Pendant une décennie, l'ancien régime a fait bien des promesses qui se sont avérées de gros mensonges Lorsqu'on passe sur la GP 9 à la sortie de la ville de La Marsa, on passe forcément à côté d'un terrain de football doté de vieux gradins et se trouvant dans un pitoyable état. Et quand on n'est pas un habitué du stade Abdelaziz Chtioui, on imagine mal que c'est bien cette enceinte qui abrite les matches de Ligue Une d'un aussi prestigieux club que celui de l'Avenir Sportif de la Marsa. Il suffit de faire un tour au Stade Chtioui pour se rendre compte de l'état désastreux dans lequel se trouve cette enceinte sportive. Vestiaires, douches et buvette sont dans un état lamentable. L'humidité a fait son œuvre sur les murs et les toits. Quant aux gradins, ils ne sont pas couverts. Les spectateurs du Chtioui ne sont donc pas protégés ni du soleil ni de la pluie. Les joueurs ne s'entraînent pas dans les meilleures conditions du monde. L'annexe est à l'abandon. Ses portes sont fermées et deux engins de travaux (qui n'ont jamais eu lieu d'ailleurs) y sont immobilisés. Quant à la pelouse centrale, elle est usée, car surexploitée puisqu'elle abrite matches et entraînements de l'équipe senior. Enfin, il y a un vaste terrain mais il est en terre battue. Bref, un stade indigne d'un club corporatif. Que dire alors de l'ASM ? Pour comprendre pourquoi le stade Abdelaziz Chtioui en est arrivé là, nous sommes allés enquêter pour savoir pourquoi il y a eu durant la dernière décennie beaucoup de promesses pour un projet ambitieux qui n'a jamais vu le jour. Entre- temps, l'état du Chtioui n'a fait qu'empirer de jour en jour. Qui est Abdelaziz Chtioui ? Le Stade Abdelaziz Chtioui existe depuis les années 40 du siècle dernier. "C'était un terrain clôturé mais pas doté de gradins.", se souvient Afif El Marouani, un fervent supporter marsois âgé de 69 ans qui poursuit : "Nous, les anciens, l'appelions terrain du Consulat, en référence à la résidence de l'ambassadeur de Grande-Bretagne qui se trouve en face. C'est après qu'il a été doté de gradins en structures de bois et qu'il a porté le nom de Abdelaziz Chtioui, un militant du mouvement national et qui fut le président de la cellule de La Marsa du Parti destourien. Il n'a pas fait partie des fondateurs de l'ASM qui sont M'hamed Zaouchi, Ahmed Chelbi, Othman Ben Othman et Ali Fazzani dont l'actuel nom de famille est Soukni. Ils ont rédigé le document des Scouts Musulmans qui ont donné naissance par la suite à l'Avenir Musulman devenu en 1965 l'Avenir Sportif de la Marsa.", nous a-t- il dit. Une autre version de l'histoire présente Abdelaziz Chtioui : "C'est l'un des fondateurs de l'ASM. Le colonisateur français lui a refusé le visa étant donné qu'il était le président de la cellule du Parti destourien à La Marsa. C'est donc officiellement feu M'hamed Zaouchi, qui a été le fondateur et le premier président de l'ASM.", nous a fait savoir M. Mohamed Riahi, ancien premier vice-président de l'ASM et actuel maire de la ville de La Marsa. Autant en emporte le vent Pendant une décennie, on n'a pas arrêté de parler du fameux projet gigantesque pour l'embellissement et l'amélioration de l'infrastructure sportive à la Marsa. Un projet détaillé qui devait s'étaler de 2001 à 2011. A l'heure actuelle, la ville de La Marsa devait être dotée d'un stade Abdelaziz Chtioui flambant neuf. La dernière promesse date de l'assemblée générale du club tenue l'été de 2009. Le gouverneur et le maire de la ville avaient annoncé qu'une enveloppe de 9 millions de dinars était réservée à la rénovation du stade. Qu'en est-il réellement? Nous sommes allés poser la question au maire de la ville : "Que de promesses en l'air et cela dure depuis 2003. A chaque fois, on nous présentait un projet et à chaque fois des consultations ont lieu entre l'ASM et la municipalité de La Marsa. Et lorsqu'on voulait passer à l'exécution du projet, c'est le même refrain qui revient : le projet ne correspond pas au prestige de la ville et à la volonté politique de doter La Marsa d'un complexe sportif digne de son prestige et de l'histoire de son club. Et lorsque nous sommes allés nous renseigner sur les fonds qui nous étaient alloués, le ministère a nié avoir mis 9 millions de dinars à la disposition de notre municipalité. Et si le régime de Ben Ali avait perduré encore dans le temps, nous aurions atteint les 150 millions de dinars pour des travaux qui ne démarreront jamais. La rénovation du stade Chtioui est le plus gros mensonge de l'ancien régime, car en réalité, sur les 9 millions promis, nous ne disposons que de 1 million 600 mille dinars de fonds.", nous a confié M. Mohamed Riahi. Les magouilles de Chiboub et Zouari Actuellement, l'Avenir Sportif de La Marsa ne dispose que d'un seul terrain d'entraînement. Il s'agit du terrain en tartan du centre de formation des jeunes footballeurs. Mais là aussi, il est dans un piteux état. Et pour cause : il est surexploité puisque toutes les catégories des jeunes s'y entraînent et même l'équipe senior de football quand la pelouse centrale du Chtioui est impraticable et que les annexes de Radès et d'El Menzah ne sont pas disponibles. Pour remédier à ce problème récurant de terrains d'entraînement, la municipalité de La Marsa a récupéré le terrain de Gammarth qui devait abriter le centre de formation en 2003. M. Mohamed Riahi revient sur l'histoire du terrain de Gammarth : "Le lot de terrain de Gammarth devait abriter le centre de formation des jeunes footballeurs qui a été finalement bâti à El Krima. En 2003, nous devions inaugurer le premier terrain d'entraînement sur la terre de Gammarth. Nous avons importé la pelouse et toute la matière première qui va avec. Mais voilà que Abderrahim Zouari nous rend visite pour insister sur le transfert du projet ailleurs qu'à Gammarth. Il n'est pas exclu qu'il comptait le céder au clan des Trabelsi. Mais notre malheur ne s'est pas arrêté là. Nous avons transféré tout le matériel pour le stocker sous les gradins du Chtioui. Mais voilà que Slim Chiboub transfère tout au Parc Hassen Belkhodja !", assure le maire de la Marsa. Dénonciation et résiliation Avec le 1 million 600 mille dinars, la mairie de La Marsa a mis en place un programme pour rénover les terrains d'entraînement. Mais auparavant, elle a engagé des procédures pour résilier le contrat la liant à l'entreprise Sbabti : "Nous avons engagé des procédures de dénonciation de l'Entreprise Sbabti pour la résiliation de son contrat. Cette entreprise n'a jamais livré le terrain de l'annexe du stade Chtioui. Ce qui est hallucinant, c'est qu'on a rempilé avec cette entreprise qui n'a jamais engagé des travaux. Allez voir l'annexe du Chtioui dans quel état elle se trouve.", a également déclaré le maire de La Marsa. Bref, si le Stade Chtioui se trouve dans un état si désastreux, c'est à cause des projets de rénovation qui n'ont jamais eu lieu. Les magouilles du régime de Ben Ali ont touché de plein fouet la ville de La Marsa. D'ailleurs, on a attendu jusqu'au 13 janvier le bus flambant neuf promis par Sakhr El Matri lors de l'assemblée générale de l'ASM de l'été 2009. Le bus n'a jamais été livré. Le contraire nous aurait étonné !