• En promouvant des normes, l'autorégulation aide à préserver la crédibilité des médias auprès du public Le débat autour de la liberté d'expression en Tunisie et de l'indépendance des journalistes chez nous s'est limité à la polémique qui a mis face à face ces derniers mois défenseurs et pourfendeurs du projet du nouveau Code de la presse. Changer ce document conçu selon les moindres desiderata du régime liberticide et autoritaire de l'ex-président de la République est certes une démarche qui s'impose aujourd'hui, en ces temps de chantiers de réformes législatives précédant les élections du 23 octobre. Mais garantir à la fois la liberté du journaliste, son professionnalisme, son autonomie face à l'Etat et la rigueur de l'information qu'il livre au public dépendent également des structures d'autorégulation des médias. Ces structures existent dans plusieurs pays démocratiques où la presse représente un des contre-pouvoirs à tout abus de pouvoir. L'atelier de travail sur «Déontologie journalistique et transition démocratique», organisé vendredi dernier à Tunis, a, entre autres recommandations, incité les journalistes présents à développer au sein de leurs entreprises une action d'autorégulation dans les plus brefs délais. Une définition ? Nous parlons d'autorégulation lorsque les journalistes eux-mêmes au sein de leur rédaction se donnent volontairement des règles déontologiques et s'engagent à s'y conformer et à s'en imprégner dans l'exercice de leur profession. Selon ce processus, des chartes internes sont nées depuis des décennies en France dans des médias comme Le Monde, Le Figaro, Le Courrier International, le Nouvel Observateur, la BBC, France Télévision… «En promouvant les normes, l'autorégulation aide à préserver la crédibilité des médias auprès du public. Cela est particulièrement opportun dans les nouvelles démocraties, au sein desquelles une presse indépendante est le plus souvent un phénomène récent. L'autorégulation aide à convaincre le public que les médias libres ne sont pas irresponsables», écrit Miclos Haraszti dans le Guide pratique de l'autorégulation des médias (Osce-2008). Dès leur naissance, les chartes sont, dans la plupart des cas, accompagnées de conseils de rédaction : instances dont l'une des missions consiste à veiller à l'application des codes déontologiques. En Suisse, en Belgique, en Allemagne et dans les pays scandinaves, de nombreux médias ont vu également fleurir des conseils de presse : des espaces qui associent journalistes et société civile au débat sur les questions de déontologie. Organismes collectifs, ils bénéficient d'une représentativité très étendue. La France rêve encore d'atteindre une autorégulation dotée d'un tel degré d'interactivité…