cette même année verra plusieurs autres frictions, telles que le refus du bureau de l'Uget de dénoncer et de dénigrer Ahmed Ben Salah, artisan de la politique du collectivisme, limogé par Bourguiba en novembre 1969 et qui sera traduit un peu plus tard devant la justice. Telle que la colère de Bourguiba suite à l'absence des représentants des étudiants à la cérémonie de la fête de la République le 25 juillet 1970 (selon eux, ils n'y avaient pas été invités et selon Bourguiba il s'agissait d'un complot). Telles aussi plusieurs grèves, la plupart contre «la politique sélective».
En 1971, les grèves éclataient un peu partout dans les facultés et la tension était élevée au sein du bureau de l'Uget sur fond d'intervention du PSD et de son ingérence. La crise éclata le 14 avril 1971, lorsque Aïssa Baccouche, le S.G de l'Uget, ainsi que deux autres membres du bureau annoncèrent leur démission.
C'est donc dans cette atmosphère chargée que se tiendra le fameux congrès de Korba entre les 12 et 20 août 1971.
Le «putsch» et le mouvement de février 1972
Trois principaux courants formaient ainsi le congrès: les destouriens, les communistes et l'extrême gauche, soit 175 congressistes. Mais parmi les destouriens, il y avait ceux qui prônaient l'indépendance de l'organisation vis-à-vis du parti et qui voulaient rétablir le S.G démissionnaire face au candidat du parti, Habib Chaghal.
Les débats à propos de la motion politique tournaient eux aussi autour du principe de l'indépendance de l'organisation. Entre-temps, les coulisses connaissaient une fièvre sans égale à propos de celui qui va diriger le bureau. Et les deux courants destouriens entrèrent en conflit (ce qui explique entre autres l'étirement du congrès, dépassant ainsi les quatre jours programmés). Cela nécessita le déplacement à Korba de plusieurs responsables politiques (ministres et cadres du PSD) et même une réunion interne au siège de la délégation de la localité. 
Résultat: un imbroglio dans le déroulement du congrès dont les travaux ont duré plus que prévu avec poursuite des délibérations en l'absence du président du congrès et de l'un de ses adjoints par le 1er vice-président dudit congrès. Celui-ci accepta une motion demandant de passer directement au vote (émanant de l'aile inféodée au PSD). D'où l'élection d'un comité directeur considéré non légitime par le reste des congressistes (105). Ces derniers qui formaient la majorité ont crié au putsh et considéré les travaux non encore achevés, car la séance était non réglementaire et les motions non encore votées.
Ainsi l'organisation s'est retrouvée en crise avec à sa tête un bureau dénué de toute légitimité.
De retour aux amphis, les étudiants avaient commencé alors à s'activer pour mettre fin à cette monstrueuse irrégularité et pour rétablir la légitimité et avaient décidé d'organiser un congrès extraordinaire à cet effet.
Rendez-vous avait alors été pris le 2 février 1972 à la faculté de Droit et des Sciences économiques de Tunis, pour concrétiser cet objectif malgré le refus par le gouvernement de cette décision des masses estudiantines. Celles-ci avaient pourtant essayé de négocier avec lui par le biais de ses délégués à elles au niveau des institutions universitaires.
Mais à l'issue de ce congrès extraordinaire le 5 février, et constatant que les congressistes allaient élire un bureau légitime, le gouvernement et le PSD avaient décidé de mettre fin à cette instance à l'aide d'une intervention musclée suivie d'arrestations.
Ainsi le divorce entamé en 71 fut consommé en février 72 avec déclenchement de manifestations houleuses et des grèves ayant même touché les lycées. L'université sera fermée jusqu'en avril et le mouvement estudiantin devint presqu'entièrement anti-PSD et à caractère révolutionnaire. C'est la naissance du fameux mouvement de février 1972 qualifié de «glorieux».
Ce n'est qu'en 1988 que le 18e congrès extraordinaire eut lieu. Cela sans compter la montée en puissance des étudiants du PSD qui devient la même année le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et leur retour en force à partir du début des années 1990 et de leurs méthodes clientélistes et l'instauration du corps de la police universitaire. Aujourd'hui, l'Uget est encore en crise et peine à se relever.


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