• Les avocats ne boycotteront pas l'ouverture, le 1er octobre prochain, de la nouvelle année judiciaire • L'Observatoire «Chahed» formera près de 4.000 observateurs des élections de la Constituante «Après moult querelles à caractère juridique qui ont opposé le conseil de l'Ordre des avocats à la Commission nationale d'investigation sur la malversation et la corruption à propos de la liste des avocats considérés comme corrompus découverte au palais du président déchu à Sidi Dhrif, nous avons fini par prendre possession du fameux rapport rédigé par la commission et soumis au représentant du ministère public. Il en ressort des listes d'avocats répertoriés comme étant des avocats constitutionnels, très engagés, des avocats rcédistes mais qui sont modérément engagés, des avocats opposants et des avocats ayant représenté des entreprises nationales. D'autre part, nous avons découvert des fiches sécuritaires relatives à 220 avocats dont un avocat faisant partie actuellement du conseil de l'Ordre des avocats et un autre avocat ex-membre du même conseil. Partant de ces données, le conseil de l'Ordre des avocats n'envisage d'entreprendre aucune action disciplinaire ou judiciaire contre aucun avocat dont le nom figure sur la liste du palais dans la mesure où rien n'indique qu'un seul avocat soit impliqué dans une affaire de malversation ou de corruption». Le bâtonnier du conseil de l'Ordre des avocats, Me Abderrazak Kilani, a été, hier, clair et tranchant dans ses réponses aux journalistes lors de la conférence de presse tenue au Palais de Justice de Tunis. Outre la fameuse liste des avocats accusés de corruption mais qui s'est révélée finalement une tempête dans un verre d'eau, le bâtonnier a traité d'un autre problème d'actualité permanente. Il s'agit de la situation de la justice après la révolution du 14 janvier considérant que «c'est un problème qui n'intéresse pas uniquement les magistrats, les avocats, les auxiliaires de justice et tous ceux qui évoluent dans le domaine. C'est plutôt une préoccupation nationale dans la mesure où la justice indépendante est le garant fondamental des libertés du citoyen et de ses droits». Les avocats, souligne-t-il, conviennent que la priorité doit être accordée à la réforme de la justice «en commençant par mettre à l'écart les magistrats dont la corruption a été établie». Malheureusement et bien que les magistrats eux-mêmes revendiquent, à travers leurs deux structures représentatives, l'Association des magistrats tunisiens (AMT) et le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), l'assainissement du secteur, le ministère de la Justice n'a pris aucune initiative dans le sens de l'ouverture des dossiers qui sont à sa disposition. «Bien qu'il dispose de tous les moyens prouvant que tel magistrat est réellement corrompu ou s'est enrichi illégalement, le ministère continue à faire la sourde oreille à tous les appels à dévoiler les dépassements quelle que soit leur nature», précise encore Me Kilani. Il lance un appel au ministère de la Justice, l'exhortant à ouvrir tous les dossiers des magistrats soupçonnés de corruption. «Il est urgent de faire appliquer la loi obligeant les magistrats à faire une déclaration publique tous les ans sur leurs biens personnels et sur ceux des membres de leur famille, déclaration qu'ils sont astreints à rendre publique en vertu de la loi de 1986». Après avoir indiqué que la concrétisation de l'indépendance de la justice demeure indissociable de l'assainissement du corps des magistrats, il a annoncé que les avocats ne boycotteront pas les manifestations qui seront organisées à l'occasion de l'ouverture, le 1er octobre prochain, de la nouvelle année judiciaire. Guide de l'avocat en vue des élections de l'Assemblée nationale constituante Troisième volet de la rencontre de presse du bâtonnier de l'Ordre des avocats : L'Observatoire Chahed pour le contrôle du processus électoral, constitué à l'initiative de l'Association des jeunes avocats en partenariat avec d'autres organisations et associations de la société civile, à l'instar de l'Ordre des pharmaciens, des médecins-vétérinaires, des huissiers de justice. Ayant pour objectif d'offrir une aide judiciaire aux électeurs et aux candidats, de contribuer à la formation des observateurs qui suivront le déroulement de la campagne électorale du vote et du dépouillement des bulletins de vote, l'Observatoire «Chahed» a déjà mis en œuvre «le guide de l'avocat pour les élections de l'Assemblée constituante» (édité en 2.000 exemplaires déjà épuisés dans l'attente de l'impression de 4.000 nouveaux autres exemplaires dans les jours à venir). L'Observatoire «Chahed» a contribué, également, à la formation de 90 avocats qui répondront aux appels de consultation qu'ils recevront à travers l'ensemble du pays. Il se propose, sur un autre plan, de participer à la formation, d'ici le démarrage de la campagne électorale, de quelque 4.000 observateurs.