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Savoir capitaliser les perspectives prometteuses
Les entreprises du secteur BTP et le marché libyen : Entretien avec Chokri Driss, président de la Fédération des entreprises de BTP-Utica
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 09 - 2011

Sans doute, le printemps arabe ouvre-t-il de nouveaux horizons à l'export pour les entreprises et le savoir-faire tunisiens.
C'est le cas tout particulièrement du secteur BTP et notamment en direction de Libye. M. Chokri Drissi insiste à cet égard sur l'intérêt des alliés en compétitivité et surtout de se constituer en consortium.
Le Bâtiment et Travaux Publics (BTP) est considéré comme l'un des secteurs les plus employeurs en Tunisie. Le nombre d'emplois directs s'élève à 400 mille. Un secteur qui a un grand potentiel de développement sur le marché local mais aussi à l'international où beaucoup d'entreprises de construction se sont aventurées avec leurs moyens propres et souvent d'une façon individuelle pour s'installer dans plusieurs pays africains proches ou lointains, pariant sur leurs expériences acquises durant plus de quatre décennies de réalisations et d'édification de la Tunisie.
Convaincus que la subsistance du secteur passait inéluctablement par l'exportation de leurs services au-delà des frontières, nos bâtisseurs, malgré la modestie de leurs ressources financières et logistiques et l'absence de soutien par les autorités publiques, ont pris le pari de déplacer leurs moyens de production pour aller rivaliser sans complexe avec des entreprises de renommée internationale et sur des marchés que ces dernières ont traditionnellement conquis depuis longue date.
Aujourd'hui, de grandes nations se précipitent pour soutenir des révolutions historiques et réaliser des changements radicaux vers la liberté et la dignité de peuples qui aspirent à la justice et à une meilleure qualité de vie, surtout lorsque le potentiel et les ressources propres de ces pays sont gigantesques et garants d'un avenir fort prometteur.
La révolution du peuple libyen frère déclenchée depuis le 17 février 2011,pratiquement un mois après la révolution tunisienne du 14 janvier 2011, lie incontestablement les destins de nos peuples qui, désormais, naviguent sur le même bateau et affrontent les mêmes défis, dont notamment celui de la reconstruction.
C'est effectivement un moment historique dont nous devons prendre conscience, nous constructeurs tunisiens avec tous les métiers allant de la planification à la conception et études d'ingénierie jusqu'à la réalisation et avec des produits fabriqués par les industriels tunisiens, nous devons saisir cette chance pour bien exploiter toutes les opportunités qui se présentent sur le marché libyen dont le territoire dépasse 11 fois celui de la Tunisie.
Il faut d'abord noter l'état des lieux pour nos entreprises présentes sur le marché du BTP libyen avec plus de 30 entreprises du secteur organisé, et un volume d'affaires dépassant les 2 milliards de dinars libyens sur des chantiers éparpillés sur tout le territoire allant des régions frontalières côtières ou de l'intérieur libyen comme les villes de Zaouia, Sorman, Nalut, Tiji, Yefran, ou bien les chantiers du grand Tarabuls, et aussi des réalisations à Benghazi et également au Sud dans la région de Sebha ou Morzok.
Ces chantiers qui étaient tous en production pendant le déclenchement de la révolution libyenne sont très variés, et on cite à titre d'exemple les marchés suivants :
*Réalisation de 2.000 logements à Ghedems et de 500 logements à Benghazi
*Infrastructure (voiries, réseaux divers et routes) dans les villes de Nalut, Tiji, Sabha, Zliten
*Travaux d'assainissement dans la ville de Sorman
*Construction d'hôtels à Zaouia, Sabrata,Tripoli, Derna et à Bidha
*Construction de complexes commerciaux à Tripoli et Benghazi
*Construction d'hôpitaux à Kufra et Misrata
*Construction des fondations de l'aéroport international de Tripoli
*Construction du port de pêche à Benghazi
*Réhabilitation de la route Tripoli-Tarhuna
Ces projets qui étaient à différentes phases de réalisation, dont certains planifiés jusqu'à l'année 2013, mobilisaient, suivant les informations communiquées par nos entreprises, plus de 200 ingénieurs à plein temps ou à temps partiel, plus de 500 techniciens supérieurs à plein temps et plus de 2.200 manœuvres qualifiés déplacés et hébergés sur place.
