CA et ESS ont deux mois pour panser leurs blessures et construire un véritable projet Les triomphes des uns se nourrissent des défaites des autres. Implacable logique qui vaut pour tout et pour tous. Pour une Espérance qui remontera sous peu sur la plus haute marche du podium en championnat et qui poursuit sa belle aventure en Ligue des champions; puis, un peu plus tard, pour l'heureux élu en coupe, tout en sachant que le CSS a pris la bonne habitude de ne plus sortir bredouille de la saison avec, à son tour, une énième pige en coupe de la CAF. Deux grands perdants en revanche : le Club Africain et l'Etoile Sportive du Sahel. Avec la différence que cette dernière n'arrive plus à mettre de l'ordre à la maison, alors que le premier renoue avec ses vieux démons après avoir donné l'impression de s'être à nouveau racheté une conduite. Le tout sur fond d'une crise d'identité et de moralité de notre football, miné par un incroyable cumul d'erreurs et de laxismes. L'Espérance s'est imposée parce qu'elle a fait les meilleurs choix techniques, parce qu'elle a commis le moins d'erreurs et parce quelle a su surmonter ses crises. Ce que l'Etoile, le Club Africain et, à un degré moindre, le CSS n'ont pas réussi à faire. Mais si les Clubistes de Sfax peuvent encore espérer sauver la mise, tout est perdu pour le CA et l'ESS. Toutefois, le football est un éternel recommencement et, dans leur malheur, Clubistes et Etoilés auront tout le temps d'oublier leurs déboires. Pour peu qu'ils mettent à profit le facteur temps. Deux mois les séparent du coup d'envoi de la prochaine saison. C'est beaucoup et peu à la fois. Peu au cas où les deux honorables familles passeraient l'été à s'entre-déchirer; beaucoup — et en tout cas assez — si elles seront animées par la volonté d'oublier et de reconstruire. Pour autant, les problèmes ne sont pas tout à fait identiques, même si, à y gratter un peu, on peut retrouver quelques points communs. Mêmes causes, mêmes effets Le premier se propose un peu en guise de point d'interrogation : Kamel Idir et Hamed Kammoun détiennent-ils le pouvoir de choisir et décider ? Avec tout notre respect pour l'ex-handballeur et ex-footballeur internationaux, nous ne pensons pas qu'ils soient véritablement souverains. Tout comme nous ne pensons pas que le brain-trust technique (la direction sportivo-technique en l'occurrence) des deux clubs aient les mains vraiment libres. Ceci pour dire que la responsabilité de l'échec est partagée et que le flou très peu artistique qui prévaut tant à l'Etoile qu'au Club Africain ne peut en aucun cas arranger leurs affaires. La comparaison s'arrête sans doute là, même si on pourrait la pousser un peu quand on aborde l'instabilité au niveau du cadre technique. L'Etoile bat des records et le Club Africain n'est pas non plus un exemple de fidélité. Or, on sait qu'aucun grand projet ne peut souffrir de pareille dispersion. Ce qui est quelque part rageant, c'est que les «projets» Etoile et Club Africain sont clairs : remettre sur pied une équipe à Sousse et capitaliser ce qui existe du côté du Parc «A». Instabilité du cadre technique et très mauvais choix au niveau des recrutements ont condamné l'Etoile à l'échec. Un peu plus compliqué au CA où l'effectif est bel et bien là, mais où certains mauvais choix de Lechantre, la cascade de blessures (il faudra bien que Lechantre et son staff assument leurs responsabilités sur ce plan) et l'indiscipline révoltante de bon nombre de joueurs qui ont fini par tout faire capoter. La situation financière du club également car on ne sait que trop que les joueurs tunisiens ne jurent que par l'argent et que c'est le meilleur moyen de les motiver ou de perdre tout contrôle sur eux. A ce propos, CA-CSS a été le match de trop… Les maux ainsi diagnostiqués, et en tout cas connus par tous, ESS et CA doivent s'atteler tout de suite à la tâche. Le moindre retard profiterait aux pêcheurs en eau trouble et à leurs… adversaires. Sami AKRIMI