Le coup d'envoi de la nouvelle saison artistique, du côté de l'espace Aire libre d'El Teatro, a été donné mardi dernier, sous un signe on ne peut plus actuel, avec une exposition inaugurale intitulée «Citoyennement vôtre». Un rendez-vous qui s'inscrit dans le cadre du festival de la citoyenneté, qui a investi le mois de septembre, à travers différents idiomes, déclinée sur tous les supports, avec des activités communes et édifiantes autour de rencontres-débats, de clubs d'enfants, de visites de terrain et de dynamique culturelle et artistique: expositions, ateliers de peinture, de sculpture et de photographie, pièces de théâtre, projections de films sur l'esprit citoyen... Mahmoud Chalbi, animateur de la galerie Aire libre, s'est proposé d'organiser une expo collective sur ce terme et sur ce thème intemporel et plus que d'actualité. Entre peintures, photographies, sculptures, gravures et installations, les artistes invités, ceux confirmés et d'autres plus néophytes et chacun à sa manière, ont posé leurs regards sur la question de la citoyenneté. Riadh Souissi a choisi de rééditer trois de ses gravures traitées en techniques mixtes : Rabbi mâak, Save human being, H'rabt-h'rabt, qu'il a exposées lors d'un rendez-vous antérieur. De la gravure encore avec les dimensions de la liberté de Kamel Brahim et ses éclats sérigraphiés. Moufida Fedhila nous revient avec deux travaux, après sa performance Super-Tunisian qui a marqué la rue et les esprits le 12 mai 2011, devant le Théâtre municipal de Tunis, se propageant dans l'avenue Habib-Bourguiba pendant une heure. Vêtue de la panoplie de Superman et d'une pancarte où était inscrit Super-Tunisian (en anglais et en arabe), Moufida Fedhila invitait les passants à voter pour Super-Tunisian, qui leur était présenté comme étant le sauveur de la Tunisie, le super héros… Un travail qu'elle développa par la suite, à travers la photographie, en réalisant une série de portraits dans les rues de Tunis, où les passants (hommes, femmes et enfants) sont invités à porter le panneau de Super-Tunisian. Dans ce rendez-vous, elle propose des «polaroïds» de quelques portraits et nous invite à dessiner le monde de mémoire, une manière de revoir notre conception du monde et de l'autre…Six «regards» (6 dessins d'inconnus) sont exposés figurant ce qu'une mémoire affective, une conscience collective ou un inconscient retiennent au final… Le graphiste Mohamed Guiga rend un bel hommage aux martyrs des derniers événements qui ont secoué le pays, en proposant deux toiles épitaphes (hommage aux martyrs de notre révolution, contre l'oubli!) où sont inscrits en grand format, quelques noms. Najet Ghrissi nous revient avec ses spéculations en bleu, soutenues par trois sculptures en métal (le peuple veut, situation et kaos) et le jeune Mohamed Ben Soltane garde ce regard critique et ce ton ironique, qu'on lui connaît, à travers une installation photographique, à prendre avec des pincettes, où il met le point sur la fragilité de l'acte de voter… Encore une installation, celle de Latifa Sayadi, nos petits enfants, une œuvre qui se préoccupe des conséquences du recours militaire à des munitions fabriquées à base d'uranium appauvri et qui met en scène, en s'inspirant des tombeaux d'enfants phéniciens, des tombes avec des structures en fer et en verre, où l'on peut voir les photos d'enfants difformes, victimes de ces armes assassines… Au rendez-vous également, les peintures de Inès Bannani, Nadia Raïs, Fatma El Ouni, Ibrahim Matouss, George Chelly et d'autres encore. «Citoyens tunisiens, c'est à nous aujourd'hui de bouger, de définir notre citoyenneté, forte de nos potentiels, riche de nos différences, déclinable à l'infini et à multiples visages. Soyez de l'expérience», nous disent les organisateurs du festival de la citoyenneté. Alors, soyons de la partie!