Il faut aussi souligner que les entreprises ont déplacé à partir de la Tunisie des moyens de production (centrales de fabrication pour béton ou enrobé, concasseurs de carrière, engins de travaux publics, grues de manutention, camions…) pour une valeur supérieure à 75 millions de dinars tunisiens, et ont réalisé des investissements en équipements spécifiques pour plus de 65 millions de dinars libyens (1 dinar libyen équivaut 1,12 dinar tunisien).
A la suspension des travaux pour raison de guerre civile, le taux global d'avancement de ces projets était autour de 45%. La masse des approvisionnements restés sur chantier était évaluée à 123 millions de dinars libyens. Le montant des travaux impayés est estimé à 90 millions de dinars libyens et le montant des garanties bancaires émises par les banques, notamment tuniso-libyennes, est de 98 millions de dinars libyens.
Autre caractéristique de ces projets à souligner, c'est que ces réalisations sont contractées soit par des entités juridiques à 100% tunisiennes à travers des agences implantées en Libye, soit par des sociétés tuniso-libyennes créées suivant la réglementation en vigueur depuis 2006 en Libye.
La reprise des activités sur le marché libyen,tant attendue par les professionnels qui ont subi seuls le fardeau financier de cette période révolutionnaire, devra intervenir incessamment et en fonction des niveaux de sécurité, suivant les régions, permettant la mobilisation des moyens humains nécessaires à l'exploitation.
Les contacts sont déjà en cours soit individuellement par les entreprises concernées, soit à travers les structures de l'Utica pour soutenir les démarches des entreprises, notamment en ce qui concerne les règlements des travaux impayés, les indemnisations sur les pertes subies durant la période passée,la révision des contrats du fait du bouleversement des conditions économiques des marchés, le prolongement des délais d'exécution en conséquence des arrêts enregistrés et des délais supplémentaires requis par la remobilisation des chantiers.
Mais alors la question qui se pose est : quel est l'impact généré par les deux révolutions sur le secteur de la construction dans les deux pays et comment cette situation nouvelle, qui est incontestablement une rupture avec le passé, peut-elle doper le volume des échanges commerciaux dans les services BTP ? Que doit -on faire, tous, pouvoirs publics et professionnels privés, afin de tirer le maximum d'avantages de la situation nouvelle pour remédier aux maux de nos sociétés dont notamment le chômage des jeunes, les inégalités régionales, le taux de pauvreté et la fracture sociale et culturelle?
En fait, la responsabilité est très importante et incombe à chacun à partir de son niveau d'implication et de décision.
Le secteur de la construction joue un rôle moteur dans le développement économique et social, la preuve est que les puissances occidentales ou asiatiques accordent une place privilégiée à ce secteur entraînant de l'économie; n'a-t-on pas toujours vu lors de déplacements des politiques les plus connus des avions pleins d'entrepreneurs les accompagner ?
Convertibilité réciproque des deux dinars
La Libye nouvelle verra certainement de nouvelles règles de passation des marchés publics, privilégiant la transparence au relationnel, et s'assurant des capacités des entrepreneurs pour mener correctement leurs chantiers et réaliser les projets tant attendus par la population libyenne, les programmes ne manquent vraiment pas.
Les pouvoirs publics dans les deux pays doivent œuvrer d'abord à faciliter les échanges entre les deux pays voisins qui ne doivent être assujettis à aucune restriction, et faciliter ainsi le passage des personnes et des biens manufacturés et des moyens de production et de transport. En bref, supprimer les barrières douanières.
