Depuis le déclenchement de la révolution du 14 janvier, le patrimoine archéologique a continué à souffrir. Longtemps pillé, spolié et investi, il n'a pas trouvé son salut, avec le départ de ses principaux bourreaux. En effet, profitant de l'instabilité du pays et des hésitations sécuritaires des premiers mois post Ben Ali, certaines personnes n'ont pas trouvé meilleur timing pour construire des villas sur les vestiges d'El Maâlga. D'autres ont démoli des palais beylicaux du côté de la Manouba. A Kerkennah, on a profané des tombes antiques dans l'espoir de mettre la main sur des trésors. Le ministère de la Culture tente de s'opposer tant bien que mal à ce fléau. Borj Khédija en représente le cas le plus récent. Il a d'ailleurs, fait l'objet d'une rencontre récente avec un groupe de journalistes au ministère de la Culture. Ces cas ne sont pas propres à la Tunisie. On a vu, lors de la chute du régime de Saddam Hussein en Irak, des cas similaires, voire pires. A cet effet, M. Azedine Beschaouch, ministre de la Culture, a indiqué qu'il est de la responsabilité de l'Etat de sauvegarder et de protéger le patrimoine national de toute atteinte ou usurpation, et ce, suite à la décision de son ministère d'ordonner l'arrêt des travaux de construction par un privé de bassins destinés à la pisciculture dans le périmètre du site archéologique de Borj Khédija. Ce dernier, sis à Chebba dans le gouvernorat de Mahdia, est un monument classé datant de 1889. La forteresse, de l'époque byzantine, représente l'un des premiers vestiges construits par les Byzantins qui ont débarqué en 553, à Chebba pour se diriger vers Carthage. C'est dire l'importance du site archéologique qui entoure la forteresse et qui est d'une superficie totale de 13.392 mètres carrés. La forteresse, qui a inauguré l'époque byzantine, a perdu son rôle, après le XIe siècle. En 1902, a été construite aux alentours, une usine du thonaire qui fut détruite après la guerre et Borj Khédija a servi comme lieu de surveillance du passage du thon dans la mer en face de la forteresse. Celle-ci a pris l'appellation de Borj Khédija, du nom d'une poétesse venue se réfugier dans cet endroit. Aujourd'hui, ce site archéologique connaît des dépassements dans l'attribution, en 2007, d'autorisations de construction de bassins de pisciculture, délivrées à un particulier par cinq ministères : Défense, Intérieur, Tourisme, Agriculture et Environnement, sans l'avis du ministère de la Culture, qui a pourtant la tutelle du site. La Commission nationale d'investigation sur les malversations et la corruption, alertée par le comité de protection de la révolution de la région, a adressé une requête au ministère de la Culture qui a dépêché sur place deux chercheurs d'envergure, en l'occurrence Fethi Bahri et Fethi Chelbi, pour vérifier s'il existe des vestiges enfouis dans le périmètre en question. A l'issue de leurs investigations, les deux spécialistes ont fait savoir que les sondages effectués ont permis de découvrir les vestiges d'un cimetière, qui justifie la décision du ministère de la Culture de l'arrêt des travaux, en accord avec l'initiateur du projet qui veut, quand même, déborder, malgré l'autorisation qui lui a été accordée de poursuivre les travaux en dehors du périmètre prohibé. Les deux chercheurs suggèrent que les sépultures amorphes funéraires découvertes sur le site soient exposées dans des vitrines de la municipalité de Chebba pour permettre aux citoyens de la région et autres visiteurs de les découvrir et de comprendre leur valeur historique.