En présence d'un public nombreux et de certaines personnalités tunisiennes et étrangères, le Mouvement Ennahdha a dévoilé, hier à Tunis, son programme. A l'ouverture des travaux, Cheikh Rached Ghannouchi, chef du mouvement, a évoqué le souvenir des martyrs de la révolution, soulignant la nécessité d'œuvrer pour la réalisation de leurs nobles objectifs : l'édification d'un nouvel Etat libre et démocratique. Il a, ensuite, fait valoir que les orientations générales du parti sont en accord avec les attentes et aspirations du peuple qui s'est stoïquement soulevé contre la dictature. En outre, il a affirmé que le mouvement œuvre pour l'essor du pays et le bien-être des Tunisiens tout en puisant dans les nobles préceptes de la religion islamique, sans pour autant manquer d'ouverture sur le monde et sur les acquis de l'humanité dans tous les coins du globe. Le chef du mouvement a précisé que l'homme demeure dans la pensée du parti à la fois la base et l'objectif de toute œuvre de développement. D'où la nécessité, a-t-il dit, de préserver les bonnes valeurs et les règles qui régissent la cohabitation de tous dans le cadre du respect mutuel. Il a ensuite observé que le Mouvement Ennahdha plaide pour un régime politico-social qui préserve les libertés individuelles et collectives, afin de bâtir un nouvel Etat libre et démocratique basé sur le consensus national et privilégiant la suprématie de la loi. Revenant sur les attitudes sarcastiques qui visent le programme sociopolitique du mouvement, il a indiqué que si le parti se réfère à la religion islamique pour ce qui est des valeurs auxquelles il tient et qu'il essaye de véhiculer, il n'en est pas moins tourné vers l'avenir et la modernité. Quant au programme du parti, en voici quelques grands traits. Liberté, démocratie et souveraineté du peuple Présentant les orientations politiques, M. Noureddine Bhiri, président du bureau politique du mouvement, a souligné que le parti plaide pour un régime parlementaire fondé sur la souveraineté du peuple. Le programme est conçu en fonction d'options de principe adaptées aux spécificités civilisationnelles de la société tunisienne mais puisant aussi dans les expériences démocratiques les plus avancées dans le monde. Le pluralisme et l'alternance au pouvoir, le respect de l'indépendance de la société civile et la dynamisation de son rôle dans l'œuvre de développement, la garantie de la liberté de croyance et la préservation des droits des minorités religieuses, la séparation des pouvoirs, l'adoption d'un système électoral transparent pour les postes de responsabilité et l'attribution de plus grandes prérogatives aux conseils régionaux élus sont présentées comme des constantes inaliénables. Dans la même perspective, M. Bhiri insiste sur la nécessité de l'assainissement de l'appareil judiciaire. Il affirme aussi que la création d'un tribunal constitutionnel garantit la suprématie de la Constitution en veillant sur le respect et le maintien de la constitutionnalité des lois. Sécurité républicaine Parmi les orientations générales du mouvement, M. Bhiri cite également la nécessité de veiller à l'indépendance et à la transparence de la Cour des comptes, du fait de son rôle primordial dans la bonne gestion des finances publiques : une cour dont le président doit être élu par le Parlement et qui doit surveiller les agissements du pouvoir législatif en matière d'usage des finances publiques. Pour ce qui est de l'appareil sécuritaire, l'intervenant souligne l'attachement du mouvement à une sécurité républicaine garantissant la stabilité du pays et la dignité des citoyens. Autre point : œuvrer à la réforme de l'administration et garantir la liberté d'expression et l'indépendance des médias en préservant le droit syndical et le droit de grève. S'agissant de politique étrangère, l'intervenant évoque le besoin de consolider les relations de la Tunisie avec les pays frères et amis aux quatre coins de la planète, ainsi qu'avec l'Union européenne, pour atteindre le statut de partenaire privilégié. Le pays s'engage, ajoute-t-il, à soutenir les grandes causes régionales et internationales, à commencer par la cause palestinienne. Justice, développement, prospérité Le volet économique et social du programme de développement proposé par le Mouvement Ennahdha a été présenté par l'ingénieur Ridha Saïdi. Il s'agit, selon ce dernier, d'une feuille de route élaborée par 180 experts. Un programme qui vise, a-t-il fait savoir, l'éradication de la pauvreté et le développement socioéconomique équitable entre toutes les régions. Parmi les principaux points du programme économique, l'intervenant cite la création d'un marché maghrébin commun comprenant l'Egypte. Ce qui favorisera le rapprochement entre pays de la zone et une plus grande aptitude à résoudre les différends existants entre certains pays. Il sera également procédé selon M.Saidi au renforcement du partenariat de la Tunisie avec les Etats-Unis d'Amérique, le Japon, le Canada et les pays asiatiques émergents. Afin de renforcer la compétitivité de l'économie nationale, M.Saidi formule la nécessité de plus d'ouverture sur les marchés africains en leur exportant des prestations et des services en matière d'éducation, de santé, de technologie et d'infrastructure. Dans la même perspective il fait observer que le modèle de développement conçu procède par étapes et vise la création de 590 mille postes d'emploi entre 2012 et 2016 et l'augmentation du revenu individuel à 10 mille dinars en 2016. L'intervenant a, par la suite, présenté un programme qu'il a qualifié d'innovateur en matière de tourisme. Lequel programme consiste à miser sur la diversification et l'amélioration de l'offre touristique pour cibler le haut de gamme afin de doper les recettes du tourisme tunisien. Volet social, il note que le mouvement œuvre à garantir la cohésion de la famille tunisienne en entourant toutes ses composantes. Ce programme social entend également soutenir, a-t-il précisé, les catégories démunies et vulnérables et s'occuper davantage des Tunisiens à l'étranger en répondant à leurs attentes et besoins en matière de services d'assistance sociale.