Il faudra certainement mettre en place des mécanismes pour la convertibilité réciproque et directe des deux dinars, libyen et tunisien et ainsi chasser la spéculation financière nuisible aux deux pays.
Les banques mixtes tuniso-libyennes doivent jouer un rôle économique plus percutant en accompagnant les investisseurs et les entrepreneurs dans leurs projets. Elles doivent être la véritable locomotive du développement. Le principal handicap pour les entreprises tunisiennes pour accéder aux marchés de travaux de construction a toujours été la problématique des garanties et des cautions bancaires. A contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles, pourquoi ne pas instaurer la garantie d'Etat pour les grands marchés publics, si nous voulons une part du marché libyen de BTP plus importante pour nos entreprises exportatrices, tout en fixant des règles de transparence auxquelles les opérateurs s'obligeront.
Aussi, les pouvoirs publics ne doivent plus être neutres pour l'exportation des services de BTP. Ils doivent plutôt encadrer et promouvoir toutes les actions de nature à donner des chances supplémentaires pour placer nos entrepreneurs en bonne position de gagner les appels d'offres internationaux et veiller à leur bonne réalisation, c'est de l'image de la Tunisie et de sa crédibilité qu'il s'agit.
Le ministère de l'Equipement doit de son côté être au-devant de la dynamique d'exportation, connaissant parfaitement les opérateurs et leurs compétences,leurs points forts et leurs points faibles et doit stimuler les opérations de groupement des entreprises et la création de consortiums, connaissant bien la taille relativement modeste de nos petites et moyennes entreprises (PME familiales) pour concurrencer les majors du BTP à l'étranger et particulièrement en Libye où le volume des affaires a une dimension nettement supérieure à la taille du marché tunisien.
Productivité, discipline et rigueur
Autre atout non négligeable pour les entreprises tunisiennes de BTP, c'est la synergie qu'elles peuvent développer avec les entreprises de la rive nord de la Méditerranée, surtout la France, l'Italie, l'Espagne ou la Grèce avec lesquelles il y a une convergence d'intêrets et une complémentarité certaine pour travailler en partenariat sur le marché libyen.
Nos cadres, qui maîtrisent bien les rouages de l'entreprise européenne et qui sont familiarisés aux techniques de gestion et d'exécution, sont bien plus compétitifs que les cadres de ces entreprises européennes.
Il y a là une chance certaine pour les jeunes diplômés, pas uniquement ceux formés pour les métiers du génie civil, mais bien d'autres profils comme la gestion, la mécanique, l'électricité ou l'hydraulique, pour s'exporter pas très loin de chez nous.
Enfin,il y a un effort urgent à réaliser avec la formation professionnelle des jeunes qui doivent être qualifiés ou réorientés vers les métiers de ce secteur. Le point fort des grandes entreprises de construction réside dans la qualité de leurs ressources humaines qui doivent être aussi à forte productivité.
Malheureusement, nous sommes encore loin des entreprises turques ou asiatiques dont le personnel dépasse le nôtre en termes de productivité, de discipline et de rigueur.
Nous devons faire davantage à tous les niveaux pour instaurer la culture du travail chez nos jeunes, qui doivent être motivés et passionnés par les métiers qu'ils feront et le travail qui leur procurera forcément le respect, l'autonomie et le progrès.
Le secteur BTP a de forts défis à lever pour mener à bien les grandes opportunités qui se présentent chez notre voisin frère la Libye. Les entrepreneurs comptent aussi sur l'engagement des pouvoirs publics pour les accompagner à réussir cet engagement d'être présent d'une façon significative et organisée sur ce marché dont les puissances occidentales raffolent à s'arracher les parts les plus importantes de contrats. Nous avons beaucoup d'atouts qu'il faudra exploiter avec la conjugaison des efforts de tous pour remédier à nos problèmes d'emploi. Echouer dans cette entreprise ne nous sera pas pardonné.


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