La troupe Commentor Vocis s'est produite samedi dernier, à l'Acropolium de Carthage, devant un grand public sensible à ce genre de musique liturgique et spirituelle qui nous vient d'Espagne. Fondé en 2008 par Hector Guerrero, cet ensemble vocal, composé de quatre choristes et d'un pianiste, s'est spécialisé dans l'étude de la musique ancienne espagnole, notamment les voix, depuis la Renaissance. Lors de ce concert, nous avons retrouvé Maria Jesùs Prieto, Helia Martinez, Miguel Bernal et Hector Guerrero (sopranos et ténors), accompagnés au piano par Jesùs de los Rios. Ils ont interprété de célèbres œuvres polyphoniques du grand musicien du siècle d'or espagnol, Tomas de Victoria, une façon de lui rendre hommage, à l'occasion du quatrième centenaire de son décès. Aussi, la troupe a-t-elle proposé aux présents, en première partie, un voyage musical mystique le ramenant à l'ère de la Renaissance avec des "motets" (pièce de musique religieuse polyphonique composée sur des textes en prose et en langue latine) et la Messe «O quam gloriosum est regnum», pendant la seconde partie du récital. Dégageant beaucoup d'émotion, les choristes, tantôt en aigu, tantôt en grave, en soprano ou en mezzo, ont ainsi entonné l'hymne «Pange Lingua» et «More hispano» de Corporis Christi, suivis des motets «Ego sum panis vivus», «O vos omnes qui transitis per viam», «Pueri hebraeroum», des morceaux qui traduisent spiritualité et purification de l'âme, jusqu'à l'élévation. La seconde partie de la soirée a été réservée à la messe des églises du xvie siècle, qui se divise en plusieurs parties. S'articulant sur la même thématique, à savoir la célébration de l'amour de Dieu, les quatre voix de la troupe, puissantes et sensibles, ont enchanté l'assistance avec six chants liturgiques de cette mess (kyrie, gloria, credo, sanctus, benedictus et agnus dei) qui expriment des valeurs religieuses: la glorification de Dieu, la sainteté, la bénédiction, le salut…. Au terme du récital, la troupe a offert au public un Cantique, composé par Gabriel Faure, au XIXe siècle. «On a voulu changer de répertoire et d'ambiance, de l'époque classique à une époque moderne avec ce récital qui se chante à quatre voix», nous a déclaré Maria Jesùs Prieto, membre du choeur. Pendant une heure, l'ensemble vocal Commentor Vocis a su charmer le public présent et le conquérir. «Je suis venue pour avoir une idée générale sur les mouvements musicaux de l'époque classique. Certes, je ne comprenais pas les paroles, ne maîtrisant pas le latin, mais j'ai bien apprécié l'interprétation. Au niveau de l'acoustique et du vocal, c'était extraordinaire. J'avais l'impression d'assister à une messe dans une église. C'est une découverte pour moi et une ouverture sur l'autre, sur son histoire et ses rituels religieux. Cela ne peut qu'enrichir ma culture générale», a affirmé Wafa, une étudiante à l'école nationale d'architecture, au terme de cette soirée.